Sciences & Techniques: Bureau des longitudes : la guerre des mers
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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sans laquelle " la géographie serait encore au berceau ", le vrai système du monde (le système solaire) et la figure de la Terre (sphérique) n'auraient jamais été découverts.
Le Bureau des longitudes se voit aussi chargé d'assurer chaque année un coursd'astronomie et de vérifier les instruments de navigation destinés à la marine.
La météorologie devra être développée et la définition dusystème métrique terminée.
Ce dernier travail occupe d'ailleurs déjà Delambre et Méchain, lorsqu'ils sont nommés au Bureau des longitudes.
Le lendemain de lacréation, le Comité d'instruction publique demande aux savants désignés par la loi de se réunir le 18 messidor (6 juillet) au Petit-Luxembourg, dans une salle qui leur est provisoirement cédée.
Lors de cette première séance, quatre d'entre eux manquent à l'appel.Cassini a envoyé une lettre d'excuse.
Bougainville, lui, n'a pas donné signe de vie et se voit prié avec insistance d'assister auxséances suivantes.
Delambre et Méchain, eux, mesurent la méridienne quelque part dans le sud de la France.
La méridienne, ou méridien de Paris, avait déjà été établie depuis la fondation de l'Observatoire, en 1667.
La mission des deuxhommes consistait en fait à mesurer un arc de Terre afin de déterminer la longueur du mètre étalon.
Les travaux de Cassini de Thury (père du précédent) et de La Caille, parus en 1744, avaient donné, selon les paroles de Delambre " l'idée d'une mesure universelle etinvariable dont l'original serait pris dans la nature" .
En mars 1791, Borda, Lagrange, Laplace, Monge et Condorcet, nommés parl'Académie, avaient affirmé qu'il était possible d'obtenir une longueur qui ne dépende d'aucune autre quantité.
Cette unité, prise sur laTerre elle-même, présenterait l'avantage d'être parfaitement analogue à toutes les mesures réelles : " Le quart du méridien terrestredeviendrait donc l'unité réelle de mesure, et la dix-millionième partie de cette longueur en serait la mesure usuelle.
"
Pourquoi le quart du méridien et non celui de l'équateur ? Parce que chaque peuple appartient à un méridien, alors que quelques-unsseulement vivent sous l'équateur.
Le mètre, unité universelle, avait vu le jour.
Pour le déterminer, il était nécessaire de connaîtreexactement la circonférence de la Terre .
Un arc de neuf degrés et demi, entre Dunkerque et Barcelone, serait suffisant pour la déduire.
Nommés au Bureau des longitudes, Méchain et Delambre furent confirmés dans cette mission.
La tâche n'était pas mince.
Suivre laméridienne exigeait de placer des repères sur des points élevés du relief séparés de plusieurs kilomètres, afin de mesurer des anglesà partir de stations.
Il faut affronter les éléments.
" La station de Forceval exige six signaux à la fois, raconte Méchain, qui mourra enpoursuivant son voyage en Espagne.
J'ai presque été découragé quand j'ai vu celui de Bugarach, qui avait coûté tant de peines, abattupar un ouragan.
La tramontane est terrible dans ces régions ; rien ne résiste à sa violence.
" Il faut aussi faire face à la fureur deshommes : plusieurs clochers servant de repères n'ont pas survécu à la Révolution.
Pendant ce temps, les autres membres du Bureau s'attaquent au calcul de la longitude en mer.
Pour augmenter la précision, ilexistait deux possibilités.
Soit améliorer les horloges, soit jalonner le temps de repères fiables.
Ces repères étaient les phénomènes astronomiques qu'on pouvait dater exactement par le calcul.
Le Bureau des longitudes fut chargé par le Comité d'instruction publiquede développer cette seconde méthode en rédigeant la Connaissance des temps.
Depuis 1767, les Anglais disposent de telles tables,valables pour les six années à venir, alors qu'en France on connaît tout juste l'année qui vient.
De ce fait, les voyages lointains d'unedurée supérieure à un an étaient très risqués.
Au moment où le Bureau des longitudes entame son travail, la Connaissance des temps paraît régulièrement avec retard, à cause dumanque de calculateurs.
Tous les membres, aidés de leurs adjoints, se mettent donc au travail, et le fascicule de l'an IV est publiédans les délais.
Performance d'autant plus remarquable qu'une bonne partie des calculs avaient été faits dans le calendrier grégorien et qu'il a fallu les traduire en calendrier révolutionnaire.
Les volumes paraîtront avec de plus en plus d'avance, et, progressivement, leBureau des longitudes grignote le retard accumulé.
Le retour au calendrier grégorien, en 1806, occasionne un nouveau retard, mais lamachine est lancée.
Elle ne s'arrêtera plus.
Aujourd'hui partie intégrante du CNRS, l'établissement publie toujours la Connaissance des temps, ainsi qu'un annuaire.
Sonexpérience bicentenaire en fait l'organisme le plus performant du monde dans le calcul des orbites et l'interlocuteur privilégié del'Agence spatiale européenne.
La NASA, sans l'avouer ouvertement, reprend ses travaux pour éviter que ses sondes spatiales nefassent de mauvaises rencontres.
Créé pour aider la navigation sur les mers, le Bureau des longitudes se révèle indispensable à la navigation interplanétaire..
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