Schopenhauer : le bonheur et le désir Commentaire de texte bac Bac L 2009
Publié le 13/12/2012
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«
C'est pourquoi le désir est n égatif : il r ésulte d'une insatisfaction premi ère. Comment, donc, une satisfaction
pourraitelle na
ître d'une insatisfaction ? C'est en substance la question que pose implicitement
Schopenhauer et la r
éponse est évidemment contenue dans cette question purement rh étorique. Toutefois,
c'est par un autre proc
édé que Schopenhauer nous fait comprendre pourquoi le d ésir est essentiellement
n
égatif : lorsque nous satisfaisons un d ésir, ce d ésir, naturellement, dispara ît, et donc avec lui la satisfaction
qui en r
ésultait. Le proc édé est ici de type apor étique : nous sommes dans une impasse. Nous recherchons
une satisfaction qui s'
évanouit aussit ôt que nous l'avons obtenue. La qu ête est inutile. Nous nous épuisons
dans une recherche sans objet. Le philosophe en arrive
à la conclusion selon laquelle toute satisfaction est la
r
ésultante d'une "d élivrance à l'égard d'une douleur, d'un besoin". Non seulement le d ésir na ît de la douleur,
mais encore il n'est finalement que l'expression d'un "besoin" : ici
également, Schopenhauer ne s'embarrasse
pas de la distinction classique entre "d
ésir" et "besoin" le d ésir rel èverait d'une qu ête en quelque sorte
spirituelle, tandis que le besoin, co
ïncide avec la partie biologique ou physiologique du fonctionnement de
notre corps. Le besoin est ce qui nous lie
à la partie naturelle animale de nousm êmes : comme les animaux,
nous avons besoin de manger, de boire, de nous prot
éger des dangers ext érieurs, de poss éder un habitat,
pour survivre. Le besoin serait donc li
é à la survie, tandis que le d ésir serait li é à la vie, au sens noble du
terme : nous acc
édons à la vie authentique lorsque nous avons satisfait tous nos besoins.
Schopenhauer, pour d
éfinir le d ésir, livre à la fin de ce premier moment du texte une pr écision suppl émentaire
: le d
ésir n'est pas seulement une souffrance, il est encore ce qui peut troubler "notre repos"; il peut être aussi
"l'ennui, qui nous fait de l'existence un fardeau". Le d
ésir rev êt donc plusieurs facettes, toutes également
n
égatives. Le d ésir est un tourment, il nous arrache à la s érénité à laquelle nous pr étendons. Il est un trouble.
Mais il est aussi, de mani
ère presque oppos ée, ce qui nous plonge dans la torpeur. A l'oppos é du trouble en
effet, ou de l'agitation qui menace notre tranquillit
é, il y a l'ennui, qui nous installe dans un état l éthargique.
Agitation quasi n évrotique d'un c ôté, pourraiton dire, ou d ésœuvrement pathologique et mortif ère, qui ne ressemble en rien à l'"ataraxie" des Epicuriens : voil à quels sont les états dans lesquels nos d ésirs nous plongent. Partie II Mais ce n'est pas tout : la poursuite d'un bien est en ellem ême épuisante. Nous travaillons vainement à acqu érir des biens en euxm êmes quasiment inaccessibles. Quand bien m ême nous finirions par les atteindre, ils sont de toute fa çon en euxm êmes incapables de nous procurer la satisfaction que nous en attendions. C'est une grande et forte illusion que d énonce Schopenhauer à travers la critique du d ésir qu'il é tablisse; l'argumentation qu'il d éveloppe vise à nous d ébarrasser de cette illusion. Les biens que nous recherchons ne sont pourtant jamais d éfinis. En effet, de quoi s'agitil ? Nous l'ignorons. S'agitil de d ésirer la gloire, les honneurs, l'argent, la possession d'une femme, la sant é, une maison luxueuse, des mets raffin és, des boissons exquises ? S'agitil de d ésirs naturels et n écessaires (ceux qui correspondent à des "besoins", et qui doivent être satisfaits), de d ésirs naturels non n écessaires (boire du vin et non de l'eau, ou manger plus que notre corps n'en a besoin), ou de d ésirs non naturels et non n écessaires (la richesse et les honneurs) ? Epicure en effet, dans la "Lettre à M énécée" hi érarchisait les d ésirs en en établissant trois sortes afin de montrer, principalement, que tous les d ésirs n'avaient pas à être satisfaits qu'il en existait de nobles et de moins nobles. Pour Schopenhauer, tous les d ésirs sont n égatifs, pour la simple raison que la r éalisation d'un d ésir ne peut jamais correspondre à un avantage ou à un gain. Nous sommes toujours perdants. Nous revenons toujours à "l' état o ù l'on se trouvait avant l'apparition de ce d ésir". Nous savons par avance que tous nos efforts pour obtenir les biens convoit és seront vains. A quoi bon s'agiter ? Nous en sommes finalement r éduits à une seule exp érience, à un "seul fait imm édiat" : celui du "besoin", c'est àdire de la "douleur". Pour ce qui concerne leurs contraires, la "satisfaction et la jouissance", nous ne serons jamais en pr ésence d'un "fait imm édiat", mais tout au contraire d'un fait, en quelque sorte, "m édiat" : c'est en effet "indirectement", c'est à dire de fa çon m édiate, par l'interm édiaire de quelque chose d'autre, que nous acc édons à la satisfaction ou à . »
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