ROUSSEAU et le langage
Publié le 19/03/2009
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Rousseau traite dans ce texte du problème de l'origine du langage humain, ainsi que des rapports qu'il convient d'établir entre le processus de formation du langage et le processus de formation de la communauté. À la même époque, les Encyclopédistes, singulièrement Condillac, avaient résolu ce problème en optant pour l'hypothèse d'une origine intellectuelle du langage : la création de celui-ci s'expliquerait par un accord intervenu entre les hommes sur un système de conventions arbitraires, ce qui suppose une antecedence de l'organisation communautaire sur l'institution du langage. C'est cette supposition que conteste ici Rousseau, en faisant valoir que la possibilité d'un tel accord, préalable à la constitution d'un langage, suppose elle-même que les humains aient pu par le langage communiquer leurs idées.
- Introduction
Présentation de la thèse rousseauiste sur l'origine du langage Son rapport à la question de l'origine des sociétés
- I. Étude ordonnée du texte
1. L'hypothèse d'un langage d'avant le langage a. le cri : un langage qui n'en est pas un b. l'expression des passions 2. Le développement de l'expressivité du langage a. le perfectionnement du langage primitif et la formation du lien social b. le geste, plus expressif que la parole 3. Le langage articulé et conventionnel a. pourquoi le langage articulé s'est-il substitué au langage gestuel ? b. la nécessité d'un consentement commun
- II. Intérêt philosophique du texte
1. Mise en perspective de son enjeu en référence à Platon et Saussure 2. Langue et communauté

«
l'ordre des besoins, puis ce qui est de l'ordre des passions, enfin ce qui est de l'ordre de la raison.
Cris et gestesrelèvent encore des besoins; la voix et ses accents vont avec les passions.
Un autre langage convient à la raison.D'où l'idée rousseauiste qu'en dehors du langage des gestes, il y a deux types de langue.
Celle, tout d'abord, quivise à persuader, composée surtout de voyelles, où les sons existent à peine articulés, et qui se rapproche du chantde la musique, et de la poésie.
Celle, ensuite, qui vise à convaincre et qui est aujourd'hui la langue que nousconnaissons.
Elle est certes composée de voyelles mais les consonnes s'y multiplient.
Les sons sont nettementarticulés.
Elle est simple et méthodique, et vise le sens propre plus que le sens figuré.
Et, s'interrogeant sur lapossibilité d'une langue mère, d'une première langue « naturelle », Rousseau lui donne les caractéristiques de lalangue de la passion.
Tous les tours de cette langue devraient être en images, en sentiments, en figures :« Comme les voix naturelles sont inarticulées, les mots auraient peu d'articulations ; quelques consonnesinterposées effaçant l'hiatus des voyelles suffiraient pour les rendre coulantes et faciles à prononcer.
En revanche,les sons seraient très variés, et la diversité des accents multiplierait les mêmes voix : la quantité, le rythme seraientde nouvelles sources de combinaisons ; en sorte que les voix, les sons, l'accent, le nombre, qui sont de la nature,laissant peu de chose à faire aux articulations qui sont de convention, l'on chanterait au lieu de parler.
»L'originalité de Rousseau est d'avoir montré le lien entre la parole et la passion d'une part, le geste et le besoind'autre part.
La vraie parole est poétique et musicale.
Elle est tout aussi éloignée des premiers gestes et cris de lanature que du langage de l'homme civilisé qui porte la marque des besoins.
Comme tout poète, Rousseau sembleappeler de ses voeux une résurrection de l'antique transparence du langage et des sentiments.
Les linguistes ont tenté de résoudre le dilemme, souligné par Rousseau, du passage des signes imitatifs aux signesproprement linguistiques, en invoquant les lois de la bonne articulation et de l'économie.
Les langues auraient évoluédans le sens de l'articulation la plus pertinente, c'est-à-dire la plus facile et par élimination de tout le superflu.
Lesphonèmes (plus petites unités distinctives de son) sont des éléments non significatifs, mais il est possible decomposer, à partir d'un petit nombre d'entre eux, un très grand nombre de signes.
ROUSSEAU (Jean-Jacques). Né à Genève en 1712, mort à Ermenonville en 1778. Il n'est pas dans notre propos de résumer la vie de Rousseau, sou séjour aux Charmettes chez Mme de Warens, àMontmorency chez Mme d'Épinay, ses travaux de musique, sa persécution par les catholiques comme par lesprotestants, son voyage en Angleterre après sa fuite de Suisse ou l'hospitalité du marquis de Girardin à Ermenonville.Non plus que la mise à l'Assistance Publique des cinq enfants qu'il eut de Thérèse Levasseur, ou sa brouille avecGrimm et Diderot.
Jean-Jacques Rousseau fut seul, chassé de partout, et c'est en méditant sur son existencemalheureuse, qu'il a pu énoncer sa doctrine de philosophe.
Sa philosophie n'est pas un système, mais une vision dela condition humaine.
— Contrairement aux Encyclopédistes, l'homme, pour Rousseau, est naturellement bon etjuste.
Il fut heureux lorsqu'il vivait sans réfléchir, au milieu de la nature, uniquement préoccupé des soins matérielsde la vie quotidienne.
Puis, il a cherché à paraître, à dominer.
Il a inventé la propriété.
Sont venus l'inquiétuded'esprit, le goût du luxe, l'ambition, l'inégalité, les vices, la philosophie.
La société a corrompu l'homme, en l'élevant àla moralité.
La vie idéale n'est pas le retour à l'état de nature ; mais elle doit se rapprocher le plus possible de la vienaturelle.
C'est le coeur qui fournit à l'homme la preuve des vérités morales et religieuses, qui lui permet de goûteraux plaisirs de la générosité, de la bienfaisance, de l'amitié.
L'enfant, naturellement bon, doit être éduqué de façon«négative».
Il faut laisser libre cours à son propre développement.
Rousseau prône les vertus de l'intuition et del'émotion.
— Le fondement de toute société, c'est le contrat social, par lequel chaque contractant renonce à sapropre liberté au profit de la communauté, et se soumet à la volonté générale.
Rousseau pose ainsi le principe de lasouveraineté populaire.
Tant en littérature qu'en philosophie ou en politique (la Révolution française le revendiqua),l'influence de Rousseau fut considérable.
Il a véritablement transformé la sensibilité humaine..
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