Devoir de Philosophie

Saint Augustin: D'où vient le mal ?

Publié le 17/04/2009

Extrait du document

augustin
« Dans le voisinage de nos vignes était un poirier chargé de fruits qui n'avaient aucun attrait de saveur ou de beauté. Nous allâmes, une troupe de jeunes vauriens, secouer et dépouiller cet arbre, vers le milieu de la nuit, ayant prolongé nos jeux jusqu'à cette heure, selon notre détestable habitude, et nous en rapportâmes de grandes charges, non pour en faire régal, si toutefois nous y goûtâmes, mais ne fût-ce que pour les jeter aux pourceaux : simple plaisir de faire ce qui était défendu. L'âme devient adultère, lorsque, détournée de vous, elle cherche hors de vous ce qu'elle ne trouve, pur et sans mélange, qu'en revenant à vous. Ceux-là vous imitent avec perversité, qui s'éloignent de vous, qui s'élèvent contre vous. Et toutefois, en vous imitant ainsi, ils montrent que vous êtes le créateur de l'univers, et que vous ne laissez aucune place où l'on puisse se retirer entièrement de vous. Et moi, qu'ai-je donc aimé dans ce larcin ? En quoi ai-je imité mon Dieu ? Faux et criminel imitateur ! Ai-je pris plaisir à enfreindre la loi par la ruse, au défaut de la puissance ; et, sous les liens de la servitude, affectant une liberté boiteuse, ai-je trouvé dans la faculté de violer impunément la justice une ténébreuse image de la Toute-puissance ? C'est l'esclave qui fuit son maître et n'atteint qu'une ombre ! O corruption ! Ô monstre de vie ! Ô abîme de mort ! Ce qui était illicite a-t-il pu me plaire, et par cela seul qu'il était illicite ? » Saint Augustin, Les Confessions, Livre II Chapitres 4 et 6

HTML clipboardD’où vient le mal ? Dans cet extrait de ses « Confessions «, longue méditation qui a pour thème sa propre vie, Augustin d’Hippone tente de trouver une réponse en examinant plus particulièrement un épisode de son enfance à Thagaste, près de Carthage, au cours duquel il est entraîné à voler des poires par un groupe d’amis. Sachant que Dieu a par définition créé toutes les choses bonnes, le mal ne peut avoir qu’une origine humaine. Mais l’homme peut-il vouloir commettre le mal ? Et si oui, le fait-il selon l’adage socratique « par ignorance « ou peut-il vouloir le mal pour le mal ? C’est cette dernière hypothèse qu’Augustin d’Hippone examine ici.  

Liens utiles