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Rousseau, Emile (texte extrait du livre IV)

Publié le 11/04/2012

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L’Emile ou de l’éducation est un ouvrage de Rousseau publié en 1762. Ce passage est un extrait de la profession de foi du vicaire Savoyard -où sont traités les thèmes de la morale, de la sexualité et de la religion- et Rousseau s’interroge plus particulièrement ici sur l’existence, en se demandant quel pourrait être le critère de connaissance du moi et du non-moi. Selon lui, la causalité doit être le seul critère de distinction entre mon existence et celle de l’univers. Peut-on alors dire qu’il y a un sentiment du moi dans les sensations ? Pourquoi établir la causalité comme critère de connaissance du moi et de ce qui est hors de moi ? Dans un premier temps, Rousseau établit une problématique, un « doute « suscité par l’existence du moi et des sens (lignes 1 à 6), ce qui l’amène dans un deuxième temps à distinguer le moi et les choses extérieures au moi (lignes 7 à 10). Dans une dernière étape, il prévoit les limites et les spéculations sur sa thèse, en la mettant en perspective avec deux grandes tendances de son temps : idéalisme et matérialisme (lignes 8 à 15).

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« pas de sensation du moi.

Et c’est par la connaissance du moi, donc de ce dont je suis la cause, que l’on peut établir ce qu’est le non-moi : tout ce dont je ne suis pas la cause. Que penser, suite à cela, de l’idéalisme et du matérialisme ? Dans cette dernière étape, Rousseau anticipe les spéculations que l’on pourrait opposer à sa thèse ce qui lui permet de la préciser en la mettant en perspective avec des arguments idéalistes et matérialistes. Quand bien-même cette cause externe ne serait que fiction immatérielle que perception, elle n’en reste pas moins extérieure au moi puisque celui-ci n’en est pas la cause.

Cela prouve donc que cette cause existe quelle que soit sa nature, malgré les objections possibles de l’idéalisme.

Rousseau faisait plus particulièrement ici référence à la philosophie de Berkeley, bien que celui-ci soit mort avant la publication du livre).

Le bon critère n’est pas la perception mais la causalité. Par ailleurs, ne peut être appelé « matière » que ce qui est hors du moi.

Il existe donc, en plus du moi, de la matière, des « portions » de matière constituant des êtres, des « corps ».

Contrairement à ce que disent les matérialistes (et plus précisément La Mettrie), tout n’est pas que matière, le moi n’est pas matière.

On ne peut être certain de l’existence du moi par la matière, mais au contraire c’est le moi qui permets de prouver l’existence de la matière.

L’expérience sensible est prise pour critère de vérité chez les matérialistes. C’est pourquoi selon Rousseau, le conflit entre idéalisme et matérialisme est inapproprié et n’a pas lieu d’être : les deux se trompent sur le critère de l’existence du moi et du non-moi.

Ils portent leurs recherches sur l’apparence et la réalité du corps, quand ils devraient partir de la causalité pour établir l’existence du moi, et ainsi, celle de tout ce qui est autre que le moi : « l’univers ». Nous avons donc vu que l’on peut établir l’existence du moi selon le critère de la causalité : le moi est tout ce dont je suis la cause.

Or puisqu’il existe des choses, telles que les sensations par exemple, dont je ne suis pas la cause, c’est qu’il existe des causes hors de moi pour les susciter.

Je constate mon existence par la causalité ce qui m’amène à constater également l’existence de l’univers, c’est-à-dire tout ce qui est extérieur à moi.

Les sentiments ne proviennent pas du moi, mais ils permettent d’en certifier l’existence.. »

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