Sciences & Techniques: Galilée, le premier scientifique moderne
Publié le 22/02/2012
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Dans la foulée, il remarque qu'une pierre lâchée du haut d'un mât tombe toujours au pied de celui-ci, que lenavire vogue (à vitesse uniforme) ou non.
Et voici l'argument de la tour des aristotéliciens réduit enpoussières ! Si les phénomènes physiques sont les mêmes que la Terre tourne ou pas, rien ne permet desavoir si la Terre est en mouvement...
et donc rien ne s'oppose plus à ce qu'elle tourne !
Mais ce petit passage va encore plus loin.
Car si le mouvement (uniforme) " est comme rien ", alors il n'a pas besoin de cause, demoteur - contrairement, là encore, à ce qu'affirme Aristote.
Par conséquent une fois lancé, tout corps doit persévérer indéfiniment danscet état de mouvement.
Ceci n'est rien d'autre que le principe d'inertie, à la base de la physique de newton - principe qui, on le voit,découle naturellement de la relativité galiléenne ! En réalité, Galilée n'a pas énoncé explicitement le principe d'inertie (c'est soncontemporain Descartes qui le fera).
Il a seulement parlé de " mouvement exprimé de façon indélébile ".
Cette notion était d'autant plus hardie qu'elle n'avait rien d'intuitif : dans la vie quotidienne, aucun mouvement ne persiste sur sa lancée,en raison des résistances, frottements, etc.
Mais Galilée a eu le premier le mérite de construire en imagination des phénomènes "idéaux " pour mieux cerner les lois de la nature - des " expériences de pensée ", comme plus tard en imaginera Einstein .
Qu'en est-il d'une autre expérience légendaire, celle de la tour de Pise ? Galilée ne la mentionne pas dansses ouvrages, c'est son biographe et élève Viviani qui la relate.
Ainsi, le grand savant, escorté de tous lesprofesseurs de l'université de Pise, serait monté en haut de la fameuse tour penché et aurait démontré auxyeux de tous que des objets de poids différents tombent à la même vitesse - et donc pas " en proportionde leur gravité ", ainsi qu'il a été dit par Aristote.
Bien que cette anecdote ait été abondamment répétée et amplifiée, les historiens s'accordent à la trouver peu vraisemblable - ne serait-ce que parce que les objetsne tombent pas à la même vitesse, à cause de la résistance de l'air (ce que Galilée a d'ailleurs longuement développé dans ses livres).
" Le monde est de nature mathématique "
En fait, Galilée n'était pas le premier à critiquer les lois du mouvement selon Aristote.
Et il n'était pas non plus le premier à observerque les corps pesants tombent selon un mouvement accéléré.
D'autres avant lui, semble-t-il, avaient même remarqué que (ennégligeant la résistance de l'air) les corps tombent tous à la même vitesse.
Mais c'est Galilée qui a franchit le pas décisif : intimementpersuadé que l'essence des phénomènes naturels est mathématique, il énonce la loi mathématique de la chute des corps.
Le premier,il cherche " selon quelle proportion se produit cette accélération ", et constate qu'il s'agit de la plus simple qui soit, l'accélérationuniforme.
Là aussi, des historiens ont exhumé des mathématiciens médiévaux qui avaient déjà étudié l'accélération uniforme ; maisaucun d'entre eux n'a songé à appliquer ces théorèmes à la nature en général, et à la chute des corps en particulier !
Mais il ne faudrait pas croire que Galilée a conçu sa loi de manière purement intellectuelle : des manuscrits inédits, retrouvés il y aseulement vingt ans, prouvent qu'il a bel et bien réalisé des expériences sur la chute des corps dans les années 1590, qui l'ont conduità sa formulation mathématique.
Ce dialogue entré étude expérimentale et loi mathématique en fait déjà un physicien moderne.
Enfin, Galilée a su élaborer sa loi de la chute des corps sans en chercher la cause.
Son problème n'est pas d'imaginer pourquoi lescorps accélèrent en tombant, mais de s'appuyer sur les faits pour savoir comment ils le font ; ce en quoi il rompt radicalement avec laphilosophie purement causale d'Aristote.
C'est à Newton que reviendra, un demi-siècle plus tard, de répondre à la question du pourquoi..
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