Savoir et croyance
Publié le 30/08/2014
Extrait du document
«
au monde.
En effet, les États qui le précèdent, soit l'État théologique et
l'État métaphysique, cherchent
à répondre à des questions très vastes et
ambitieuses, qui concernent les causes premières et les causes finales.
S'interroger sur le pourquoi (et le pour quoi) des choses,
c'est vouloir
saisir leur raison d'être et leur destination, chercher à déceler une signifi
cation globale dans le monde, un ordre organisant l'univers et conférant à
l'homme sa place relativement au reste.
C'est bien la même recherche d'un sens (rassurant) que Freud trouve
comme origine du sentiment religieux : de même que, pour l'enfant,
l'image du père est synonyme de savoir et de protection, ce que le croyant
attend de la divinité concerne l'organisation des choses et la promesse
d'une justice.
On peut donc globalement admettre que toute croyance résout à sa
façon (religieuse ou superstitieuse) un questionnement de nature méta
physique, que Gauguin symbolisait par trois formules :
« Qui sommes
nous? D'où venons-nous? Où allons-nous?».
[Il -Objectifs du savoir]
Les questions résolues par le savoir (notamment scientifique) ne sont
plus des questions en
« pourquoi ? » (ou « pour quoi ? ») , mais des ques
tions en
« comment ? ».
Le savoir, comme le montre également Auguste
Comte, s'intéresse aux causes
«proches», il cherche à déceler des rela
tions entre phénomènes, pour établir des lois.
D'où le recours nécessaire à
l'expérimentation.
De la sorte, le savoir nous fournit des vérités, qui sont des interpréta
tions des phénomènes, en fonction de ce que nous en percevons histori
quement.
C'est pourquoi les vérités scientifiques ne sont pas définitives
ou transhistoriques (il existe une histoire des sciences, qui est celle d'une
correction permanente des erreurs d'abord admises comme vérités).
De ce
point de vue, le savoir peut conférer une efficacité sur le monde, mais il
n'accorde aucune certitude absolue.
La science ne se développe qu'ac
compagnée de sa remise en cause.
On constate de surcroît que, dans son évolution, le savoir devient de
plus en plus complexe : il utilise un vocabulaire particulier, fait appel
à
des connaissances mathématiques, et n'est pas immédiatement à la portée
du public (problèmes permanents de la vulgarisation).
Enfin, le savoir ne concerne que les phénomènes réguliers, mais aussi
des lois qui n'apparaissent pas directement dans la nature.
À l'inverse, la
curiosité spontanée (le besoin d'explication immédiate) s'intéresse à tout
ce qui paraît étrange, exceptionnel,
«anormal».
Un phénomène unique,
encore inexpliqué par le savoir, lui apparaît plus préoccupant que tout ce
que le savoir est capable d'expliquer!.
»
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