Sciences & Techniques: Faut-il avoir peur de l'eugénisme ?
Publié le 22/02/2012
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Tout dépend de ce qu'on appelle mauvais gènes.
Aujourd'hui le terme recouvre les anomalies de l'ADN quiinduisent de graves malformations ou maladies.
Et s'il n'est plus question, bien sûr, de supprimer desindividus porteurs de ces anomalies, la médecine, en revanche, tente d'empêcher les naissances d'enfantsgravement malades, difformes ou handicapés.
Tel est l'objectif du diagnostic prénatal.
Les échographiesdes femmes enceintes permettent de repérer les éventuelles malformations graves du fœtus .
Et l'analyse de cellules fœtales, prélevées dans le liquide amniotique, est proposée aux couples à risque pour dépisterd'éventuelles anomalies chromosomiques comme le mongolisme, ou génétiques comme la mucoviscidose.
Certains des problèmes repérés sont soignés.
D'autres, graves ou incurables, conduisent à des interruptionsmédicales de grossesse .
Cette suppression des fœtus anormaux est bel et bien de l' eugénisme mais elle ne suscite pas trop de controverses.
" Mieux, souligne Jacques Montagut, médecin et membre du Comité consultatif national d'éthique, les techniques de plus en plus perfectionnées de diagnostic prénatal ont permis de réduire le nombre des interruptions de grossesse pratiquées en raison des doutes qui pesaient surla santé de l'embryon ou du fœtus" Ainsi, il y a vingt ans, les femmes qui avaient contracté la toxoplasmose durant leur grossesse (une maladie qui peut endommager le cerveau du fœtus) choisissaient à 90% de se faire avorter.
Désormais, le diagnostic permet de lever les doutes, de savoir si le fœtus a oui ou non été atteint.
Résultat: 3% seulement de ces grossesses à risques sontinterrompues.
Le diagnostic prénatal est un progrès indiscutable.
Avec un double bémol quand même.
Primo, faitremarquer l'Institut mondial du handicap, il ne faudrait pas que le dépistage prénatal "propage l' idée queles personnes handicapées ne devraient pas normalement exister..." Secundo, les parents doivent resterraisonnables.
Ainsi, des médecins s'alarment déjà de demandes d'élimination de fœtus porteurs d'atteintesjugées mineures : bec de lièvre, daltonisme, formes atténuées de myopathie, risque de stérilité...
Un bébéimpeccable, sinon rien ! Sans parler des grossesses devenues indésirables en raison du sexe del'embryon .
Quelles sont les limites à ne pas dépasser ? Le seuil est différent selon les pays...
Va-t-on trier les embryons ?
Depuis vingt ans, on sait faire des bébés en éprouvette, in vitro, disent les médecins dans leur latin.
Voilàl'affaire : une femme veut un enfant mais, pour diverses raisons, elle se révèle stérile.
Les médecins luiprescrivent alors un traitement hormonal qui provoque une "superovulation".
Une dizaine d'ovules sontprélevés et fécondés en éprouvette par des spermatozoïdes.
Un ou plusieurs de ces ovules fécondés (aubout de quelques jours, on les appellera "embryons") seront réimplantés dans l'utérus de la mère, où ilsachèveront leur développement.
Par ailleurs, les médecins ont mis au point plusieurs techniquespermettant un DPI, un diagnostic pré-implantatoire.
En gros, ils regardent, au sortir de l'éprouvette, si les embryons ne sont pas affectés par une maladie dont on peut suspecter l'existence chez la mère ou le père.
Si c'est le cas, l'embryonsuspect est éliminé.
Cette technique du DPI est très controversée.
Non pas parce qu'elle permet une meilleure analysegénétique mais parce qu'elle permet une meilleure analyse génétique mais parce qu'elle semble pousserau tri des embryons.
Plusieurs questions se posent.
Ne risque-t-on pas, un jour, de scruter TOUT legénome de l'embryon au lieu de ne s'occuper que de la maladie redoutée ? Du coup, ne risque-t-on pasd'écarter des embryons uniquement parce qu'ils ne sont pas conformes aux vœux des parents ? A-t-on ledroit de disposer ainsi de ces débuts d'humanité ? Ou ne s'agit-il que de petits tas de cellules qui n'ontpas de quoi tracasser nos consciences ? Ces questions ne sont pas tranchées.
Mais, un : le DPI ne sera jamais une technique courante, peu de gens seront concernés.
Deux: les progrès des fécondations in vitro réduisent déjà le nombred'embryons en trop, et donc atténuent le problème du tri.
Conclusion: le DPI ne sera pas l'instrument d'un eugénisme généralisé.
Reprogrammer l'humanité avec des supergènes ?
Les progrès de la génétique permettent désormais d'intervenir directement sur les gènes humains, et ce à deux niveaux.
Tout d'abordpar la technique de la thérapie génique dite "somatique" : on introduit dans certaines cellules de l'organisme la copie d'un gène sainpour corriger l'effet d'un gène défectueux.
Mais nous ne sommes pas là dans le domaine de l'eugénisme, puisque l'interventions'effectue sur une toute petite partie d'un individu sans modifier fondamentalement ses caractéristiques génétiques.
Ajoutons que lathérapie génique est encore expérimentale et que son efficacité reste à prouver..
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