Sciences & Techniques: Burrhus Frederick Skinner
Publié le 22/02/2012
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on pas l'effort d'identifier des comportements objectivement bénéfiques et de les renforcer systématiquement ? Les résultats seraientsans doute meilleurs que les comportements sociaux actuels, développés au hasard du contrôle de la société par des rois, des présidents, des dictateurs, des systèmes économiques ou des religions.
Pour Skinner, il fallait, en somme, conditionner l'être humain et le débarrasser de tout un fatras philosophique dénué de sens etencombré de mots nocifs tels que " liberté " et " dignité ".
Fi donc de la psychologie classique et surtout de la psychanalyse , qui, au contraire, exaltent la complexité de l'individu et lui accorde son libre arbitre (sa liberté).
Tenons-nous-en plutôt aux faits observables,disait-il en substance, utilisons le bâton de l'autorité et la carotte du renforcement pour provoquer le comportement qui permetd'atteindre l'objectif d'une société harmonieuse faite de gens heureux.
Les critiques ont fait observer que Skinner n'expliquait guère comment élaborer cette " technologie du comportement ".
Ils lui tinrentégalement rigueur de vouloir imposer à l'humanité une technologie fondée sur le commun dénominateur le plus bas, sans tenir comptedes différences de personnalité ; de bafouer les notions de liberté et de dignité ; de rabaisser le spirituel ; bref, d'être coupable d'unréductionnisme extrême, qui prétend que l'être humain n'obéit qu'à deux boutons, comme l'animal de laboratoire : la peur de la punitionet l'appât de la récompense.
Même les critiques modérés virent une sérieuse menace dans la psychologie skinnérienne.D'innombrables exemples politiques leur ont donné raison.
Pourtant, certains médecins et psychologues ont tenté d'utiliser des thérapies comportementales pour aider des patients à se dégagerde phobies, de toxicomanies, de troubles sexuels ou alimentaires, etc.
D'autres ont même tenté d'introduire dans l'éducation destechniques de conditionnement opérant, et même utilisé des " boîtes à bébé ".
Skinner savait bien (il l'a écrit dans une préface à la dernière édition de son ouvrage) que le béhaviorisme est inacceptable, car il estdéterministe et donc nie la liberté.
Or, il le dit lui-même, " que l'on soit véritablement libre ou pas a peu de choses à voir avec lesentiment d'être libre, et la lutte historique pour la liberté a été une lutte pour le sentiment et non pour le fait ".
Skinner admit, avec certains critiques, que la science du comportement est impossible parce que ce comportement est le résultat del'histoire génétique et personnelle d'un individu, histoire inaccessible et indéchiffrable.
L'analyse en est pourtant abordée par lasociobiologie, cette discipline qui tente de jeter un pont entre la sociologie et la biologie.
Le chef de file de la sociobiologie, Edward O.Wilson, voisin de Skinner à l'université de Harvard, a pris la relève, déclenchant une querelle tenace, le béhaviorisme rigide de Skinnerétant tombé en désuétude.
En dépit de l'impasse à laquelle aboutissent ses idées, Skinner a enrichi la psychologie.
C'est sans doute pourquoi il a reçu lamédaille d'or de l'Association américaine de psychologie et la médaille de la National Science Foundation ; a été élu membre del'American Academy of Sciences, de l'American Philosophy Society et de plusieurs sociétés scientifiques étrangères, il reçut lesdiplômes honorifiques de 23 universités.
Autant de renforcements qui ont sans doute contribué à son entêtement dans le béhaviorismepur et dur..
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