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SAINT-PIERRE, Michel de Grosourdy, marquis de (analyse critique de l'oeuvre)

Publié le 13/10/2018

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SAINT-PIERRE, Michel de Grosourdy, marquis de

 

(1916-1987). Né à Blois, fils d’officier, Michel de Saint-Pierre fait scs études chez les Eudistes et à l'institut catholique. D'abord manœuvre, puis matelot (cf. la Mer à boire, 1951), médaillé militaire, il se consacre, après 1945, à une carrière de romancier, sous le patronage de La Varende et de Montherlant. Les Aristocrates (1954, grand prix du roman de l’Académie française 1955) illustrent bien sa devise : « Me compromettre ». Une division binaire traverse en effet l’œuvre de ce rebelle respectueux des valeurs qu'il conteste; la noblesse (les Aristocrates), la vocation d’écrivain (les Écrivains, 1957), l’autorité paternelle (Ce monde ancien, 1948, ou la Nouvelle Race, 1961, enquête sur la jeunesse suivie de la Jeunesse et l’Amour, 1970) la science moderne (Docteur Erikson, 1982), l’institution judiciaire (le Double Crime de l’impasse Salomon, 1984) sortent de ses romans à la fois malmenées et grandies.

« soi-même» (cf.

Montherlant, 1949), ce sanguin, amateur de sports violents canalisant l'énergie vitale, ne trouve la réconciliation que dans l'inconditionnelle obéissance.

D'où le ton d'un ensemble d'ouvrages traitant de problè­ mes religieux, les Murmures de Satan (1959), les Nou­ veaux Prêtres (1964), Sainte Colère (1965), la Passion de l'abbé Delance (1978), donnant éloquemment la parole aux tenants de l'aggiornamento mais se rangeant sous l'autorité de Rome, voire de la tradition.

Car cette œuvre se développe sous la fascination du pouvoir dans ses figures les plus diverses : emprise spirituelle du curé d'Ars (la Vie prodigieuse du curé d'Ars, 1959), volonté de puissance d'un P.-D.G.

(le Milliardaire, 1970) ou du jeune militarisme israélien (Sur les ailes de l'aigle, 1975).

Jamais la dichotomie n'apparaît mieux que dans cette analyse de l'« âme russe» qu'est le Drame des Romanov (1971), miroir de ses propres contradictions : «Son besoin effréné de réformes [ ...

] et sa résistance à toute réforme d'où qu'elle vienne et quelle qu'elle soit ».

Mais ces oppositions s'évanouissent dans la « conni­ vence » entre 1' auteur et la nature.

Avec son œil de chas­ seur, il la peint, cette nature, dans toutes les nuances du jour et des saisons, observant avec humour manoirs croulants, salles d'armes, galeries d'ancêtres, saisissant couleurs, mouvements et formes en des phrases courtes relevées d'images tantôt précieuses ( « ces nuages pas­ sant au fil du ciel comme des cygnes endormis » ), tantôt cocasses : « La rosette luit à sa boutonnière comme un feu de position» (Dieu vous garde des femmes, 1955).

La profusion même de ces notations témoigne d'un plaisir d'écrire, trait sans doute le plus attachant de cet amou­ reux de la langue française.. »

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