SARTRE: liberté et existence

Le plus grand philosophe français contemporain s'est d'abord attaqué à des problèmes psychologiques comme l'émotion (qu'il caractérise comme une « conduite magique « où l'on transforme le monde selon son humeur, en le voyant terrible dans la terreur, joyeux dans la joie, horrible dans l'horreur) ou l'imagination (dans laquelle il voit une fonction fabulatrice qui substitue au réel un imaginaire plus vrai que nature) ; puis, il a cherché dans des romans (La Nausée (1937), Le mur (1939), Les Chemins de la Liberté (1945), des pièces de théâtre Les Mouches (1942), Huis-Clos (1944) à exprimer les divers sentiments d'un homme en proie à une vertigineuse angoisse devant sa liberté. Son héros le dira : « J'étais de trop, et pour l'éternité. « Ces divers ouvrages préludent à la publication de son chef-d'oeuvre « L'Eire et le Néant « (1943). Sartre devient alors le chef de file de l'école existentialiste française. On lui demande de définir l'existentialisme ; il répond : « le moyen d'assurer mon existence «. En fait, et contrairement à ce que croient beaucoup de non-philosophes, Sartre est un penseur difficile et courageux qui a construit très solidement un système auquel il croit fermement. On peut tenter de le condenser dans une formule : « faire, et en faisant se faire et n'être rien que ce qu'on fait «. (On peut lire comme introduction l'Existentialisme est un humanisme de Sartre lui-même, Nagel 1946, ou l'un des nombreux livres de Francis Jeanson consacrés à Sartre [Éditions du Seuil].)