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république VII de Platon

Publié le 05/03/2022

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[516 b] A celui qui parviendrait à se libérer, la promesse suivante est faite : « à la fin, je pense, ce serait le soleil, non dans les eaux, ni dans ses images […], mais le soleil lui-même dans son propre séjour qu’il pourrait regarder et contempler tel qu’il est ». [516 c] Il comprendrait alors que le soleil est la cause de toutes ces choses qu’il voyait avec ses camarades dans la caverne4 . Il prendrait également en pitié ceux qui y sont encore, comprenant quelle science on possède dans la caverne, et ne jalouserait plus les récompenses que ceux-ci se donnent. [516 d] Il préférerait subir tous les maux plutôt que revenir à ses anciennes illusions. [516 e] De même revenir dans les ténèbres risque de l’offusquer. [517 a] Il lui faudrait également un temps assez long pour s’accoutumer à nouveau à l’obscurité et il ferait rire5 . Ceux restés dans la caverne diront aussi qu’il est revenu les yeux abîmés et que ce n’est pas la peine de tenter l’ascension. Et si on les détache de force, ils pourraient bien tuer leur libérateur (cf. la mort de Socrate). [517 b – 518 b] Ces prisonniers sont notre image. Interprétation de l’allégorie. [517 b] Il faut assimiler le monde visible au séjour de la prison, et la lumière du feu au soleil. La montée est celle de l’âme vers le monde intelligible. Ainsi Glaucon connaîtra la pensée de Socrate. Dieu seul sait si elle est vrai, mais c’est l’opinion de Socrate : aux limites du monde intelligible on trouve l’idée du bien. [517 c] On l’aperçoit avec peine, mais après, on ne peut conclure qu’elle n’est pas la cause universelle de tout ce qu’il y a de bien et de beau. Dans le monde visible, elle crée et diffuse la lumière. Dans le monde intelligible, elle dispense la vérité et l’intelligence. [517 d] On comprend maintenant pourquoi certaines âmes aspirent sans cesse à demeurer sur les hauteurs. De plus, on ne passe pas facilement de ces contemplations divines aux misérables réalités de la vie humaine, c’est pourquoi l’on est maladroit aux procès et qu’il faut combattre les interprétations de ceux qui n’ont jamais vu la justice en soi. [518 a] Les yeux peuvent être troublés par deux causes : le passage de la lumière à l’obscurité, mais aussi de l’obscurité à la lumière. Il faut réfléchir à ces deux cas lorsqu’on les applique à l’âme, au lieu de rire sans raison lorsque l’une d’elle éprouve des difficultés. [518 b] Si elle est éblouie par la lumière, il faut la féliciter de son embarras. Si elle a la vue trouble à cause des ténèbres alors il faut la plaindre. [518 b – 519 c] L’éducation doit tourner l’œil de l’âme vers le bien. [518 b] L’éducation n’est point ce que certain proclame qu’elle est. [518 c] Il ne s’agit pas en effet de mettre la science dans l’âme, où elle n’est pas, comme on mettrait la vue dans les yeux aveugles, car « toute âme a en elle cette faculté d’apprendre et un organe à cet usage6 ». L’âme doit être tournée toute entière des choses périssables, jusqu’à ce qu’elle puisse supporter la vue de l’être et du bien. [518 d] L’éducation est l’art de tourner cet organe par la méthode la plus facile et la plus efficace, mais pas celui qui consiste à mettre la vue dans l’organe (puisque l’âme l’a déjà). Les facultés de l’âme sont analogues à celles du corps, on peut les acquérir ensuite par l’habitude et l’exercice. 4 L’idée que le soleil est la cause universelle de toute chose se trouve déjà chez Homère (cf. Théétète 153 c/d. 5 Phèdre, 249 d : « Détaché des passions humaines et occupé des choses divines, le philosophe encourt les reproches de la foule qui le tient pour insensé et ne s’aperçoit pas qu’il est inspiré ». Cf. Théétète, 174 c/d. 6 Les sophistes disent être capable de mettre la science dans l’âme, mais il y est déjà, car apprendre c’est se ressouvenir. Cf. Ménon, 81 a ; Phèdre 72 e – 76 d et aussi 73 a : « Les hommes interrogés, quand la question est bien posée, répondent d’eux-mêmes ce qu’il faut dire ; s’ils n’avaient présentes en eux la science et la droite raison, ils ne seraient pas capables de le faire ».

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« PLATON La République, livre VII (385-370) Platon : République, trad.

par E.

Chambry, Les belles lettres, Paris, 1961. [514 a – 517 a] L’allégorie de la Caverne. D’après ce tableau qu’est l’allégorie de la Caverne1, l’enjeu est de se représenter notre nature selon qu’elle est ou non éclairée par l’éducation. [514 a] Il faut se figurer des hommes dans une demeure souterraine en forme de caverne attachés depuis leur enfance. [514 b] Ils sont attachés de façon à ne pas pouvoir bouger ni le corps, ni la tête.

Par conséquent, ils ne peuvent regarder ailleurs que droit devant eux.

Derrière eux, il y a un feu. Entre le feu et les prisonniers, il y a une route ascendante bordée par un mur, tel que celui qu’utilisent les montreurs de marionnettes. [515 a] Le long de ce mur, donc derrière les prisonniers, des hommes portent des ustensiles qui dépassent : des figures d’homme et d’animaux ; parmi ces hommes certains parlent et d’autres non.

Ces prisonniers nous ressemblent.

Ils n’ont pas pu voir autre chose que les ombres de ces figures projetées par le feu sur la partie de la caverne leur faisant face. [515 b] Si les prisonniers pouvaient discuter entre eux, nul doute qu’en nommant les ombres, ils croiraient nommer les objets réels eux-mêmes2.

Il en irait de même pour les sons qui viennent résonner en écho sur la paroi : ils ne douteraient pas qu’il s’agit des voix des ombres. [515 c] Pour eux, la seule réalité est faite de ces ombres.

Si on les détache et qu’on les guérit de leur ignorance en les forçant à se lever brutalement et à marcher les yeux levés vers la lumière, les mouvements qu’ils feront seront douloureux et leurs yeux seront éblouis. [515 d] Si alors on leur dit que ce qu’ils voyaient alors était inconsistant, mais que maintenant ils sont plus près de la réalité, qu’ils voient plus juste ; si on les force également à force de questions à dire ce que c’est ; alors ils seront embarrassés et les objets qu’ils voyaient auparavant leurs sembleront plus véritables. [515 e] Si on les forçait à regarder la lumière même, souffrant de l’éblouissement ils retourneraient à ce qu’ils peuvent voir.

Si on les forçait également à gravir la montée rude pour les conduire dehors, à la lumière du soleil, ils se révolteraient. [516 a] Une fois dehors, la lumière les empêcherait par son éclat de voir les objets véritables3. Voir le monde supérieur demande un temps pour s’habituer.

Les ombres sont ce qu’il y a de plus facile à regarder, viennent ensuite les images des hommes qui se reflètent dans l’eau, puis les objets eux-mêmes. 11 Cette allégorie se rattache étroitement au symbole de la ligne qui termine le livre VI.

La ligne représente les quatre genres d’objets connaissables dont se compose l’univers.

L’allégorie tire de cette division les conséquences relatives à l’éducation.

Les connaissances de l’ignorant se bornent aux deux premiers segments, les Ðrat£ et les doxast£.

L’éducation nous élève jusqu’aux noht£ inférieurs ; le dialecticien seul atteint les noht£ supérieurs.

Il faut rapprocher de cette peinture de l’homme sans éducation et de l’homme éduqué celle des hommes nourris dans les tribunaux et des hommes nourris dans la philosophie dans le Théétète 172 c – 177 c. 2 Le texte a été ici gâté dès l’antiquité, pour faire sens il nécessite une correction. 3 On peut comparer cette peinture de l’âme qui monte de l’ignorance à la vérité avec d’autres peintures du même genre : Phédon, 82 e – 83 où l’âme déliée du corps cherche la vérité par elle-même ; Banquet, 210 – 211 où l’âme s’élève par degrés de la beauté des corps à l’idée du beau absolu ; Théétète, 175 b celle de l’âme qui sous la conduite du philosophe s’élève jusqu’à l’idée de justice. 1. »

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