Schopenhauer, Le Monde comme Volonté et comme Représentation: Sommes-nous le seul être à s’étonner de son existence ?
Publié le 27/11/2022
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«
Sonia
GUILLERMOU
TG2
Schopenhauer, Le Monde comme Volonté et comme Représentation
Sommes-nous le seul être à s’étonner de son existence ? Une question à laquelle les
Hommes ne se penchent que peu dessus.
En effet, notre existence semble tout ce qu’il y a de plus
naturelle, l’Homme n’en vient plus à s’en étonner, même à la remarquer.
L’intellect du latin
intellectus qui signifie la faculté à comprendre désigne « l’intelligence ».
L’intellect n’est pas le
propre de l’Homme, en effet tout animal doté d’un cerveau a la capacité de se représenté
l’environnement dans lequel il vit.
Néanmoins, c’est avec l’Homme que survient le langage, la
communication, la réflexion dont la conscience de soi.
L’Homme peut ainsi prendre du recul, il peut
analyser le monde qui l’entoure et se questionner sur son existence.
Mais est-ce le cas de tous les
Hommes ?
C’est ce raisonnement qui induit Schopenhauer à affirmer que « l’homme est un animal
métaphysique », un thème exploré par le philosophe dans son ouvrage Le Monde comme Volonté et
comme Représentation (1819).
La métaphysique, en philosophie, est une branche qui aborde les
questions fondamentales des principes premiers de l'être, du néant, de l'identité et du changement,
de la causalité et de la possibilité.
En affirmant l’étonnement comme essence de la métaphysique, le
philosophe sème une interrogation quant à ce qu’il sous-entend par « étonnement ».
Est-ce que les
Hommes s’étonnent-ils tous de la même manière et pour les mêmes raisons ? Cette question pousse
donc l’auteur à différencier les Hommes philosophes des Hommes savants.
Cette dualité permet de
nous interroger et de nous demander si notre façon de s’étonner fait-elle de nous un être intellect
différent.
Cet extrait proposé par Schopenhauer dans Le Monde comme Volonté et comme Représentations se
découpe en plusieurs parties.
Dans un premier temps nous verrons comment l’auteur définit
l’Homme comme un être différent et en quoi est-il particulier, de plus nous verrons la dualité qui
nous est proposé dans cette partie (de la ligne 1 à 8).
Par la suite nous distinguerons, selon le
philosophe, différentes sortes d’étonnements philosophiques, celui des savants pour qui l’existence
n’a de mystères (de la ligne 8 à 15).
Et enfin, l’étonnement des Hommes philosophes qui, selon
Schopenhauer, fait d’eux des individus à l’intelligence supérieure (de la ligne 15 à 22).
Le philosophe Schopenhauer introduit son raisonnement par une restriction, « Excepté
l’homme » (ligne 1), il isole l’Homme et fait de lui le seul être capable de s’étonner.
La négation
« aucun » insiste bien sur le fait que l’Homme est le seul à détenir la capacité de s’étonner de sa
propre existence.
Notre existence représente « pour tous une chose si naturelle » (ligne 1) que les
êtres ne vont pas s’interroger sur sa signification, ils ne la remarquent pas tellement elle nous paraît
ordinaire.
C’est aussi le cas des animaux, ils existent mais se demandent-ils pourquoi ? Au
contraire, l’Homme a la capacité de s’interroger et de se poser des questions sur son existence.
Il
est capable d’accéder à sa conscience et de se prendre lui-même pour sujet de réflexion, ce qui fait
de lui « un animal métaphysique » (ligne 2).
Du latin metaphysica, qui veut dire « après » la
« physique ».
Ce terme désigne le domaine invisible et définit la raison et la volonté de comprendre
le monde.
Cette expression employée par l’auteur, qui caractérise la nature humaine de l’Homme,
semble se contredire.
L’Homme est à la fois un animal, il a un corps et des besoins, c’est un
mammifère mais il est aussi un être doté de la parole.
Contrairement aux animaux, les Hommes en
plus de communiquer, parlent et s’interrogent.
Que ce soit entre-eux ou intérieurement, les Hommes
se posent des questions fondamentales et sincères sur des sujets comme la liberté, l’âme ou encore
le sens.
L’Homme conscient possède un savoir qui accompagne son existence.
Ce savoir se ressent
dans ses actions, ses gestes, l’Homme agit en étant conscient.
Sans conscience, il serait comme un
robot qui existe sans le savoir et sans en comprendre la raison.
Ainsi, on remarque une opposition
entre l’animalité et l’être de raisonnement que représente les Hommes, la complexité de ce que nous
représentons.
Alors que « notre conscience ne fait que s’éveiller » (ligne 3), nous sommes des êtres intelligibles,
facilement compréhensibles.
Par intelligible, le philosophe exprime que pour l’Homme, dans ses
débuts, la vie lui semble logique et facile à saisir.
Cependant, comme nous le dit Schopenhauer, ceci
ne dure pas indéfiniment car avec « la première réflexion » (ligne 4) l’étonnement prend place dans
notre existence.
C’est alors que pour les Hommes, tout peut faire l’objet d’une réflexion.
Plus rien
n’est aisé à comprendre ou discerner, chaque chose peut nous amener à réfléchir.
L’étonnement
permet la libération de notre esprit et ouvre notre réflexion.
Pourquoi avons-nous deux mains ? Est
ce que les autres hommes entendent-ils mes pensées ? Que se passe t-il après la mort ? S’étonner
donne lieu à l’Homme de soulever des interrogations existentielles.
Comme l’a dit Schopenhauer,
l’étonnement est « le père de la métaphysique » (ligne 5).
En effet, l’auteur voit cette fascination,
pour ce qui nous est inconnu, comme moteur de notre raisonnement.
Cependant tous les Hommes
ne raisonnent pas de manière similaire.
Dans les phrases qui suivent, Schopenhauer clame une
différence entre « l’esprit philosophique » (ligne 5) et « l’étonnement du savant » (ligne 7).
Comme
l’exprime très bien la conjonction « Tandis que » (ligne 7), elle marque la contradiction et la dualité
dans l’idée de Schopenhauer.
Selon lui, le philosophe va être capable de s’interroger sur des
« événements habituels et des choses de tous les jours » (ligne 6) donc de sortir de sa « zone de
confort » et ne pas s’arrêter sur ses acquis.
Alors que le savant lui ne s’étonne que lors de
« phénomènes rares et choisis » (ligne 8), cela lui donne une image de personne sélective.
On
remarque le paradoxe entre savant et philosophe qui est mit en évidence par Schopenhauer.
Pour le philosophe, par principe nous partons du fait que nous sommes tous éligibles à la
réflexion.
Mais profitons-nous tous de la même manière de notre réflexion ? Dans la deuxième
partie de notre analyse, le philosophe pose une affirmation crue, « Plus un homme est inférieur par
l’intelligence, moins l’existence a pour lui de mystères » (ligne 9-10).
On comprend que pour
Schopenhauer, notre intelligence est déduite selon notre perception du monde et de notre
étonnement.
Lorsque l’Homme se limite à ses connaissances et croit en leur certitude, il représente
alors un être intellect inférieur.
C’est une manière abrupte de distinguer les Hommes entre eux.
L’étonnement est-il le seul élément à pouvoir déterminer notre intelligence ? Cette vision, assez
restrictive de l’intellect, nous dit que les savants cherchent « les explications du comment et du
pourquoi » (ligne 11) au sein de phénomènes qui leur sont connus.
Ce qui veut dire que pour les
scientifiques, tout a une explication, ils se basent sur leurs connaissances afin de trouver des
réponses à leurs interrogations.
Cependant cette idéologie est loin de celle de la philosophie, en effet
l’essence de la philosophie réside en son incertitude.
Et si l’inconnu pouvait apporter des réponses ?
L’auteur explique son raisonnement par le fait que « l’intellect est encore resté fidèle à sa
destination originelle » (ligne 11-12).
Selon lui, les savants sont encore restés bloqués dans la
période de l’enfance, c’est-à-dire que pour eux les phénomènes qui se produisent dans leur
environnement sont compréhensibles et ont une explication.
Ils ne sont pas encore rentrés dans une
réelle réflexion, ils sont d’une certaine manière encore naïfs et innocents.
Ainsi pour les « nonphilosophes » le monde est démuni de complexité.
De plus, Schopenhauer utilise une image afin de représenter les raisons de l’infériorité intellectuelle
des Hommes, « le réservoir des motifs à la disposition de la volonté » (ligne 12).
La volonté, pour le
philosophe, est cette force qui pousse les individus à agir, qu’ils aient ou non des motifs rationnels.
Cette expression désigne le fait que pour l’auteur, les Hommes sont remplis d’excuses afin de se
passer de la volonté.
La volonté de savoir, de s’interroger sur des phénomènes complexes.
A partir....
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