SAUSSURE Philosophie de l'expressivité ou science des signes
Publié le 22/02/2012
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Il y a un « procédé sémiologique idéal » dont les différents signes sont des réalisations plus ou moinsparfaites.
Saussure ne pose pas qu'aucun signe n'est naturel, au contraire, si bien que l'expressivitééchappe en principe à la sémiologie comme science.
Mais il considère que ceux qui sont entièrement arbitraires ont un intérêt épistémologique particulier : donner à la sémiologie un patron, on pourrait dire aujourd'hui un paradigme, lui permettant de traiter des systèmes de signes non linguistiques, nemanifestant pas au même point l'arbitraire du signe, selon une même procédure éprouvée dans le cas dulangage.
L'avenir a donné raison à l'auteur, puisqu'on a cherché à traiter comme « systèmes de signes »conventionnels des choses aussi diverses que la nage, la marche et la gestuelle du corps (M.
Mauss), lamode (R.
Barthes), les objets domestiques (J.
Baudrillard).
3.
Le deuxième point concerne la terminologie adoptée en linguistique pour désigner l'unité de base, lesigne : il faut justifier sa conformité avec le principe de son arbitraire.
Or, le terme plus traditionnel desymbole linguistique pose le même problème que le rapprochement examiné entre signes expressifsnaturels et signes arbitraires.
Seul le signe est arbitraire, le symbole ne l'est pas, telle est la raison pourlaquelle Saussure a écarté le mot pour rebaptiser signe l'unité de base de la linguistique.
La page précédente a instauré trois termes complémentaires pour définir l'objet élémentaire d'unelinguistique, l'« entité psychique à deux faces » qui constitue l'atome d'un système.
Tout tient àl'articulation des deux faces, à leur unité paradoxale que conditionne leur distinction de principe.
Cedeuxième alinéa reprend la question en posant que dans le symbole il y a un rudiment de lien naturel entre le signifiant et le signifié.
Le lien naturel signifie identité possible (au moins ressemblance), quand il faut distinguer par nature et par principe les éléments de l'entité biface.
Il n'y a rien de commun entre une «image linguistique » ou vocale, et un concept qui s'y associe par convention.
« Entendre » au sensphysique et « entendre » au sens intellectuel sont deux choses différentes que rien ne peut confondresans dissoudre du même coup la possibilité d'une science des systèmes de signes.
Or, le symbolerapproche et identifie ce qui fait entendre et ce qui est donné à entendre, le signifiant et le signifié.
Unebalance ressemble plus à l'«* idée de justice » qu'elle ne la fait entendre, et pèse de ce fait sur leprocessus de la signification en faisant prendre une image pour une chose intellectuelle non imagée.
Êtreremplaçable par n'importe quoi devient le critère de la pureté du signe : c'est la convention qui attachece n'importe quoi à un signifié qui compte comme procédé sémiologique pur, ouvert à une science.
4.
Une interprétation psychologique trompeuse risque de se greffer sur la notion de cet arbitraire :traditionnellement, le terme désigne une liberté sans frein, non soumise à des lois.
Si rien necontraint par nature un signifié à être représenté par un signifiant donné, symbole, vocable,graphisme, est-ce pour lui la « liberté », est-ce la possibilité pour le locuteur de s'exprimer sans loiet de redéfinir les termes de la langue?
Ce serait mal comprendre la nature du lien qui rattache les éléments du signe; il s'agit d'une convention,au sens de règle obligatoire, ce qui exclut le libre choix et la modification à volonté.
Choisir de désignerceci par cela, ce serait préférer un mot pour une idée ou un concept, opérer une comparaison et un tri.Or, il n'y a précisément aucune raison de trancher en faveur d'un choix, aucun motif valable dereprésenter le signifié comme il l'est dans la langue ou autrement : arbitraire signifie immotivé, c'est-à-direpremier, antérieur à la délibération.
Ce serait une faiblesse épistémologique, pour le signifiant, que d'êtrefondé en nature ou en raison pour s'unir à un signifié.
C'est pourquoi le signe s'offre comme objet à unelinguistique, et non comme prétexte à une liberté..
»
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