SAINT THOMAS ET LA PHILOSOPHIE DU XIIIe SIÈCLE
Publié le 03/10/2013
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Les maitres d'Oxford et de Paris
De même que l'université de Bologne se spécialisa dans le droit, celle d'Oxford s'orienta à ses débuts vers l'étude des sciences. Son chancelier Robert Grossetête (1175-1253) est l'un des très rares hellénistes de l'époque, capable de traduire !'Ethique à Nicomaque et d'autres textes grecs; mais sa curiosité est surtout scientifique; il s'intéresse aux Perspectives, c'est-à-dire aux traités d'optique des Arabes, et aperçoit l'utilité des mathématiques pour les sciences de la nature. Son disciple Roger Bacon jette les humbles bases de la science expérimentale, dont il montre la supériorité par rapport à l'argumentation; il fait penser aux stoïciens de l'Antiquité par sa théorie de l'histoire de la culture comme dégradation progressive à partir d'une révélation initiale. Né à Viterbe en 1221, le franciscain Bonaventure fut à Paris étudiant, puis professeur, avant de finir supérieur général de son ordre et cardinal. Il a lu Aristote, qu'il cite copieusement dans son Commentaire des Sentences; mais il lui préfère Platon, et, au-dessus de tous, il place saint Augustin. De fait, son Itinéraire de l'esprit vers Dieu reproduit fidèlement le dessein et le déroulement de la dialectique ascendante augustinienne; l'ouvrage fut composé en 1259 sur le mont Alverne, au lieu même où saint François d'Assise
«
naturelle, parvinrent eux aussi en deux temps : à la fin du
xne siècle, un groupe de traducteurs dont le centre est
Tolède donne une version latine de leurs traductions
arabes, et traduisent en même temps des commentaires
arabes imprégnés de néoplatonisme; au x111e siècle enfin,
Robert Grossetête et surtout, sur la demande de saint Tho
mas d'Aquin, Guillaume de Moerbeke exécutent des tra
ductions directement sur le texte grec.
Grâce à cet effort
progressif,
on dispose maintenant en latin de la quasi
totalité des œuvres d'Aristote.
L'engouement aristotélicien
qui s'ensuivit fut tel que les tenants de la tradition augus
tinienne s'en alarmèrent; le concile de Paris interdit en
1210 qu'Aristote fasse l'objet de « leçons >>; mais cette
prescription est progressivement adoucie, et la théologie
pourra bientôt bénéficier de l'instrument incomparable
procuré par la philosophie d'Aristote.
En même temps qu'ils ont accès à l'aristotélisme, et sou
vent d'ailleurs pas la même voie, les hommes du x1ne siècle
prennent connaissance de certaines philosophies médiévales
extérieures au monde latin.
Vers la fin de !'Antiquité, la
culture grecque, dans le sillage du christianisme, s'était
diffusée en Mésopotamie et en Syrie, et beaucoup de textes
classiques avaient été traduits en syriaque; l'implantation
de l'hellénisme se poursuit quand l'islamisme remplace le
christianisme dans ces régions; des traductions arabes sont
confectionnées, soit directement sur le texte grec, soit simple
ment sur sa traduction syriaque.
Dans l'héritage grec ainsi
transmis, Aristote occupe une place de choix; on accrédite
même sous son nom des écrits apocryphes, comme la Théo
logie d'Aristote, compilation tirée des Ennéades de Plotin,
et le Liber de causis, proche parent des Eléments de théologie
de Proclus; il en résulte que l'aristotélisme tel que se le
représenteront les Arabes sera mêlé d'éléments néoplato
niciens.
Les premiers grands philosophes arabes sont des
aristotéliciens.
Ainsi, vivant à Bagdad au.x ixe et xe siècles,
al-Kindi et al-Fârâhi; le premier a une curiosité trop vaste
pour bien dominer son savoir; mais le second traduit et
commente Porphyre et l'Organon aristotélicien; il entreprend.
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