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Sciences & Techniques: L'Homme n'est pas que conscience

Publié le 22/02/2012

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conscience
Au tournant du siècle, Freud propose une théorie du comportement humain jugée " révolutionnaire " et totalement novatrice. la conscience ne serait pas seule à dicter notre pensée et nos actions... L'histoire des hommes est scandée implicitement par de grandes découvertes et leurs héros. On attribue à ces derniers d'avoir créé une religion, découvert un continent ou théorisé une loi scientifique essentielle. Les sciences dites " humaines " pêchent en ce domaine par le faible nombre de figures dont l'autorité dépasse la discipline d'origine. Durkheim, par exemple, vaut surtout, comme " père fondateur " pour les sociologues et, à la rigueur, pour les historiens et les anthropologues. Sa renommée ne s'étend guère au-delà. Marx n'étant plus en odeur de sainteté chez les intellectuels et les politiques, seul Freud peut encore faire converger sur sa personne les figures de génie scientifique, d'explorateur et de grand prêtre. Bien qu'elle ait connu plusieurs versions et de nombreuses évolutions, la théorie psychanalytique du médecin viennois est longtemps apparue comme " révolutionnaire " et totalement novatrice. Freud a proposé, au tournant du XIXe-XXe siècle, une théorie du comportement humain qui repose sur l'idée fondamentale que le psychisme est scindé en plusieurs dimensions dont la conscience n'est que la partie visible. Or c'est une autre partie, l'inconscient, qui serait déterminante pour notre pensée et nos actions.
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« critiques du modèle cartésien ne manquèrent pas. Pour rester dans le contexte français, il est essentiel de constater que c'est dans le même moment révolutionnaire du XVIIIe-XIXesiècle que les hommes ont pensé s'affranchir des contraintes de la Monarchie de droit divin tout en se découvrant d'intimes servitudes.Cette tension est, comme le note Marcel Gauchet, le " fait générateur de l'anthropologie démocratique ".

C'est en effet la même société qui impose un droit fondé sur la seule responsabilité et le libre arbitre des individus et qui produit, en même temps, des savoirsremettant en cause, à la fois, l'étendue et l'universalité de la conscience individuelle. Cette redistribution de la représentation du psychisme a eu au moins un effet théorique positif.

La psychiatrie contemporaine s'est instituée avec Philippe Pinel sur le pari thérapeutique du " traitement moral ", sans agents physiques, qui repose sur la conviction quetous les fous gardent un fond de raison.

Si ce généreux postulat connut bien des vicissitudes, l'inverse, dès lors, devint pensable : si l'homme, apparemment aliéné, possède un peu de raison, l'homme, apparemment raisonnable, pourrait bien, lui aussi, cacher quelquefolie. Celle-ci fut d'abord, au XIXe siècle, une folie criminelle.

Et la psychiatrie vint ici à la rescousse d'un droit pénal qui ne pouvait imputerune conscience à ces criminels qui commettent des actes " sauvages " (massacres d'enfants, cannibalisme etc.).

Pour " l'honneur del'humanité ", comme dira un psychiatre en 1817, on les déclara fous.

Puis la folie devint aussi un instrument de disqualificationpolitique.

Certains médecins affirmèrent par exemple que la foule des Communards de 1871 n'avait pas agi en pleine conscience deses actes mais sous l'emprise d'un accès de folie éthylique.

Interprétation, si l'on peut dire, à double tranchant, puisqu'en tirant ainsiles individus vers la folie, on diminuait leur responsabilité individuelle... Entre raison et folie C'est dans cette redistribution globale du partage de la raison et de la folie que la notion d'inconscient a fait son chemin.

Inconscient "cérébral ", avec la théorie physiologique de l'acte " réflexe ", et inconscient " philosophique ", avec l'idée que la volonté n'est pas tantun acte de la raison que la manifestation d'une force vitale aveugle (Schopenhauer).

Parallèlement, les " penchants " sont devenus des" instincts " et les instincts, des " pulsions " permettant de comprendre, à la fois, pour Freud, le comportement des foules et de rendrecompte des actes criminels.

La théorie psychanalytique ne marque donc qu'une étape - importante certes mais non isolée - dans lemouvement de déstabilisation du cogito cartésien. Encore sommes-nous restés ici prisonniers du contexte occidental ; or plusieurs anthropologues ont tenté d'appliquer ou de vérifier l'universalité de la théorie freudienne sur d'autres cultures.

Si G.

Roheim a retrouvé le complexe œdipien dans des sociétés africaines,B.

Malinowski n'a rien vu de tel en Océanie.

R.

Benedict et M.

Mead ont rejeté l'universalité de la répression des désirs sexuelscomme fondement de la culture.

G.

Devereux a tenté de concilier les points de vue dans l'ethnopsychiatrie.

Des voix se sont élevéespour dénoncer la non-scientificité de la théorie de Freud ou encore pour minimiser l'importance de la partie inconsciente de notrepsychisme. Qu'elle soit portée au pinacle ou vouée aux gémonies, la théorie de Freud ne laisse pas d'étonner par sa large diffusion dans notre culture.

Il est vrai qu'à notre époque, où les rituels religieux et les gestes symboliques ne structurent plus fermement la sphère " privée" des individus, la psychanalyse offre une alternative redonnant potentiellement un sens à tous nos gestes et toutes nos paroles, si futiles ou erronés soient-elles. Vraie ou fausse d'un point de vue scientifique, cette théorie, qui fait la part belle à l'inconscient, est et restera comme l'une de cesmultiples représentations par lesquelles l'homme cherche à cerner l'étendue de son autonomie et à expliquer, surtout, l'éterneldécalage entre ses désirs et ses actes.. »

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