Devoir de Philosophie

Sciences & Techniques: Röntgen offre au monde les rayons X

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Il y a cent ans, un modeste savant allemand, Wilhelm Conrad Röntgen, révèle un phénomène jusqu'alors inconnu : les " rayons X ". Ils dévoilent la matière invisible des corps. Cette découverte provoque l'enthousiasme du monde médical et du grand public. Aujourd'hui, ses applications se multiplient, et, grâce aux progrès de l'informatique, ouvrent la voie à la recherche moléculaire de demain. Par une étrange coïncidence, deux inventions révolutionnaires dans le domaine de l'image sont officiellement nées le même jour : les rayons X et le cinéma. Ce 28 décembre 1895, au Grand Café, boulevard des Capucines à Paris, a lieu la première projection payante du cinématographe des frères Lumière, devant 33 spectateurs. Au programme, entre autres, La Sortie des usines Lumière et L'Arroseur arrosé . Au même moment, en Allemagne, le professeur Wilhelm Conrad Röntgen communique à l'Institut de Würzburg un mémoire sur un " nouveau genre de rayons capables de traverser les corps opaques ", accompagné d'une photographie saisissante : le squelette d'une main, avec une bague flottant autour de l'os de l'annulaire. C'est la première radiographie jamais réalisée. Le succès est foudroyant !

« l'écran toutes sortes de substances - papiers, bois, étoffes, métaux - de diverses épaisseurs, et observe si la scintillation se poursuit.Il confirme que ces mystérieux rayons ont une puissance de pénétration extraordinaire.

Néanmoins, la facilité avec laquelle ilstraversent les obstacles dépend de l'épaisseur et de la nature de ceux-ci.

Par ailleurs, à la différence des rayons cathodiques, ils nesont déviés ni par un champ électrique, ni par un champ magnétique, donc ils ne transportent pas de charge électrique.

Un jour,comme son épouse Bertha s'inquiète de ne plus le voir, Röntgen l'entraîne vers ses appareils et lui demande de placer sa main devantle tube ; durant quinze minutes, il prend en photo la radiographie de la main de sa femme, telle qu'elle se dessine sur l'écranfluorescent : les os et la bague arrêtent les rayons X, tandis que les tissus mous sont traversés comme s'ils étaient transparents... Cette image fantastique fut sans doute pour beaucoup dans l'extraordinaire succès scientifique et populaire des rayons X.

N'était-cepas la matérialisation " en chair et en os " d'un vieux rêve de l'humanité : voir à travers les corps, à travers la matière ? Lorsqu'enfin, le28 décembre 1895, après des semaines d'expériences méticuleuses, Röntgen se décide à soumettre sa découverte à ses collèguesde l'Institut de Würzburg, il ne soupçonne sûrement pas l'intense battage médiatique qui s'en suivra. La radio du tsar Dès le matin du 5 janvier, la Neue Freie Presse de Vienne annonce la " découverte sensationnelle " sur plusieurs colonnes à la une (lerédacteur en chef a eu l'information par son fils, assistant d'un physicien de l'université de Vienne).

En quelques jours, la nouvelle faitle tour de la planète, reprise par les principaux journaux de Londres, de Francfort, de Paris - sans même qu'on ait consulté Röntgen,et bien avant la parution de son article original ! Quand enfin paraît le numéro de janvier de la revue scientifique contenant le fameuxarticle, tous les exemplaires sont épuisés le jour même.

L'article, très vite publié en brochure séparé, connaît cinq éditionssuccessives, et on le traduit en plusieurs langues. Tout de suite, les journalistes ont prédit un grand avenir aux rayons X pour la médecine et la chirurgie , mais ils leur ont aussi prêté toutes sortes de pouvoirs plus fantaisistes, comme de lire les pensées àtravers le crâne, ou de surprendre des scènes intimes derrière les façades des maisons ! Comme bien desinventions de l'époque, dont le cinématographe, c'est dans les foires que les rayons X rencontrent leur toutpremier succès.

On s'y fait radiographier la main ou le pied pour quelques sous.

Le tsar et la tsarine deRussie eux-mêmes veulent avoir une radio de leur main... Quant au taciturne Röntgen, loin de goûter cette gloire soudaine, il se barricade chez lui pour éviter le flot de journalistes et de curieux, maugréant qu'on l'empêche de travailler. " Envoyez-moi votre cage thoracique " Malgré les propositions très insistantes de différentes firmes, dont la Société électrotechnique de Berlin, il refuse catégoriquement dedéposer des brevets, de travailler dans des laboratoires privés ou de tirer des profits financiers de sa découverte qui, dit-il, " appartientau monde entier ".

Le savant austère et désintéressé ne manque `as pour autant d'humour.

A un quidam le priant par lettre de luienvoyer " un peu de rayons X ", afin d'examiner sa cage thoracique, Röntgen répond : " Malheureusement mon stock de rayons X estactuellement épuisé.

De plus, leur expédition ne serait pas exempte de difficultés.

Je suggère une solution plus simple, envoyez-moiplutôt votre cage thoracique.

" L'année 1896, décrétée " année Röntgen ", voit paraître plus de 1 000 articles et des dizaines de livres sur les rayons X et leursutilisations en médecine.

Quelques mois après la découverte, de nombreux hôpitaux s'équipent d'un laboratoire de radiographie(l'hôpital de la Salpêtrière et celui de Tenon, à Paris, ont été pionniers en la matière).

Mais, rapidement, on s'aperçoit que certainsmalades radiographiés perdent leurs cheveux ; des cancers se déclarent chez les patients, le personnel médical, les physiciens.

Lespremières victimes des rayons meurent quelques années plus tard.

Dans les années 30, on érige à Londres et à Hambourg desmonuments portant gravés les noms de ceux " qui ont héroïquement frayé la voie aux applications efficaces et sans danger desrayons X en médecine ".

Malgré l'avalanche de travaux entraînée par cette nouvelle " mode " scientifique, personne ne sait encore ceque sont les rayons X ! Il faudra attendre dix-sept ans - en fait, durant toutes ces années, on n'en apprit guère plus que ce quecontenait déjà le remarquable mémoire de Röntgen.

En 1897, J.J.

Thomson montre (à la suite des travauxde Zeeman et de Jean Perrin ) que les fameux " rayons cathodiques " des tubes de Crookes sont constitués de particules très légères portant toutes la même charge d'électricité contenues à l'intérieur même des atomes : des " atomes d' électricité " ou électrons.

Cette découverte capitale passera presque inaperçue du grand public, et ne sera pas acceptée immédiatement par tous les scientifiques.

Röntgeninterdira même, jusqu'en 1907, qu'on parle d'électrons, " ce mot creux et dépourvu de contenu concret ". Si les rayons cathodiques sont finalement identifiés comme électrons, la nature des rayons X demeure mystérieuse.

Deux hypothèsess'affrontent : " l'hypothèse anglaise " selon laquelle les rayons X sont de nature corpusculaire, et " l'hypothèse allemande ", qui les voitcomme des ondes, c'est-à-dire des vibrations de l'éther, analogues à la lumière . Mais toutes les expériences destinées à mettre en évidence cette nature ondulatoire semblent négatives : les rayons X ne seréfléchissent pas, ne se réfractent pas, et (en apparence) ne se polarisent pas, ne diffractent pas et ne produisent pas non plusd'interférences - comme devraient le faire des ondes dignes de ce nom.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles