Rousseau: la liberté ; le droit.
Publié le 14/01/2020
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On demande comment un homme peut être libre, et forcé de se conformer à des volontés qui ne sont pas les siennes. Comment les opposants sont-ils libres et soumis à des lois auxquelles ils n'ont pas consenti? Je réponds que la question est mal posée. Le citoyen consent à toutes les lois, même à celles qu'on passe malgré lui, et même à celles qui le punissent quand il ose en violer quelqu'une. La volonté constante de tous les membres de l'État est la volonté générale : c'est par elle qu'ils sont citoyens et libres. Quand on propose une loi dans l'assemblée du peuple, ce qu'on leur demande n'est pas précisément s'ils approuvent la proposition ou s'ils la rejettent, mais si elle est conforme ou non à la volonté générale qui est la leur; chacun en donnant son suffrage dit son avis là-dessus, et du calcul des voix se tire la déclaration de la volonté générale. Quand donc l'avis contraire au mien l'emporte, cela ne prouve autre chose sinon que je m'étais trompé, et que ce que j'estimais être la volonté générale ne l'était pas. Si mon avis particulier l'eût emporté, j'aurais fait autre chose que ce que j'avais voulu, c'est alors que je n'aurais pas été libre.
Rousseau
«
générale ».La question est donc la suivante : comment l'individu
peut-il se reconnaître dans une volonté générale qui est parfois
contraire à son « avis particulier » ? Autrement dit : comment
l'individu soumis aux lois peut-il encore se sentir un citoyen libre?
Nous sommes ici au cœur du rapport entre la « volonté de
tous » et la « volonté générale ».
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REPÉRER LE MOUVEMENT DU TEXTE
Le texte est essentiellement centré sur la notion de volonté géné
rale.
Elle est introduite par une question ( « On demande » ) à
· laquelle Rousseau apporte une réponse indirecte en déplaçant
le problème ( «je réponds que la question est mal posée » ).
La question initiale souligne l'apparente contradiction entre la
liberté de l'individu et le fait qu'il obéisse à des lois qu'il désap
prouve parfois; la réponse de Rousseau consiste à montrer com
ment la volonté générale transcende celle de l'individu; il peut
alors éprouver cette thèse en prenant le cas de l'opposition entre
l'avis particulier et la volonté générale : en la suivant l'individu
fait ce qu'il veut véritablement.
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EXPLICITER LES TERMES
-«les opposants » : il ne s'agit pas forcément des «partis
d'opposition» (Rousseau est méfiant à l'égard des partis) mais
simplement des individus qui sont en désaccord avec un texte
donné.
-« le citoyen consent à toutes les lois, même à celles qu'on
passe (qu'on vote) malgré lui» : analysez cette contradiction
apparente en vous demandant comment elle exprime, encore
aujourd'hui, /'attitude normale du citoyen.
-« La volonté constante » : c'est-à-dire permanente.
En quoi
s' oppose-t-elle à celle de l'individu particulier?
-« citoyens et libres » : pour Rousseau, les deux termes sont
rigoureusement synonymes; il n'y a de liberté réelle qu'au sein
du corps politique fondé sur le contrat social.
Autrement règne
le droit du plus fort
-«Si mon avis particulier l'eût emporté,j'aurais fait autre chose
que ce que j'avais voulu » : comment interpréter ce paradoxe à
la lumière de la « volonté générale » ?.
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