Rousseau
Publié le 18/04/2013
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« Cned –7PH00CTPA0612 2/5 Avertissement : Le corrigé qui vous est présenté rend explicite la structure logique de l’explication de texte philosophique en indiquant en marge les grands moments du travail àeffectuer. Nous l’avons fait par souci de pointer explicitement ces étapes pour que vous puissiez yporter une attention particulière tout au long de votre préparation àl’examen. Expliquer un texte, c’est d’abord éclairer son objet, le problème qu’il affronte, et la thèse qu’il exprime (la position de l’auteur). C’est ensuite s’attacher à l’essentiel de l’argumentation, et aux ressorts de lathèse. Enfin, c’est mettre en question cette thèse. S’inquiéter de savoir à quel problème philosophique elle tente de répondre, et sielle ne soulève pas elle-même un problème. En mesurer les limites éventuelles. Évidemment, ce corrigé n’est qu’un exemple d’explication philosophique du texte. En outre, son rédacteur prend letemps de pointer un certain nombre de connaissances et de références utiles àune compréhension plus approfondie du texte. [Introduction ] [Le problème :le rapport du gouvernement au souverain] [La structure générale de l’extrait] Dans laRépublique, l’action politique suppose un pouvoir de faire les lois, une puissance législative, et un pouvoir d’appliquer lalégislation, une puissance exécutive. Dans un État libre, c’est au peuple que revient le pouvoir de légiférer. Mais qu’en est-il du pouvoir exécutif, c’est-à-dire du gouvernement ?Est-il une partie de la souveraineté ?Celle-ci est-elle un assemblage de tous les pouvoirs ?Cependant, lelégislatif et l’exécutif ne sont-ils pas distincts par nature ?En ce cas, quel mode de relation doivent-ils entretenir ?Le pouvoir doit-il arrêter le pouvoir ?Dans notre texte, Rousseau prend appui sur une conception originale de la souveraineté pour justifier la séparation du législatif et de l’exécutif, et prescrire un lien de subordination du second àl’égard du premier. Le premier moment de notre extrait (alinéa premier) propose une métaphore qui éclaire l’action du corps politique. Le deuxième moment (alinéas deux et trois) porte sur le rôle de l’exécutif dans la République. [II. Analyse du texte] [Examen du premier moment :l’action du corps politique] «Toute action libre adeux causes qui concourent àla produire, l'une morale, savoir la volonté qui détermine l'acte, l'autre physique, savoir lapuissance qui l'exécute. »Un être livré au déterminisme de la nature physique ne peut pas agir librement. Ilest seulement passif. La liberté de l’action suppose une volonté qui échappe àla nécessité naturelle. Elle requiert une âme. Toutefois, un esprit coupé de la matière ne saurait agir sur le monde. Pour qu’une action libre puisse être accomplie, ilfaut qu’un corps exécute ce que l’âme commande. Le marcheur peut agir comme ille fait parce qu’il veut avancer, et parce qu’une force parvient àmettre son corps en mouvement. La volonté du paralytique est détachée du monde physique. Pour cette raison, elle est sans effet. Et un corps qui n’est pas ébranlé par un vouloir reste immobile. N’en est-il pas de même dans ledomaine politique ?L’État peut-il faire quelque chose sans que soient également mobilisées une volonté et une force ? Rousseau compare la République àune personne humaine, àun être qui est l’union d’une âme et d’un corps. Cette métaphore n’est pas anodine. Elle exprime une thèse portant sur l’essence de la Cité idéale. «Une Cité bien gouvernée, écrivait déjà Platon, se trouve dans une condition très voisine de celle de l’homme. »(République ,V, 462 d) Dans l’État légitime, lepouvoir législatif est au pouvoir exécutif ce que la résolution prise par un individu est àla force qui ébranle son corps. La puissance d’instituer les règles juridiques est la cause morale qui oriente la vie politique. Et la faculté d’exécuter lalégislation est lacause physique sans laquelle laloi reste sans effet. Ces deux puissances sont également nécessaires. Dans un homme, l’âme qui commande doit pouvoir agir sur lecorps. Pareillement, dans l’État idéal, ilfaut une force qui exécute une volonté, et qui produise un effet sur lecorps politique. Sur cette base, lerôle du gouvernement peut être mis au jour. [Examen du deuxième moment :lerôle du gouvernement] C’est une théorie de la souveraineté qui permet d’assigner au pouvoir exécutif la place qui lui revient dans la République. «La puissance législative appartient au peuple, et ne peut appartenir qu’à lui »écrit Rousseau. Une conception philosophique de l’homme fonde cette thèse. Dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes ,Rousseau ne définit pas l’individu par des qualités fixes et immuables qui l’emprisonneraient dans un rôle, une fonction, une tâche. L’apanage de l’homme n’est rien d’autre que la perfectibilité .Ce concept enveloppe la représentation d’une humanité qui, au départ, est seulement une virtualité. En quelque sorte, chacun devient ce qu’il est en fonction de ses choix et de son histoire. Iln’est pas destiné àêtre maître ou esclave. Contrairement àune chose, iln’est pas emprisonné dans une essence fixe. Cela signifie que la liberté est indissociable de son être. Néanmoins, son existence se déploie au cœur d’une réalité sociale. Par suite, c’est seulement en se soumettant àdes règles qu’il peut réaliser la liberté qui est attachée àsa nature. C’est ici qu’intervient la puissance législative. Dans un État. »
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