Sagesse et folie sont - elles réellement incompatibles ?
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
Première partie : Le délire comme voie de la connaissance
Deuxième partie : Nietzsche et la déraison comme retour à la Vérité originaire
Troisième partie : L'anti psychiatrie et la folie comme « expérience transcendantale «
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Troisième partie : L'anti psychiatrie et la folie comme « expérience transcendantale »
a) Prolongeant la critique nietzschéenne de la raison et s'appuyant sur les apports de la psychanalyse, des penseurscontemporains ont entrepris de réhabiliter la folie clinique en tentant de montrer que son conflit avec la raison seplacerait au sein d'une logique des relations entre le vécu et l'impensé.
La déraison de la folie serait l'expression dela logique symbolique, de l'inconscient qui constitue le fond de notre être.
Ainsi la folie est « une nuit qui est celle,sans doute, de la déraison classique, cette triple nuit où s'enfermait Oreste.
Mais dans cette nuit l'hommecommunique avec ce qu'il y a de plus profond en lui, et de plus solitaire » (Foucault).
b) Selon Laing et D.
Cooper, la folie ne peut se comprendre que dans une optique existentielle et sociale.
L'hommeest profondément aliéné, et la folie est le passage du moi (de l'ego) au soi, qui n'est pas nécessairement uneffondrement et un naufrage, car la folie « peut être libération et renouveau aussi bien qu'esclavage et mortexistentielle ».
Dans la folie l'homme « fait l'expérience transcendantale de la perte de l'ego ».
Brisant ce dernier, ellequitte « ce monde-ci » et pénètre dans un autre monde, le monde intérieur, monde du divin et du sacré.
Ainsi ladéraison nous apprend à déstructurer notre ego normal, « ce faux moi savamment adapté à notre réalité socialealiénée », à provoquer « l'émergence des archétypes intérieurs », et à susciter « une re-naissance et une re-création d'une nouvelle fonction de l'ego où le moi ne trahisse plus le divin mais le serve » (R.D.
Laing).
Ici encore, lafolie serait une sagesse.
c) Une telle thèse ne paraît cependant devoir être acceptée qu'avec la plus extrême circonspection.
Elle ne sauraitavoir une valeur générale, de nombreuses formes de folie ayant, semble-t-il, des causes purement physiologiques.Faut-il voir dans la folie de Nietzsche une déstructuration de son ego, ou un accident brutal d'une syphilisquaternaire ?
conclusion
Les analyses de la « fureur », chez Platon, de l' « illogique », chez Nietzsche, et des psychoses, dans l'écoleantipsychiatrique, nous montrent qu'il est possible de considérer que la sagesse et la folie sont compatibles : lafolie, sous certaines de ses formes, serait une voie nous menant à cet « Inconnu auquel se heurte l'intelligence danssa passion paradoxale » (Kierkegaard), qu'il soit compris comme Dieu, comme le Devenir du monde ou comme l'êtreprofond de l'homme, en lequel l'homme même s'abolit..
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