Sartre - L'être et le néant - Après que la mort a paru l'inhumain par excellence...
Publié le 12/06/2014
Extrait du document
Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :
Après que la mort ait paru l'inhumain par excellence puisque c'était ce qu'il y a de l'autre côté du « mur «, on s'est avisé tout à coup de la considérer d'un tout autre point de vue, c'est-à-dire comme un événement de la vie humaine. Ce changement s'explique fort bien : la mort est un terme et tout terme (qu'il soit final ou initial), est un Janus bifrons', soit qu'on l'envisage comme adhérant au néant d'être qui limite le processus considéré, soit, au contraire, qu'on le découvre comme agglutiné à la série qu'il termine, être appartenant à un
processus existant et d'une certaine façon constituant sa signification. Ainsi l'accord final d'une mélodie regarde par tout un côté vers le silence, c'est-à-dire vers le néant de son qui suivra la mélodie : en un sens il est fait avec du silence, puisque le silence qui suivra est déjà présent dans l'accord de résolution comme sa signification. Mais par tout un autre côté il adhère à ce plenum d'être qu'est la mélodie
envisagée : sans lui cette mélodie resterait en l'air et cette indécision finale remonterait à contre-courant de note en note pour conférer à chacune d'elles un caractère inachevé.
SARTRE L'Être et le Néant.
Plan
I. mise en évidence du changement conceptuel concernant la mort
II. ambiguïté de l'idée de mort
III. illustration concrète et image musicale
IV. L'intérêt philosophique du texte est évident : Sartre nous montre non seulement le caractère multiple et ambigu de la notion de mort, mais les changements de perspective à son sujet. Non seulement le texte est intéressant philosophiquement, mais il l'est historiquement. L'idée que l'on se fait de la mort, en effet, est une réalité qui s'enracine dans l'histoire.
Commentaire de texte
Introduction
Quelle est l'idée fondamentale de ce texte ? La mort est une réalité ambiguë, qui peut être envisagée au minimum sous un angle double, comme point terminal de l'existence, mais aussi comme forme même du processus vital. C'est cette dimension double que Jean-Paul Sartre analyse dans les lignes proposées à notre étude. Le problème posé par ce texte est donc celui de l'essence de la mort pour l'homme.
«
Quelle est la nature réelle de l'idée de la mort en nous ? Appartient -elle à la réalité
humaine ou constitue -t-elle seulement un terme final de la série existentielle ? Ce
texte est divisé en trois parties.
Dans la première (« Après...
vie humaine »), Sartre
note une métamorphose dans l'appréhension de la mort.
Dans la seco nde (« Ce
changement...
sa signification »), il met en évidence pour rendre compte de cette
métamorphose — la dualité et l'ambiguïté de la mort.
La troisième partie (« Ainsi...
inachevé »), est la réplique trait pour trait de la seconde, Sartre illustrant
concrètement, à l'aide de la musique, l'équivoque soulignée plus haut à propos de la
mort.
A – Première partie (« Après...
vie humaine »)
La première partie du texte, comme d'ailleurs l'ensemble des lignes proposées
à notre étude est, en fait, d'autant plu s complexe qu'elle opère, dans l'ensemble, non
point avec des concepts philosophiques précis et techniques, mais avec des termes du
langage courant et quotidien, qui, néanmoins, doivent être délimités et explicités avec
précision.
Ainsi en est -il du mot « mort », qui apparaît dès le début et qui constitue la
donnée de base et le problème du texte.
Comment comprendre cette notion de mort,
centre même, dans ces lignes, des analyses de J. -P.
Sartre ? En fait, il semble que la
mort ne soit pas définie, dans not re texte, de manière identique et simple : dans la
première phrase, elle s'apparente au décès, elle est proche d'un phénomène
biologique imputable au physique de l'homme, ainsi qu'à sa finitude empirique.
La
mort désigne un événement terminal biologique.
B ien au contraire, quand Sartre
esquisse, plus loin, l'idée d'une mort intérieure, cette dernière se présente comme
forme psychologique de notre vie, et non plus comme décès (mort = fond psychique
de mon être, irréductible au décès empirique).
Dans le début de notre texte, c'est précisément le phénomène événementiel qui
se dessine l'événement corporel, nous dit Sartre, est longtemps apparu comme ce qui
semble ne pas appartenir à la nature ou à la condition de l'homme (« l'inhumain »), ce
qui ne se rattache p as à son essence d'existant se transcendant dans le monde et y
dessinant sa figure : le phénomène de la mort, en effet, semble se dérober à nous,
puisqu'il est de l'autre côté du « mur ».
Qu'est ce « mur », dont il est question dans le texte, et que Sartre a mis, lui -
même, entre guillemets.
Il était déjà question du « mur », dans une célèbre nouvelle
de Sartre, qui date de 1939 : Pablo, dans cet écrit, est un homme qu'on va fusiller et
qui voudrait, précisément, jeter sa pensée de l'autre côté de la barrièr e, de l'autre côté
de l'existence, de manière à concevoir, au -delà de cette limite, sa propre mort.
Or cette
projection est impossible.
Le mur symbolise donc ici une barrière, limite au -delà de
laquelle la vie n'est plus donnée.
En avant du « mur » se situ ent l'humain et son destin
et, au -delà, il n'y a plus rien.
Pendant longtemps, la mort a donc été pensée comme
extérieure à la condition humaine et comme « donnée » au -delà de toute humanité,
comme résistant ainsi à toute pensée ou conceptualisation.
Ainsi Pablo, dans la
nouvelle, ne pouvait -il penser sa mort : la mort n'était qu'un Rien, ce qui n'existe pas
(puisque correspondant à la limite et à la borne de la condition humaine).
Mais « on » a finalement reconsidéré cette position existentielle concernant la
mort.
Qui est ce « on » ? Le langage de Sartre est ici bien allusif.
En fait, Sartre fait ici
allusion à un certain nombre de tentatives, soit poétiques, soit littéraires, soit
philosophiques pour « récupérer » l a mort et en faire un terme appartenant à la série
existentielle : « on », ce sont soit des écrivains comme Rilke ou Malraux, soit des
philosophes comme Heidegger : toute une culture s'est, en effet, efforcée de faire de la
mort (inatteignable) mon bien et la donnée de mon existence..
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