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Sans raison, serions-nous encore des hommes ?

Publié le 10/12/2010

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... comment savoir si l’homme est doué de raison en dehors de l’usage qu’il en fait ? C’est par l’usage que l’on différencie les fous des autres hommes. Mais si la raison doit être comprise comme usage alors qu’en est-il quand l’homme agit de manière déraisonnable ou pense de manière irrationnelle ? Doit-on en conclure que l’homme est inhumain dans la mesure où il ne fait pas appel à sa raison ?

« L'hypothèse étudiée dans cette partie est la suivante : la raison, propre de l'homme, peut déraisonner.

Cette position semble de prime abord paradoxale et avoir des conséquences sur notre définition de la raison. Parler de raison qui déraisonne ne paraît pas si paradoxal au regard des actions humaines qui sont loin d'être toutes guidées par la raison.

Ainsi le personnage de Créon dans Antigone de Sophocle, s'exclame à la vue des événements sordides qui s'abattent sur son existence : « Ah ! raison qui déraisonne ! ».

S'il est difficile de nier lefait que la raison soit une faculté essentiellement humaine, pour autant il est tout aussi indéniable que l'humain etl'irrationnel ne s'opposent pas nécessairement. De ce premier constat, on peut en déduire une distinction entre la raison et le raisonnable.

Ce n'est pas parce que l'homme est doué de raison qu'il est nécessairement raisonnable.

Quelle est la différence entre ces deuxétats ? Pour répondre à cette question, il faut analyser plus avant la notion de faculté, elle apparaîtra sous un autrejour une fois que la notion de puissance sera exposée.

Mais avant cela, il nous faut distinguer deux manières d'être :l'acte et la puissance.

« Enfin « Être » et « l'Être » peuvent signifier aussi, tantôt l'Être en puissance, tantôt l'Êtreen entéléchie des choses […] : nous appelons, en effet, « voyant » aussi bien ce qui voit en puissance que ce quivoit en entéléchie, « savoir » aussi bien la puissance d'actualiser son savoir que le savoir actualisé.

»(Métaphysique , Δ 7) Un peu plus loin et dans le même livre, Aristote rapproche les notions de faculté et de puissance : « Puissance se dit encore de la faculté de mener quelque chose à bonne fin ou de l'accomplirlibrement.

» Que l'homme actualise ou non la faculté rationnelle il continuera d'être doué de raison.

Et si l'oncomprend dans la proposition « la raison fait l'homme », le premier terme comme étant une faculté nonnécessairement actualisée, alors sa vérité est indéniable. A l'issue de la deuxième étape, nous pouvons avancer que la réponse à la question « Est-ce la raison qui fait l'homme ? » dépend de notre acception de la raison.

La réponse est affirmative si la raison est comprise commepuissance, elle est négative si elle est comprise en acte. Troisième partie : L'humanité en l'homme est-elle acquise ? La perspective de cette dernière partie consiste à envisager la raison mais aussi l'humanité sous un nouveau jour, après la mise en évidence de la différence entre l'acte et la puissance. L'être en puissance dénote une certaine forme d'imperfection propre à l'homme.

Comme le souligne Aristote dans le dernier livre de l' Ethique à Nicomaque , « rien de ce qui est humain ne peut être continuellement en acte.

» En ce sens, si la raison est le propre de l'homme, elle n'est aussi qu'une faculté qui suppose pour être en acte quel'être humain décide d'en faire l'usage. L'inhumanité et l'irrationalité, nous l'avons vu à travers l'extrait du roman de Dostoïevski, vont de pair.

Ne pas faire usage de sa raison, c'est faire le choix de l'irrationnel et de ce qui est contraire à notre faculté essentielle.Mais si nous nous interrogeons sur les conditions de possibilité de cette irrationalité, nous remarquerons unenouvelle fois combien la raison est indissociable de l'essence de l'homme.

En effet, pour qu'il y ait déraison, il fautqu'il y ait raison, de la même manière que pour qu'un être se comporte de manière inhumaine il faut qu'il soit humain.Les animaux ne peuvent être jugés irrationnels ou inhumains, car ils ne sont pas des hommes et ne sont pas douésde raison.

La déraison exprime un conflit interne de l'homme.

Platon, dans Phèdre , compare l'âme à un attelage.

« Je dirai qu'elle ressemble à une force composée d'un attelage et d'un cocher ailés.

Chez les dieux, chevaux et cocherssont également bons et de bonne race ; chez les autres êtres, ils sont de valeur inégale ; chez nous, le cochergouverne l'attelage, mais l'un de ses chevaux est excellent et d'excellente race, l'autre est tout le contraire et parlui-même et par son origine.

Il s'ensuit fatalement que c'est une tâche pénible et malaisée de tenir les rênes denotre âme.

» En ce sens, l'âme humaine serait tiraillée entre un principe rationnel et un principe irrationnel. Un passage des Souvenirs de la maison des morts nous renseigne non plus sur la raison mais sur la nature de. »

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