ROUSSEAU: Gouvernement et obéissance
Publié le 29/04/2005
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QUELQUES DIRECTIONS DE RECHERCHE • En quoi, selon Rousseau, « si l'on ne fait rien de plus, il y aura dans tout cela plus d'apparence que de réalité «? — Rousseau dit-il qu'il n'y aura qu'apparence ? • Que pensez-vous de la phrase : « L'autorité la plus absolue est celle qui pénètre jusqu'à l'intérieur de l'homme, et ne s'exerce pas moins sur la volonté que sur les actions. «? • Quel est ici ce « on « dont parle Rousseau ? • En quoi « Tout prince qui méprise ses sujets se déshonore lui-même «? • Que pensez-vous de la phrase: « II est certain que les peuples sont à la longue ce que le gouvernement les fait être « ? • Le texte de Rousseau engage-t-il au totalitarisme ? - La voie qu'il préconise ne peut-elle, éventuellement mener au totalitarisme ? • Pouvez-vous préciser la position de Rousseau, notamment en référence à la dernière phrase du texte ? • Finalement, qu'est-ce qui est en jeu dans ce texte ? En quoi présente-t-il un intérêt proprement philosophique ?
«
apparents.« Commander à des hommes » implique en effet que l'on commande à de véritables consciences volontaires, et nonà des sujets passifs.
L'homme a en lui une volonté et une liberté qu'il s'agit de toucher, pour qu'elles déterminent uncomportement réglé sur la loi.L'aboutissement du vrai pouvoir est résumé à la fin du texte : il s'agit d'obtenir que les citoyens fassent leur devoirsimplement parce qu' ils y songent eux-mêmes, et non en se pliant à des ordres survenant de l'extérieur, d'« en haut».
On est ici très près de ce que Kant repérera comme autonomie de la volonté.
Le rapport à la loi (même si ellen'est que politique) doit être inscrit dans le sujet lui-même, et non obtenu par contrainte.
[III – Qualité du peuple, qualité du pouvoir]
« Les peuples sont à la longue ce que le gouvernement les fait être » confirme que les qualités du peuple reflètent la nature dupouvoir (cf.
ce que dit Rousseau dans le Contrat social à propos de l'esclavage : la force fit les premiers esclaves, la lâcheté lesperpétua).Conséquence : les sujets qui sont jugés méprisables (par un prince) sont seulement des sujets qui ont été formés pour être tels ; etleur absence de valeur met en accusation le prince lui-même puisqu'il y va de sa responsabilité dans ce qu'ils sont devenus.Si donc un pouvoir est capable d'amener les citoyens à « aimer » les lois (à y adhérer d'eux-mêmes, parce qu'ils en comprennentla nécessité et la portée), cela révèle que le pouvoir en lui-même a le souci de diriger des hommes authentiques, c'est-à-direassumant leur liberté et adhérant librement au pouvoir lui-même.
Ainsi, le pouvoir lui-même bénéficie en retour de la formationdispensée aux citoyens : il s'améliore et n'a plus besoin de recourir à la coercition.
[Conclusion]
La véritable obéissance au pouvoir implique l'existence d'une conscience du devoir chez le citoyen : le vocabulaire de Rousseauest à mi-chemin entre la politique et la morale, parce qu'il considère ici que les sujets politiques doivent réagir de la même manièreque des sujets moraux.
À l'horizon se profile la célèbre affirmation selon laquelle « la véritable liberté est l'obéissance à la loiqu'on s'est prescrite» : encore faut-il que les citoyens aient la possibilité de se prescrire la loi — ce qui suppose que le pouvoirsoit bien leur représentant et dirige en leur nom.
Dans ce passage, c'est indirectement le pouvoir seulement autoritaire (lamonarchie absolue, ou tyrannie) qui, en creux, se trouve critiqué.
ROUSSEAU (Jean-Jacques). Né à Genève en 1712, mort à Ermenonville en 1778. Il n'est pas dans notre propos de résumer la vie de Rousseau, sou séjour aux Charmettes chez Mme de Warens, àMontmorency chez Mme d'Épinay, ses travaux de musique, sa persécution par les catholiques comme par lesprotestants, son voyage en Angleterre après sa fuite de Suisse ou l'hospitalité du marquis de Girardin à Ermenonville.Non plus que la mise à l'Assistance Publique des cinq enfants qu'il eut de Thérèse Levasseur, ou sa brouille avecGrimm et Diderot.
Jean-Jacques Rousseau fut seul, chassé de partout, et c'est en méditant sur son existencemalheureuse, qu'il a pu énoncer sa doctrine de philosophe.
Sa philosophie n'est pas un système, mais une vision dela condition humaine.
— Contrairement aux Encyclopédistes, l'homme, pour Rousseau, est naturellement bon etjuste.
Il fut heureux lorsqu'il vivait sans réfléchir, au milieu de la nature, uniquement préoccupé des soins matérielsde la vie quotidienne.
Puis, il a cherché à paraître, à dominer.
Il a inventé la propriété.
Sont venus l'inquiétuded'esprit, le goût du luxe, l'ambition, l'inégalité, les vices, la philosophie.
La société a corrompu l'homme, en l'élevant àla moralité.
La vie idéale n'est pas le retour à l'état de nature ; mais elle doit se rapprocher le plus possible de la vienaturelle.
C'est le coeur qui fournit à l'homme la preuve des vérités morales et religieuses, qui lui permet de goûteraux plaisirs de la générosité, de la bienfaisance, de l'amitié.
L'enfant, naturellement bon, doit être éduqué de façon«négative».
Il faut laisser libre cours à son propre développement.
Rousseau prône les vertus de l'intuition et del'émotion.
— Le fondement de toute société, c'est le contrat social, par lequel chaque contractant renonce à sapropre liberté au profit de la communauté, et se soumet à la volonté générale.
Rousseau pose ainsi le principe de lasouveraineté populaire.
Tant en littérature qu'en philosophie ou en politique (la Révolution française le revendiqua),l'influence de Rousseau fut considérable.
Il a véritablement transformé la sensibilité humaine..
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