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Se connaitre de mieux en mieux est-ce devenir de plus en plus heureux ?

Publié le 27/02/2008

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            Pascal dans les Pensées cite une phrase de Pline : « Quasi quidquam infelicus si homine cui sua figmenta dominatur » c'est-à-dire « Comme s'il y avait quelque chose de plus malheureux qu'un homme dominé par son imagination ». L'imagination est le domaine de l'illusion et s'oppose en cela à la connaissance et notamment la connaissance de soi. Or on voit bien dans cette phrase que la non-connaissance de soi est considérée comme malheureuse ; alors le fait de se connaître devrait nous rendre heureux, a contrario. Se connaître c'est être lucide envers soi-même. Très simplement cela peut se décliner aussi comme savoir d'où l'on vient (une histoire personnelle, des racines, un arbre généalogique). Mais ici, le point essentiel est de prendre le verbe « se connaître » dans toute sa radicalité. Se connaître consiste en une recherche intime avec soi-même : une introspection devant mettre à jour notre être profond et intime ; d'une certaine manière le mettre à nue. Cependant, ici la question est celle du rapport avec le bonheur, c'est-à-dire un état de satisfaction durable. Plus exactement, la question nous demande si l'accroissement de la connaissance de soi est corrélée à l'augmentation de mon bonheur. En ce sens, faudra-t-il s'intéresser au fondement, à la valeur et au sens de ce rapport entre connaissance de soi et bonheur dans le fécondité dynamique réciproque.             S'il est possible de penser un tel rapport d'accroissement et une corrélation entre les deux (1ère partie) la question sera alors de comprendre pourquoi ne voulant pas toujours savoir ou nous refusons certains connaissances de nous-même (2nd partie) ; et dès lors s'interroger sur la validité et le sens de ce rapport entre connaissance de soi et bonheur (3ème partie).

« paradoxe ? En fait, cela n'est pas certain dans la mesure où le lien entre le bonheur et la connaissance n'est pasnécessaire ni même évident.

Et si ce lien n'existe pas c'est bien parce que nous avons tendance à nous illusionnernous-mêmes pour masquer une réalité parfois trop dure à supporter.

Et dès lors on peut comprendre cette volontéd'ignorance.

Il s'agit donc de s'illusionner soi-même et cela justement en vue de son propre bonheur.

Or le mensongeest parfois si fort qu'il devient pour son auteur une nouvelle vérité.

Schopenhauer dans Le monde comme volonté et comme représentation a parfaitement mis à jour le processus psychologique qui conduit à prendre une fiction pour une réalité.

« On comblealors artificiellement la lacune ainsi produite ».

Il s'agit de masquer une actionou un fait qui nous donnerait un enseignement sur nous, sur notre valeur etnos qualités que l'on ne pourrait pas accepter.

C'est une manière pour nousde ne pas admettre la vérité réalité ; une vérité qui nous dérange.

Il seproduit alors une substitution entre la cause réelle et la cause imaginaire.

Etainsi nous nous satisfaisons de notre propre illusion.b) Mais peut-être plus essentiellement, pour Schopenhauer dans Le monde comme volonté et comme représentation , si la connaissance que nous pouvons avoir de nous-même ne peut pas nous rendre de plus en plusheureux c'est justement parce qu'il s'agit de se connaître de mieux en mieux.Or cela signifie que cette connaissance procède d'une volonté et d'un désir.Dès lors c'est condamner l'homme à ne pouvoir être heureux parce que ladéfinition même du bonheur est bien celle d'une plénitude.

Or le désir lui estsans cesse en renouvellement ; sans fin et c'est bien ce qui créel'impossibilité qu'une connaissance qui serait meilleure puisse nous rendre deplus en plus heureux : « Tout vouloir procède d'un besoin, c'est-à-dire d'uneprivation, c'est-à-dire d'une souffrance.

La satisfaction y met fin ; mais pourun désir qui est satisfait, dix au moins sont contrariés.

» Ces exigencestendent à l'infini.

Le désir satisfait fait place à un nouveau désir d'où l'imagede l'aumône au mendiant : « Tant que notre conscience est remplie par notrevolonté, tant que nous sommes asservis à l'impulsion des désirs, aux espérances et aux craintes continuelles qu'ilfait naître, tant que nous sommes sujets du vouloir, il n'y a pour nous ni bonheur durable, ni repos.

»c) En effet, quand bien même il apparaîtrait préférable de se connaître soi-même, c'est-à-dire d'être lucide enverssoi, malgré la nécessité de certaines illusions que nous nous créons nous-mêmes afin de nous être supportable, nefaut-il pas voir dans cette volonté de connaissance de soi plus une quête asymptotique c'est-à-dire comme un butidéal qu'un but atteignable.

Il apparaît clair qu'avec le développement de la recherche sur le psychisme humain uneconnaissance ultime et absolue de soi soit impossible et c'est pourquoi Freud dans Introduction à la psychanalyse fait de l'existence de l'inconscient la troisième source d'humiliation de la condition humaine au même titre que lesdécouvertes de Copernic (la terre n'est plus le centre de l'univers ni du système solaire) et de Darwin (l'hommedescend du singe et non du jardin d'Eden).

Transition : Ainsi n'y a-t-il pas de corrélation entre l'état de bonheur ou le fait d'être heureux et la connaissance de soi.

C'estbien même le contraire que nous pouvons observer.

Et cela d'autant plus qu'une connaissance de soi complète estimpossible.

Mais dès lors est-ce ruiner toute possibilité d'être heureux si elle ne se fondent pas sur la connaissancede soi ou du moins si elle ne lui est pas corrélative ? III – Nécessité de l'illusion de soi pour être heureux a) Effectivement, si nous ne sommes pas plus heureux en nous connaissant que peut-on comprendre de ce déni ? Est-il nécessaire ? Ce déni peut être compris comme un cas de ce que Sartre appelle dans l'Existentialisme est-il un humanisme ? : la « mauvaise foi ».

En effet, il s'agit de nier ou de voiler une vérité, un acte que j'ai fait et qui me détermine dans mon projet d'existence, donc me renseigne sur moi-même et mes motivations, afin de me donner uneimage positive de moi-même ; donc comme mensonge envers soi-même, c'est-à-dire résistance et nonreconnaissance de mon projet d'existence dont je cherche des excuses afin de le rendre supportable.

La mauvaisefoi produit donc une croyance existentielle devant masquer l'origine souvent peut avouable de nos choix et par làmême à ne pas contrevenir à l'image que nous voulons être et donner.

Il s'agit de promouvoir l'ignorance de soi cartoute connaissance sur soi impliquerait la reconnaissance d'un projet d'existence dont on ne voudrait êtreresponsable.

Or c'est bien le problème ici de voir qu'effectivement, si nous nous illusionnons nous-mêmes c'est bienque la connaissance de soi est insupportable ou non compatible avec le bonheur ou sa recherche.b) Cependant, si nous avons tendance parfois à ne pas vouloir nous connaître ne faut-il pas nécessairement faire le. »

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