► «Rien ne nous plaît que les combats, mais non pas la victoire » Pascal
Publié le 19/03/2020
Extrait du document

« Mais quand j’ai pensé de plus près, et qu’après avoir découvert la cause de tous nos malheurs, j’ai voulu en découvrir la raison, j’ai trouvé qu’il y en a une bien effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable, que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de près. ».
« Quand je m’y suis mis quelquefois, à considérer les diverses agitations des hommes, et les périls et les peines où ils s’exposent, dans la cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, etc., j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. »
« Ils ont un instinct secret qui les porte à chercher le divertissement [...] qui vient du ressentiment de leurs misères continuelles, et ils ont un autre instinct, qui reste de la grandeur de notre première nature, qui leur fait connaître que le bonheur n’est en effet que dans lé repos et non pas dans le tumulte, et de ces deux instincts contraires, il se forme en eux un projet confus, qui se cache à la vue dans le fond de leur âme, qui les porte à tendre au repos par l’agitation. »

«
r--
Divertissement I 55
naissent tant de querelles, de passions, d'entreprises
hardies et souvent mauvaises,
etc., j'ai découvert que
tout le malheur des h·ommes vient d'une seule chose,
qui
est de ne savoir pas demeurer en repos dans une
chambre.»
Ainsi nous aimons le combat, c'est-à-dire le mouve
ment,
les passions, les buts, l'action.
Et nous n'aimons
pas la victoire, c'est-à-dire
le repos.
Nous sommes dans
la quête perpétuelle de l'action; cela signifie que nous
nous détournons du repos.
C'est ainsi
qu'on en vient au second sens du divertisse
ment.
Se divertir de quelque chose, c'est tenter de l'ou
blier.
Divertir,
c'est« détourner» de ce qui occupe, éloi
gner.
Pourquoi-les hommes ne peuvent-ils demeurer en
repos? De quoi
les détourne l'occupation, l'agitation?
Pourquoi
« passer tout le jour à courir après un lièvre
qu'ils (les chasseurs) ne voudraient
pas avoir acheté»?
Ainsi croyons-nous poursuivre un but qui nous satisfe
rait une fois atteint (la victoire,
le lièvre), alors que c'est
la poursuite elle-même qui seule nous importe (le com
bat, la chasse).
Il doit donc y avoir une raison profonde
à cette attitude aussi incohérente qu'universelle.
Il doit
y avoir quelque chose dont l'agitation nous détourne,
qu'elle nous permet d'oublier:
« Ce lièvre ne nous
garantirait pas de
la vue de la mort et des misères, mais
la chasse,_ qui nous en détourne nous en garantit.
»
Après avoir vu que la cause de tous nos malheurs est
notre inaptitude au repos, Pascal écrit :
« Mais quand j'ai pensé de plus près, et qu'après avoir
découvert la cause de tous nos malheurs, j'ai voulu en
découvrir la raison, j'ai trouvé qu'il
y en a une bien
effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre
condition faible et mortelle, et si misérable, que rien
ne peut nous consoler, lorsque nous
y pensons de
près.» ..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Blaise PASCAL: Rien ne nous plait que les combats, mais non pas la victoire.
- « Cette superbe puissance [l'imagination], ennemie de la raison, qui se plaît à la contrôler et à la dominer [...]. » Pascal, Pensées, 1670 (posthume). Commentez.
- PASCAL: combat et victoire
- Pascal, Pensées. "La volonté est un des principaux organes de la créance; non qu'elle forme la créance, mais parce que les choses sont vraies ou fausses selon la face par où on les regarde. La volonté qui se plaît à l'une plus qu'à l'autre détourne l'esprit de considérer les qualités de celle qu'elle n'aime pas à voir; et ainsi, l'esprit, marchant d'une pièce avec la volonté, s'arrête à regarder la face qu'elle aime; et ainsi il en juge par ce qu'il y voit." (375). Commentez cette cita
- Imagination : « Cette superbe puissance, ennemie de la raison, qui se plaît à la contrôler et à la dominer [...], a établi dans l'homme une seconde nature. » Pascal, Pensées, 1670 (posth.). Commentez cette citation.