SCHELLING Friedrich (1775-1854) (Voir page 252.
Publié le 21/10/2012
Extrait du document


«
accumule les documents sur la Situation
des classes laborieuses en Angleterre, qu'il publiera en 1845.
Il est impossible de distinguer dans les grandes œuvres du marxisme la part de Marx et la part de Engels, tant leur
amicale collaboration fut intime.
Celui-ci
semble plus empirique, celui-là plus
théoricien.
Mais Engels comme Marx est sensible à la triple influence de la
philosophie allemande, de l'économie
politique anglaise et du socialisme
français.
Dès 1845, les deux amis colla borent aux Annales franco-allemandes.
La ligue communiste internationale, qui
devint la Première Internationale, les chargea de rédiger ensemble le Manifeste des Communistes.
Engels fonda en 1848 la Neue Zeitung à Cologne, mais
l'échec de la Révolution le força à émigrer en Suisse, puis à Manchester en 1850.
Là, il collabore au New York Tribune et au Volk allemand, il dirige l'entre
prise paternelle dont il conserve la copro priété jusqu'en 1 869, il poursuit avec Marx ses études d'économie et il assure à son ami la vie matérielle.
En 1869, il quitte Manchester pour Londres où, avec Marx, il organise la Première Internationale.
Marx meurt en 1883.
Engels recueille les manuscrits des Livres II et III du Capital, les classe,
les rédige et les publie.
Il est le chef reconnu du mouvement socialiste qui s'est
reconstitué sous le nom de Deuxième Internationale.
Ses lettres aux respon sables des différents mouvements, par
exemple à Sorge en Amérique, le montrent
soucieux d'éviter le sectarisme et de tenir
compte des caractères spécifiques des mouvements ouvriers nationaux.
En 1878, il publie l'Anti-Dühring, où il tente d'exposer les principes d'une théorie matérialiste de la connaissance.
En 1 884 paraît son Origine de la
famille, de la propriété privée et de l'Etat.
Il montre l'évolution parallèle des formes d'appropriation et des systèmes
matrimoniaux.
Lorsqu'on passe par
exemple
de la société communiste primitive
à la société où la guerre institue une division sociale du travail entre les
maîtres et les esclaves, le pouvoir du père s'étend sur une famille agrandie
par l'incorporation des esclaves et la
situation de la femme se détériore.
Ainsi
l'évolution des institutions telle qu'elle
était établie par Morgan reflète l' évolu tion économique telle qu'elle était établie
par Marx.
Engels meurt à Londres
en 1895.
JULES VU1LLEM1N
BAUER Bruno (1809-1882) né à Eisenberg, mort à Rindorf (près de Berlin), est un des chefs de l'hégé lianisme de gauche; de son enseignement
à Bonn en 1 839 (interdit par l'autorité en 1 842) date sa rupture avec le chris
tianisme : Critique de 1 'histoire évan gélique des synoptiques (1841); Le Christianisme dévoilé ( 1 843).
Dans L'Impérialisme socialiste de Bismarck il fit l'éloge du chancelier.
HESS Moses (1812-1875) de Bonn, est l'auteur de : Die heilige
Geschichte der Menschheit.
Von
einem Jünger Spinozas (1837) ;
Gegenwii.rtige Krise der Deutscher
Philosophie ( 1841) ; la Triarchie européenne ( 1 841), voit l'avenir dans une conjonction de la philosophie alle mande et du socialisme français.
RUGE Arnold (18o2-188o) né à Bergen, mort à Brighton, est
l'auteur de Nouvelles de France et de Suisse ( 1 848) ; La loge de 1 'huma nisme ( 1 8 51) ; Histoire de notre temps (1881).
STIRNER Max Johann Gaspar SCHMIDT, dit (1806-1856) Né à Bayreuth, sa vie extérieure de petit
bourgeois timide et d'intellectuel raté
offre un frappant contraste avec la pro fondeur audacieuse de son œuvre.
Après des études longues et pénibles, il est
professeur, de 1 839 à 1 844, dans une institution privée de jeunes filles à Berlin.
C'est là qu'il connaît le cercle de la gauche hégélienne animé par les frères
Bauer.
Cette période aboutit à son œuvre capitale, l'Unique et sa pro priété, parue en 1 844.
A la célébrité
qui en résulte succèdent bientôt des difficultés auxquelles Stimer essaie d' é chapper en montant une laiterie dont la faillite le mène à la prison pour dettes.
Il mourra, piqué dans la nuque par une mouche empoisonnée, et oublié de tous.
Théoricien de l'anarchisme social et de l'égoïsme moral, précurseur de Nietzsche,
tels sont les titres longtemps reconnus avant tout à Stimer.
Cela permettait de voir en son œuvre une sorte de monstre
anachronique et paradoxal surgi inexpli
cablement.
Aujourd'hui, l'attention
prê tée au mouvement de la gauche hégé lienne, ainsi qu'à la lignée de Kierke
gaard, permettent peut-être de replacer
l'œuvre de Stimer en de plus justes pers pectives.
Comme celle de Marx, comme celle de Kierkegaard, elle apparaît alors comme l'une des multiples manières
dont l'hégélianisme s'accomplit, mais en se supprimant.
Replacer ainsi Stirner dans un courant historique, c'est souligner
mieux encore son originalité.
Elle tient à sa manière propre d'utiliser les concepts hégéliens, par une sorte de dialectique
d'une rigueur systématique exaspérée, au
service d'une révolte radicale
contre l'esprit de Hegel et tout ce qu'il peut en rester chez ses disciples.
Les deux concepts sur lesquels est fondé l'Unique et sa propriété sont ceux « d'aliénation» et de « réappropriation ».
La première partie de l'ouvrage, intitulée « L'homme », est une critique de toutes les aliénations
politiques, sociales, philosophiques qui
sacrifient l'originalité unique
de l' indi vidu et sa puissance à une contrainte col lective ou à un concept abstrait; l'idie d'homme elle-même, aboutissement de la
critique post-hégélienne, n'est que la
dernière forme de cette aliénation.
La deuxième partie, intitulée « Moi », opère le renversement de l'hégélianisme en son contraire : « une seule chose me sauve de la pensée, c'est l'absence de pensée ».
Ce renversement, c'est la ré ap propriation par l'individu des puis sances qui lui masquaient sa propre uni cité et son propre pouvoir.
Par la prise
de conscience de son originalité, l'indi vidu, « l'unique », s'apparaît à lui-même comme créateur absolu.
Les deux parties
s'opposent terme à terme.
L'idée d'Etat conservée par le libéralisme politique des bourgeois est dénoncée dans la première
partie comme une limitation de moi même.
La deuxième partie lui oppose « Ma Puissance».
L'idée de société,
refuge du libéralisme social des commu
nistes, subit le même sort; elle est dénoncée comme vie sociale hypostasiée, prétendant
imposer des obligations à l'individu, et
est remplacée dans la deuxième partie
par « Mon Commerce », c'est-à-dire
par l'association libre, égoïste et toujours révocable des « Uniques ».
Enfin « l'humanisme » de Bruno Bauer ou de Feuerbach apparaît comme une des mani festations du vieux mépris humain contre le moi : « L'homme devient un idéal,
auquel je dois me coriformer, voire me sacrifier»; à cela la deuxième partie substi tue «ma jouissance personnelle ».
Jouis
sance qu'il faut, pour la comprendre, rapprocher de la contemplation esthétique ou de celle de Rousseau s'identifiant au
pur sentiment de l'existence et de l' indi vidualité.
Cette idée de jouissance per sonnelle, comme la déclaration liminaire : «J'ai basé ma cause sur rien », ne sont que des manières provoquantes de refuser
l'universel au profit d'un retour à la
particularité et d'une prise de conscience de soi.
Alors, se Pose, devant une concep tion morale fondée sur l'égoïsme et une conception sociale fondie sur l'anarchie, le difficile problème des rapports entre
individus et de leur accord au sein d'une
vie sociale.
Quand un « unique » rencontre un autre« unique», qu'est-ce quise passe?
C'est ici qu'à
nouveau intervient la dia lectique et que l'antagonisme montre sa fécondité :poussée à bout, l'opposition dis paraît dans la séparation ou unicité: « il
n y a pas rivalité mais dissolution en uniques ».
Pour Stirner la diversité est source de tolérance puisque les « uniques » n'ont pas d'idéaux qu'ils voudraient
s'imposer les uns aux autres.
Ils consti
tuent des mondes souverains et étrangers.
L'association étant
« mon œuvre » ne met
pas en cause cette souveraineté et cet isole
ment.
Il en va de même de l'organisation du travail et de la circulation de l'argent.
A
partir du moment où le travail «humain» est remplacé par le travail « unique », où l'argent n'est plus un souverain qui impose sa loi mystificatrice, Stirner ne voit que des avantages à les maintenir.
De même, dans les rapports entre indivi dus, l'amour « égoïste » se substitue-t-il
à l'amour « humain ».
Il est difficile de résister à l'idée qu'il s'agit là avant
tout d'un renversement de signes, pour
lequel est exigée essentiellement une conver sion intérieure.
La Société, avec les ins titutions et les rapports humains qu'elle
implique, n'est-elle pas maintenue, encore qu'elle change de sens, puisqu'elle est
interprétée d'une manière individualiste ?
L'on comprend les critiques de Moses
Hess, disant que Stirner n'a fait pour
l'essentiel que peindre la société 5our geoise, et de Marx, disant qu'il a subs titué une conversion intérieure philoso
phique et fictive à la transformation révo lutionnaire effective.
Critiques sans doute.
»
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