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ROUSSEAU: Comment le suffrage individuel peut-il se tromper dans le repérage de la volonté générale ?

Publié le 13/09/2018

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rousseau

On demande comment un homme peut être libre, et forcé de se conformer à des volontés qui ne sont pas les siennes. Comment les opposants sont-ils libres et soumis à des lois auxquelles ils n’ont pas consenti ? Je réponds que la question est mal posée. Le citoyen consent à toutes les lois, même à celles qu’on passe malgré lui, et même à celles qui le punissent quand il ose en violer quelqu'une. La volonté constante de tous les membres de l'État est la volonté générale : c’est par elle qu’ils sont citoyens et libres. Quand on propose une loi dans l’assemblée du peuple, ce qu’on leur demande n’est pas précisément s'ils approuvent la proposition ou s’ils la rejettent, mais si elle est conforme ou non à la volonté générale qui est la leur ; chacun en donnant son suffrage dit son avis là-dessus, et du calcul des voix se tire la déclaration de la volonté générale. Quand donc l’avis contraire au mien l’emporte, cela ne prouve autre chose sinon que je m’étais trompé, et que ce que j’estimais être la volonté générale ne l’était pas. Si mon avis particulier l’eût emporté, j’aurais fait autre chose que ce que j’avais voulu, c'est alors que je n’aurais pas été libre.

 

ROUSSEAU

Le problème ici traité par Rousseau est clairement cerné dans les deux premières phrases du texte : comment l’individu, membre d’une société politique, peut-il être libre, alors qu’il se trouve obligé d’obéir à des lois qu’il n’approuve pas ? Une telle situation ne met-elle pas en lumière une difficulté fondamentale de l’existence politique — telle qu’elle justifierait toutes les positions qui, sous prétexte de défendre la liberté de l’individu, entreprendraient de contester l’État lui-même (positions qui n’apparaîtront massivement qu’au xix' siècle avec les théoriciens de l’anarchie) ?

 

Une telle question, selon Rousseau, est en réalité « mal posée >>. Comprenons qu’elle utilise des termes qui ne sont pas adéquats à la situation que l’on prétend décrire. Il est notable que Rousseau, en effet, substitue immédiatement le mot « citoyen >> à celui d’« homme >>, puis évoque les « membres de l’État >>. Ce passage de l’<< homme >> au « citoyen >> n’est pas un jeu sur des synonymes : les deux termes doivent être au contraire soigneusement distingués ; s’il est en effet possible de concevoir un « homme >> hors de tout État, le citoyen se définit essentiellement ou fondamentalement comme « membre de l’État >>.

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« le pronom personnel «je>> (« j'a urais fait autre chose que ce que j'avais voulu >> ).

• Pièges à éviter - Ne pas livrer tel quel un résumé de ce que vous connaissez du Contrat social.

Les allusions que vous pouvez y faire doivent être justi­ fiées par le texte que vous commentez.

- Il s'a git ici d'un texte qui ne concerne que la liberté et sa relation avec la loi, telle que la volonté générale 1' établit : inutile de commencer par un « résumé >> de la philosophie politique de Rousseau.

- La dernière phrase fait allusion à une fausse liberté, ou à une appa­ rence de liberté : comment articuler cette dernière (y compris en la nom­ mant autrement) à la liberté réellement politique ? • Plan Introduction 1.

Qu'es t-ce qu'un citoyen ? II.

Repérage de la volonté générale III.

Liberté et > Conclusion CORRIGÉ [Introduction] Dans la société, telle qu'elle est juridiquement organisée, il arrive que l'in dividu se trouve en désaccord avec une loi, et puisse en conséquence être tenté de ne pas la respecter.

Plus généralement, toute loi, telle qu'elle est formulée par le pouvoir législatif, mécontente, presque par principe, une partie de la population -celle qui correspond à une minorité dans l'o pinion, si l'on admet que c'est précisément l'avis de la majorité qui est représenté par le pouvoir législatif.

Par rapport à de telles situations, Rousseau affirme ici que les > à une telle loi sont malgré tout libres, et qu'i ls trouvent confirmation de leur liberté en obéissant à la loi même qu'ils désapprouvent.

Une telle affirmation, à première vue para­ doxale, mérite d'être justifiée, et c'e st bien ce que Rousserau entreprend, en rappelant ce que doit être, en quelque sorte par définition, un citoyen authentique, et comment la loi est définie de telle façon qu'il ne peut fina­ lement que 1' approuver.. »

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