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Sciences & Techniques: La grippe

Publié le 22/02/2012

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Si Hippocrate la remarque, ce sont les Italiens qui, au XIVè siècle, la baptisent : influenza, de influenza di fredo (influence du froid). Jussieu la décrit en 1729. Voltaire, lui, l'attrape, en 1768 : " La grippe en faisant le tour du monde, a passé par notre vieille Sibérie et s'est emparée un peu de ma vieille et chétive figure ". Elle existait donc, sans doute peu différenciée d'autres maladies, avant de s'ancrer comme un fléau dans la mémoire collective, à travers de grandes épidémies reconnues. Elles font date : 1889 ; 1918 : entre 20 et 40 millions de morts de la terrible grippe espagnole ; plus près de nous, 1957 ; 1968... En 1969, elle tue 18 000 personnes en deux mois, dont plus de 14 000 dans la population âgée de 65 ans et plus. Elle reste aujourd'hui l'une des maladies infectieuses les plus graves dans les pays industrialisés. Seule l'épidémie récente du SIDA a pu remettre en question ce triste monopole. La grippe doit son extrême contagiosité à sa capacité d'être transmise par un aérosol, un ensemble de micro-gouttelettes liquides en suspension dans l'air. Ces aérosols, formés lors de la toux et des éternuements, sont très riches en particules virales, car le virus se réplique dans les voies respiratoires. L'épidémie diffuse d'autant plus rapidement. Bien sûr, la contagion par un contact plus direct est aussi possible. Après le contact, la période d'incubation varie d'environ vingt-quatre heures à quatre ou cinq jours, selon la dose de virus transmise et l'existence d'une éventuelle immunité partielle du sujet.

« En 1980, près de 20% des phoques de la côte Nord-Est des Etats-Unis sont morts d'une infection respiratoire très grave.

L'autopsiedes poumons et du cerveau révéla une très forte concentration de virus de la grippe.

On ignore si ce virus provenait du réservoir aviaire ou si la grippe préexistait chez ces animaux sans qu'on l'ait détectée.

On notera par ailleurs que le virus a également été trouvé chezle vison d'élevage et dans des cadavres de baleines. L'origine Des grandes épidémies Les principales épidémies historiques ont eu lieu en 1918 (grippe espagnole), en 1957 (grippe asiatique), en 1968 (grippe de HongKong) et en 1977 (grippe russe).

Dans tous les cas, il s'agissait de virus grippaux du type A.

A l'intérieur du type A, on distinguetoutefois des sous-types correspondant aux variations des protéines d'enveloppe : hémagglutinine (14 variations de H1 à H14) etneuramidase (9 variations de N1 à N9).

La grippe espagnole était de sous-type H1N1, l'asiatique de sous-type H2N2, celle de HongKong de sous-type H3N2 et la grippe russe de sous-type H1N1.

L'étude des sérums anciens, ou chez les personnes âgées, a montréque les trois types H1, H2 et H3 ont infecté l'homme depuis le milieu du XIXè siècle.

Ils reviennent donc de manière cyclique.

Ce cycles'explique de la façon suivante : à la fin d'une épidémie liée au sous-type 1, la plupart des personnes sont immunisées contre ce sous-type.

Seul le sous-type 2 peut alors provoquer une nouvelle épidémie.

Puis une grande partie de la population étant devenue immunecontre les sous-types 1 et 2, le sous-type 3 entre en scène.

Durant le temps de cette rotation ,le renouvellement de la population etl'affaiblissement de l'immunité ont été suffisants pour qu'un nouveau cycle puisse commencer. La question qui se pose alors est de savoir d'où ressortent les sous-types anciens, puisqu'ils ont été absents des populationshumaines entre les grandes épidémies ? Les nombreuses études sérologiques et génétiques montrent que ces souchesréapparaissent du fait d'un réassortiment génétique avec les souches du canard.

Stockées chez le canard, les trois grandes variétéss'y maintiennent sans grand changement, sans qu'on en comprenne d'ailleurs la raison.

Le canard les retransmet ensuite à l'Hommeoù elles provoquent des épidémies lorsque l'immunité des populations humaines le permet. Pour mieux comprendre ce qui se passe, il faut entrer dans la structure génétique du virus : elle est constituée de huit fragments,analogues à des chromosomes.

En cas de rencontre de deux virus différents, un réassortiment entre leurs fragments peut se produire,duquel naît un nouveau virus.

La grippe asiatique de 1957 possédait ainsi trois fragments génétiques d'origine aviaire et cinqappartenant à la grippe espagnole.

La souche de Hong Kong de 1978 contenait deux gènes aviaires et les six autres gènes de laprécédente souche asiatique. En fait, les virus aviaires sont par eux-mêmes incapables de se reproduire chez l'Homme.

Les fragmentsgénétiques qui déterminent la capacité à se répliquer dans une espèce, d'une part, ou à être éliminés parla réponse immune d'autre part, sont différents.

Pour la réplication dans un hôte donné, ce sont lesnucléoprotéines et les polymérases du cœur du virus qui importent.

Mais la capacité de résister à la réponse immune dépend, elle, des protéines externes (hémagglutinine et neuramidase).

Les virus quiréapparaissent et sont susceptibles d'infecter l'Homme associent ainsi le cœur des virus humains et lesprotéines externes des virus aviaires.

Mais pour que le brassage s'effectue, il faut un animal capable d'héberger à la fois le virus humain et celui du canard, rôle que le porc pourrait assumer. Ce schéma renforce les données historiques qui tendent à faire du sud-est asiatique le point de départ de la plupart des épidémies.Outre la taille et la densité des populations humaines, cette région a en effet pour particularité que les canards y sont très nombreux.Les porcs y constituent aussi un élevage traditionnel.

En outre, à seule fin d'y élever des carpes, les paysans ont aussi coutumed'enrichir des mares avec du lisier de porc, mares autour desquelles on trouve aussi des canards.

Cette pratique agricole, très efficacepour la production de carpes, l'est vraisemblablement aussi pour celle de virus grippaux.

Elle aboutit en fait à rassembler autour d'unmême point trois protagonistes essentiels : canards, porcs et populations humaines. Le réarrangement n'est toutefois pas seul en cause.

Dans certains cas, le porc peut en effet être à l'origine directe du virus.

C'est,semble-t-il, ce qui s'est passé lors de l'épidémie de grippe espagnole de 1918, qui aurait débuté dans les camps militaires du Kansas,puis aurait été amenée en Europe par les troupes américaines.

Enfin une autre possibilité est une origine purement humaine.L'épidémie de 1977 pourrait appartenir à cette catégorie.

Le virus est apparu dans le nord de la Chine en mai 1977 et, de là, s'estrépandu dans le reste du monde.

Or, ce virus était identique à celui de l'épidémie de 1950.

Où était-il passé pendant vingt-sept ans ?S'il avait été présent chez l'animal, un certain nombre de mutations seraient intervenues.

L'absence totale de changement laissesupposer qu'il avait été congelé sans doute dans un laboratoire. La diversité et le nombre de souches en circulation impliquent de préparer les vaccins à partir des souches isolées au cours desderniers mois.

Le vaccin sera ainsi le plus proche possible de celles qui risqueront de circuler et de provoquer l'épidémie. Les variations fréquentes du virus et de la composition du vaccin expliquent la nécessité d'une revaccination annuelle.

Elle ne protègebien sûr que du virus de la grippe et des agents viraux qui provoquent des symptômes très proches de ceux de l'infection grippale(paramyxovirus et adénovirus essentiellement). Actuellement, le vaccin est recommandé pour les sujets les plus menacés : personnes âgées de plus de 65 ans, sujetsimmunodéficients ou atteints de maladies chroniques cardio-vaculaires, bronchopulmonaires, rénales, d'un diabète ou d'une autremaladie métabolique.

Une étude récente a toutefois révélé que la vaccination systématique de toute la population aurait un impact nonnégligeable sur la morbidité et les économies de santé.. »

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