ROUSSEAU: les passions permises et défendues
Publié le 27/02/2008
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DIRECTIONS DE RECHERCHE • Pourquoi Rousseau fait-il le recensement de ce qui nous est défendu par la nature, par la raison, par la conscience ? Est-ce nécessaire à son argumentation ? Si oui, en quoi ? • Les exemples invoqués dans la dernière phrase du texte nous éclairent-ils ? Si oui, en quoi ? Constituent-ils des preuves de ce qu'avance Rousseau ? • Rousseau parle de « passions « et de « sentiments «. Ces deux termes ont-ils le même sens pour lui ? Si oui quel sens précis doit-on accorder ici à « sentiments « et « passions « ? Ces termes peuvent-ils être pris en d'autres acceptions ? • Pour quelles raisons (explicites ou implicites) Rousseau soutient-il que « tous sentiments que nous dominons sont victimes ; tous ceux qui nous dominent sont criminels « ? • Que pensez-vous de l'affirmation de Rousseau « Il ne dépend pas de nous d'avoir ou de n'avoir pas de passions, mais il dépend de nous de régner sur elles « ? Quel est ce « nous « qui peut avoir des passions mais non être (en quelque sorte) une passion ? • Que veut faire apparaître Rousseau ? En quoi ce texte a-t -il un intérêt philosophique ?
Éléments de l’introduction :
- Rousseau aborde le thème des passions, plus précisément, de leur statut moral.
- Il répond au problème suivant : dans quelle mesure est-on responsable de ses passions ?
- Les enjeux du texte sont les suivants : s’il s’avère que nous ne sommes pas responsables de nos passions, ne faut-il pas alors admettre que céder à toutes nos pulsions est permis ? A l’inverse, si nous en sommes responsables, comment alors ne pas mourir sous le poids écrasant de la culpabilité ? L’enjeu est donc de situer notre responsabilité vis-à-vis des passions entre ses deux extrêmes.
- Il défend la thèse selon laquelle nous ne sommes pas responsables du fait toujours légitime d’avoir des passions. Savoir les dominer dans l’action est en revanche notre responsabilité.
- (Plan du texte) L’argumentation s’articule en deux moments : le premier examine la légitimité des passions en tant que telles. Le second fonde la responsabilité dans le rapport de l’action aux passions.
«
La troisième interdiction est posée par la conscience et a rapport à la tentation : celle-ci s'impose à nous sans quenous puissions y faire quoi que ce soit.
La conscience ne peut donc pas défendre d'être tentés.
En revanche, noussommes libres d'être vaincus ou non par elles.
Etre vaincu signifierait perdre sa liberté face à ce qui nous tente, neplus pouvoir résister : ce cela qui est défendu par la conscience.
Transition :Par conséquent, ni la nature, ni la raison, ni la conscience ne peuvent nous défendre d'avoir des passions : ladistinction entre bonnes et mauvaises passions ne se situe donc pas dans un partage entre les passions défendueset les passions permises.
Toutes les passions, à ce stade du raisonnement, sont permises.
Rousseau doit pourtantmaintenir une distinction entre les bonnes et les mauvaises.
Le second moment de son argumentation va établir unnouveau critère.
II – La responsabilité de l'action « Il ne dépend pas de nous d'avoir ou de n'avoir pas des passions, mais il dépend de nous de régner sur elles.
»,affirme Rousseau.
La différence entre les bonnes et les mauvaises passions va donc se situer entre ce qui dépend etce qui ne dépend pas de nous.
La légitimité d'un sentiment n'est pas une légitimité en-soi mais tient au fait quenous dominions nos sentiments.
Dominer ses sentiments, cela signifie ne pas y céder, c'est-à-dire, ne pas laisser lessentiments diriger notre volonté et nos actions : le critère de légitimité relève donc du domaine de l'action.
C'estparce qu'il établit ce critère pratique que Rousseau peut réintroduire le couple conceptuel légitime / criminel quiappartient au registre du droit.
Ce ne sont pas les passions mais les choix qui déterminent nos actions qui peuventêtre criminels.Cette partie du raisonnement présuppose que nous sommes libres de nous opposer à nos passions.
Les passionspeuvent bien influer sur notre comportement, sur nos choix et actions, pour autant que nous restions libres de nousy opposer.
Rousseau n'interroge pas l'hypothèse selon laquelle les passions seraient tellement prégnantes que nousne serions même plus libres de les maîtriser.
Il présuppose donc que nous le sommes.Il agrémente enfin son argumentation d'un exemple qui lui permet d'introduire la notion de responsabilité au traversdu terme « culpabilité ».
Ce dont nous sommes responsables, c'est le maintient de notre domination sur les passions.Si celle-ci est renversée, alors nous sommes coupables d'avoir laissé les passions prendre le dessus.
Éléments de conclusion : Il n'y a pas de distinction au sein même des passions : aucune n'est bonne ou mauvaise en soi.
Aussi ne sommesnous pas responsables du fait d'avoir des passion.
En revanche, nous sommes responsables de nos actions, dans lesens où il nous est défendu de nous laisser dominer par nos passions.
Il y a donc bien finalement un partage entreles bonnes et les mauvaises passions, mais celui-ci se situe dans le rapport que nos actions entretiennent avec nospassions.
Nous ne sommes alors jamais coupables d'avoir des passions, mais, dans la mesure où nous sommesresponsables de nos actions, nous pouvons être coupable de céder ou nos aux passions.
La morale se trouve danscette perspective cantonnée à l'action.
ROUSSEAU (Jean-Jacques). Né à Genève en 1712, mort à Ermenonville en 1778. Il n'est pas dans notre propos de résumer la vie de Rousseau, sou séjour aux Charmettes chez Mme de Warens, àMontmorency chez Mme d'Épinay, ses travaux de musique, sa persécution par les catholiques comme par lesprotestants, son voyage en Angleterre après sa fuite de Suisse ou l'hospitalité du marquis de Girardin à Ermenonville.Non plus que la mise à l'Assistance Publique des cinq enfants qu'il eut de Thérèse Levasseur, ou sa brouille avecGrimm et Diderot.
Jean-Jacques Rousseau fut seul, chassé de partout, et c'est en méditant sur son existencemalheureuse, qu'il a pu énoncer sa doctrine de philosophe.
Sa philosophie n'est pas un système, mais une vision dela condition humaine.
— Contrairement aux Encyclopédistes, l'homme, pour Rousseau, est naturellement bon etjuste.
Il fut heureux lorsqu'il vivait sans réfléchir, au milieu de la nature, uniquement préoccupé des soins matérielsde la vie quotidienne.
Puis, il a cherché à paraître, à dominer.
Il a inventé la propriété.
Sont venus l'inquiétuded'esprit, le goût du luxe, l'ambition, l'inégalité, les vices, la philosophie.
La société a corrompu l'homme, en l'élevant à.
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