ROUSSEAU: Comment réprimer la passion même la plus faible quand elle est sans contrepoids
Publié le 26/04/2005
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Comment réprimer la passion même la plus faible quand elle est sans contrepoids ? Voilà l'inconvénient des caractères froids et tranquilles. Tout va bien tant que leur froideur les garantit des tentations; mais s'il en survient une qui les atteigne, ils sont aussitôt vaincus qu'attaqués, et la raison qui gouverne tandis qu'elle est seule, n'a jamais de force pour résister au moindre effort. Je n'ai été tenté qu'une fois et j'ai succombé. Si l'ivresse de quelque autre passion m'eût fait vaciller encore, j'aurais fait autant de chutes que de faux pas : il n'y a que des âmes de feu qui sachent combattre et vaincre. Tous les grands efforts, toutes les actions sublimes sont leur ouvrage ; la froide raison n'a jamais rien fait d'illustre et l'on ne triomphe des passions qu'en les opposant l'une à l'autre. Quand celle de la vertu vient à s'élever, elle domine seule et tient tout en équilibre ; voilà comment se forme le vrai sage, qui n'est pas plus qu'un autre à l'abri des passions, mais qui seul sait les vaincre par elles-mêmes, comme un pilote fait route par les mauvais vents. ROUSSEAU
Articulation de l'argumentation: Première observation: une passion ne peut être réprimée que par un "contrepoids". Seconde observation: ce contrepoids ne peut être la raison (qui n'a pas "assez de force"), mais seulement une autre passion. Une conséquence: ce sont les êtres les plus passionnés (ceux que Rousseau nomme les "âmes de feu"), ceux qui sont en proie au plus grand nombre de passions, qui sont les mieux à même de maîtriser leurs passions et, par là, d'atteindre à la sagesse. En effet, les êtres faiblement passionnés (les "caractères froids et tranquilles, peu habitués aux passions, y succomberont plus facilement.
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