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Sciences & Techniques: Apollo 17

Publié le 22/02/2012

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Le 7 décembre 1972, le vol n° 17 pour la Lune vient clore une aventure née dans les pires heures de la guerre froide. Depuis 1969 bien du chemin a été parcouru. Si Apollo 11 avait pour objectif de damer le pion aux Soviétiques, Apollo 17 est entièrement placé sous le signe de la science. Depuis juillet 1969, dix hommes ont déjà marché sur la Lune dans le cadre du programme Apollo. Mais ce 7 décembre 1972, l'extraordinaire aventure touche à sa fin : deux hommes encore s'apprêtent à fouler le sol poussiéreux de notre satellite, puis ce sera fini. C'est le dernier voyage. Il est dix heures du soir. L'énorme fusée Saturne V commence à s'élever dans une gerbe de feu au-dessus du pas de tir de cap Kennedy, comme on appelle alors le cap Canaveral. Dans la petite cabine conique Apollo, au sommet de ce monstre de 110 mètres de haut et d'une masse de trois mille tonnes au décollage, trois astronautes sanglés à leur siège pour l'ultime expédition : Ronald Evans, Eugen Cernan et Harrison Schmitt. Evans pilotera le module de commande (la capsule Apollo et son compartiment de moteurs et de réservoirs). Il restera donc en orbite lunaire. Seuls Cernan et Schmitt débarqueront sur la Lune.

« deux explorateurs à Houston : l'astronaute Robert Parker.

Ce dernier assure aussi la liaison avec une équipe de spécialistes, réunisdans une pièce séparée.

Cette " arrière-salle ", comme on a pris l'habitude de l'appeler, a été mise en place dès Apollo 12.

C'est ellequi se charge de décortiquer en direct les informations transmises depuis la Lune, et qui demande à l'occasion la mise en œuvre detelle ou telle opération particulière. Après trois de ces haltes, les astronautes quittent les pentes du massif sud pour se diriger vers le cratère Shorty.

L'une des raisonsdu choix du site de Taurus-Littrow avait été l'existence, révélée depuis l'orbite lunaire par l'équipage d'Apollo 15, de curieux cratères, telShorty.

Auréolés de noir, ils auraient pu être des cônes volcaniques.

Sur place, Schmitt constate à première vue que ce n'est pas lecas.

Shorty n'est qu'un cratère d'impact comme les autres.

Pourtant, en l'observant, il s'aperçoit soudain que le sol sur lequel il évolueest (vaguement…) orange.

Il croit alors à tort avoir enfin déniché une fumerolle, et la preuve d'un volcanisme lunaire relativement récent.Des analyses ultérieures montreront que ce sol orange, constitué de sphérules de verre volcanique, apparentées à la pouzzolaneterrestre, n'a pas les quelques millions d'années escomptés, mais a été éjecté par des fontaines de lave vieilles de plus de 3,5milliards d'années.

La découverte de ce sol orange aura d'importantes conséquences dans la compréhension de l'histoire lunaire.

Enattendant, c'est dans un grand climat d'excitation que l'on prélève des échantillons avant de retourner au Lem. Le troisième jour sur la Lune réserve d'autres surprises.

Schmitt et Cernan se dirigent cette fois vers le massif nord, à trois kilomètresdu site d'alunissage.

Comme la veille, plusieurs arrêts sont prévus.

Figure au programme, en particulier, l'étude d'un gros rocher,repéré lui aussi par Apollo 15.

Un énorme bloc détaché de la montagne, qui a roulé jusqu'à mi-pente, et s'est brisé en cinq morceaux.Le plus gros atteint les dix mètres sur six.

L'examen de ce bloc, connu sous l'appellation de Tracy's rock, d'après le prénom de la fillede Cernan, va représenter l'un des grands moments de l'exploration lunaire.

Schmitt constate pour commencer que le rocher estconstellé de vésicules, reliques d'une fusion ancienne du matériau.

De plus, deux types de minéraux sont présents.

L'un d'un grisjaunâtre, l'autre, plutôt d'un gris bleuâtre.

Le premier est venu se ficher dans le second.

Comment comprendre la formation de ce bloc?Qu'apprend-il sur le passé de la Lune? Tout au long des quarante-cinq minutes que dure l'examen, le géologue commente sesobservations.

On le découvre alors élaborant pas à pas sa pensée.

Schmitt trébuche parfois sur les termes, rectifie, progresse… L'astronaute s'émancipe aussi.

Ainsi, à un certain moment, remarque-t-il machinalement qu'il a complètement oublié de consulter laliste des choses à faire sur ce site.

A Houston, on entreprend alors de les lui énumérer consciencieusement.

A la fin, le géologue,visiblement absorbé par son propre programme et, n'écoutant plus depuis longtemps, conclut sèchement par un simple " okay ".

Puisil continue son travail sans se préoccuper davantage de l'ordre du jour.

Dernier voyage, premier civil et première mutinerie sur la Lune!N'empêche, quand quelques heures plus tard, Cernan referme l'écoutille du Lem et se prépare pour les procédures de décollage,Schmitt, lui, est déjà parvenu à mettre en place toutes les pièces du puzzle.

Dans ses grandes lignes, la formation des mers lunairesest connue à l'époque.

On sait qu'elles proviennent de l'impact de gros météorites ou de noyaux cométaires, puis du remplissage de ladépression ainsi creusée par de la lave remontée des profondeurs de la Lune à travers des fissures de la croûte.

La datation deséchantillons déjà rapportés a aussi conduit à la définition d'une chronologie.

Mais, pour qui savait la déchiffrer, Tracy's Rock racontait àsa façon toute cette histoire, avec un luxe de détails et de nuances qu'aucune analyse de roche sur Terre n'aurait jamais permis. L'intérêt de la présence d'un spécialiste au regard aussi préparé que Schmitt sur le terrain n'a jamais étéaussi évident qu'au terme de cette ultime sortie.

En cet instant, l'astronaute en a bien conscience.

Aussi,émet-il soudain une requête stupéfiante : rester un jour de plus sur la Lune.

La réponse de Houston ne sefait pas attendre.

C'est Christopher Kraft, le responsable du programme des vols habités, bien échaudé parles déboires de l'expédition Apollo 13, qui vient lui-même pour la première fois au micro.

" Vous avez bien travaillé.

Pourquoi ne pas rentrer avant que quelqu'un ne soit tué? ", interroge-t-il.

Quelques jours avant le départ, il avait déjà fait cette ferme mise au point à Cernan : " Rappelez-vous bien que votre mission n'est pas d'aller sur la Lune, mais d'en revenir en vie ". C'est donc vraiment fini, et c'est sans appel.

Le Lem retrouve le module de commande, puis est détaché et envoyé s'écraser sur laLune, près du massif sud, à fin d'études sismiques.

Aucune occasion ne doit être négligée! Trois jours sont encore passés en orbitelunaire.

Schmitt, Cernan et Evans constatent alors que le sol orange apparaît en plusieurs régions de la Lune, ainsi que d'autrescouleurs.

Jusqu'alors tous les astronautes étaient persuadés que la surface de notre satellite était grise.

Aussi, quand ils étaienttentés d'y déceler des nuances colorées, ils attribuaient cela à de simples effets de suggestion ou à des reflets… On comprendra parla suite que ces colorations définissent les grandes provinces géologiques de la Lune .

L'abondance de titane dans les roches en donne la clé.

Selon les modèles de la structure interne de la Lune construits justement après les expéditions Apollo, l'abondance detitane diminue avec la profondeur.

Si bien que les différentes colorations en surface révèlent des remontées de matériau en provenancede régions plus ou moins profondes.

Il suffit de mettre cela en rapport avec l'âge des échantillons révélé par les analyses de laboratoirepour pouvoir lire à livre ouvert l'histoire du satellite… Au centre des débats… Avant d'entamer un retour sans encombre vers la Terre, Evans accomplit une brève sortie dans l'espace pour récupérer lesenregistrements recueillis par l'instrumentation scientifique déployée hors du module de commande (radars, spectromètres infrarougeet gamma).

Deux jours et demi plus tard, " passés à débattre de la couleur de la Lune ", comme le racontera Cernan, la cabine Apollo pénètre dans l' atmosphère terrestre, suspendue à trois grands parachutes, au-dessus de l'océan Pacifique, près des îles Samoa. Amerrissage en douceur.

Les trois héros sont sanglés et hissés à bord d'un hélicoptère.

Direction : le porte-avions Ticonderoga, lebâtiment sur lequel servait justement comme instructeur militaire Evans, au moment de son recrutement par la Nasa.

La boucle estainsi bouclée. Il n'y aura pas de quarantaine, comme cela était la règle lors des premières expéditions.

La crainte de rapporter de la Lune desgermes dangereux est désormais écartée.

Toutes les mesures d'isolement sanitaire ont été abandonnées dès la troisième expédition.. »

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