Ricoeur: souffrance et douleur
Publié le 08/02/2023
Extrait du document
«
Philosophie générale
Ricoeur, philosophe du XXème siècle, au cours d’une communication faite au
colloque organisée par l’association Française de Psychiatrie en 1992, aborde la
notion de souffrance.
La thèse de Ricoeur s’inscrit dans une communication
intitulée, La souffrance n’est pas la douleur, où il va, en dépend de l’expérience
clinique, s’essayait, à travers l’expérience humaine, de comprendre le souffrir et
ses signes.
Pour se faire il débute en définissant les termes majeurs de ce sujet.
Il détermine la frontière entre la douleur et la souffrance.
La douleur est réservée
à des affects ressentis dans des organes particuliers du cops tandis que la
souffrance, elle, est associée à des affects ouverts sur la réflexivité.
Autrement
dit, la douleur est un concept médical tandis que la souffrance est le concept du
sujet qui la ressent.
Pour Ricoeur, le souffrir agit sur deux plans : le rapport soiautrui et l’agir pâtir.
Le premier plan est vu comme l’altération du rapport à soi
et du rapport à autrui.
Le second plan, l’agir pâtir, suit l’hypothèse de travail
selon laquelle la souffrance consiste dans la diminution de la puissance d’agir.
La
puissance d’agir, aussi appelé conatus, par Spinoza, est le fait de persévérer
dans son être.
Elle se traduit par un effort, révélateur de notre puissance ou
impuissance d’agir.
Si l’homme détient le pouvoir d’agir, c’est parce qu’il est
« agissant ».
L’être-humain est capable de transformer ce qui est, et de
s’exprimer par des actes.
Ainsi parce qu’il est capable d’agir, l’homme est enclin
à la souffrance.
C’est ce que soutient Ricoeur : « hommes agissants et
souffrants ».
Ainsi Ricoeur cherche à déterminer si le fait d’être souffrant, impact
cette puissance d’action.
Le philosophe tente de comprendre, si, dans la
souffrance, nous faisons l’expérience d’un affaiblissement de notre puissance
d’agir.
Pour ce faire, Ricoeur aborde deux axes que nous allons suivre afin de
déterminer ce qui peut influencer le conatus de l’homme.
Le premier axe que dont Ricoeur parle concerne le soi-autrui.
Dans le souffrir,
l’intentionnalité envers une chose extérieure à soi, est atteinte : « Je souffre -je
suis ».
Tandis que le monde se retire, l’individu se renferme sur lui-même.
L’on
assiste à une séparation entre le sujet et le monde.
L’individu fait face à ce que
Ricoeur nomme « une crise de l’altérité ».
L'altérité conduit le sujet à s'interroger
sur l’autre (alter) et sur soi-même (ego).
L’individu s’interroge sur ses relations
avec l’autre, sur les moyens de le connaître et sur la possibilité d'exister sans lui.
Il peut notamment avoir l’impression, lors de ce questionnement, que l’autre
constitue une menace pour son identité.
Ricoeur démontre plusieurs figures,
plusieurs degrés d’intensités de souffrance chez le sujet.
Au plus faible degré, le
souffrant se sent unique, c’est l’expérience de l’insubstituable, l’insubstituable ne
peut être remplacé par rien d'autre.
Puis nous trouvons, l’expérience vive de
l’incommunicable, cette expérience isole l’individu.
Une barrière s’érige entre soi
et autrui.
Autrui ne peut ni comprendre, ni m’aider, il ne peut empathir au
sentiment ressenti par l’individu souffrant.
A un degré supérieur, l’autre va
devenir un ennemi, une menace, pour le souffrant.
Enfin, lorsque la souffrance
est à son paroxysme, elle peut être perçue comme une malédiction.
Le sujet se
pense comme condamné à ressentir ce sentiment de souffrance.
Ricoeur observe
un autre phénomène qui s’inscrit dans l’axe soi-autrui, la souffrance que l’on
s’inflige à soi-même.
Pour définir ce qu’est le « se faire souffrir », Ricoeur cite
Jean-Jacques Kress : « cette capacité des forces de la psyché de s’exercer contre
elles-mêmes et de travailler à produire sa propre souffrance ».
Ainsi, en
développant l’idée d’un axe soi-autrui.
Ricoeur détermine ce que peut produire le
sentiment de souffrance chez un individu.
La souffrance est propre à une
personne, l’autre ne peut comprendre le souffrant.
La frontière entre soi-autrui
limite l’intentionnalité du souffrant sur le monde.
La relation active de l'esprit à
un objet quelconque est diminuée puisque le monde semble détaché du sujet.
Le
sujet agit plus difficilement sur ce qui l’entoure.
Le soi souffrant est intensifié
pourtant....
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