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Reponse a la question ''Qu'est-ce que les Lumieres''

Publié le 18/12/2024

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« Réponse à la question « Qu’est-ce que les Lumières ? » (Texte) « (§1) La paresse et la lâcheté sont les causes qui font qu'un aussi grand nombre d'hommes préfèrent rester mineurs leur vie durant, longtemps après que la nature les a affranchis de toute direction étrangère (naturaliter majores) ; et ces mêmes causes font qu'il devient si facile à d'autres de se prétendre leurs tuteurs.

(§2) Il est si aisé d'être mineur ! Avec un livre qui tient lieu d'entendement, un directeur de conscience qui me tient lieu de conscience, un médecin qui juge pour moi de mon régime, etc., je n'ai vraiment pas besoin de me donner moi-même de la peine.

Il ne m'est pas nécessaire de penser, pourvu que je puisse payer ; d'autres se chargeront bien pour moi de cette ennuyeuse besogne.

(§3) Les tuteurs, qui se sont très aimablement chargés d'exercer sur eux leur haute direction, ne manquent pas de faire que les hommes, de loin les plus nombreux (avec le beau sexe tout entier), tiennent pour très dangereux le pas vers la majorité, qui est déjà en lui-même pénible.

Après avoir abêti leur bétail et avoir soigneusement pris garde de ne pas permettre à ces tranquilles créatures d'oser faire le moindre pas hors du chariot où ils les ont enfermées, ils leur montrent le danger qui les menace si elles essaient de marcher seules.

» Réponse à la question " Qu'est-ce que les Lumières ? " (1784) (Introduction) Dans ce texte extrait de l’essai Réponse à la question " Qu'est-ce que les Lumières ? " de Kant, philosophe prussien du 18 e siècle, il est question de l'autonomie de l'homme adulte en matière de réflexion [thème].

L’auteur s’est demandé si, une fois à l’âge adulte, les hommes se servent de leur raison de manière autonome ou si, au contraire, ils continuent de se laisser diriger par d’autres comme quand ils étaient enfants [problème sous forme d’alternative].

Dans ce texte, l’auteur défend que la plupart des hommes renoncent à leur liberté de pensée et acceptent de se laisser dicter ce qu’ils doivent penser [thèse = réponse de l’auteur au problème]. Ainsi [annonce du plan], dans une première partie (§1), l’auteur énonce sa thèse en donnant les deux causes pour lesquelles les hommes renoncent à leur autonomie de réflexion, à savoir la paresse et la lâcheté.

Puis, dans une seconde partie (§2), il explique pourquoi la paresse conduit les hommes à se laisser dicter ce qu’ils doivent penser.

Enfin, dans une troisième partie (§3), il montre comment les directeurs de conscience manipulent les hommes par la crainte afin d’empêcher toute velléité de s’émanciper de leur tutelle. (I) Dans cette première partie, Kant commence par formuler sa thèse [1Dire ce que fait l’auteur] (« La paresse et la lâcheté sont les causes qui font qu'un aussi grand nombre d'hommes préfèrent rester mineurs leur vie durant, longtemps après que la nature les a affranchis de toute direction étrangère ; et ces mêmes causes font qu'il devient si facile à d'autres de se prétendre leurs tuteurs »).

Selon lui, l’infantilisme des hommes et leur mise sous tutelle par d’autres, ont pour cause la paresse (la répulsion à fournir des efforts) et la lâcheté (la peur d'affronter une situation difficile) [2Clarifier-reformuler].

Ici, le terme "mineurs" fait référence à la minorité, c’est à dire à la période de la vie durant laquelle l'individu est présumé incapable d’exercer certaines responsabilités et de se gouverner seul par luimême.

A contrario, la majorité désigne l'âge à partir duquel on est supposé être capable de se gouverner soi-même par rapport aux exigences juridiques et civiles de la société.

Ainsi, l’expression "rester mineurs" signifie métaphoriquement être incapable de se gouverner par soi-même [2Clarifier-expliciter].

Dans cette première phrase, Kant met en avant le caractère naturel de l’émancipation de l’enfant lors du passage à l’âge adulte [1-Dire ce que fait l’auteur] (« longtemps après que la nature les a affranchis de toute direction étrangère »).

En effet, le passage à l’âge adulte est l’aboutissement d’un processus naturel de croissance physique de l’enfant qui développe en même temps ses facultés d’autonomie et est progressivement capable d’exercer ses propres responsabilités.

La ‘’direction étrangère’’ dont il est question ici est donc la tutelle des parents dont l’enfant-adulte se libère à sa majorité.

Ainsi, le fait « qu'un aussi grand nombre d'hommes préfèrent rester mineurs leur vie durant, longtemps après que la nature les a affranchis de toute direction étrangère » est, selon Kant, contre-nature car en contradiction avec le développement naturel de l'individu qui tend à s’émanciper de ses parents à sa maturité [2-Claifierexpliciter].

Par voie de conséquence, selon Kant, cette inclination de la plupart des hommes à rester mineurs et à se laisser guider, conduit à ce qu’ils se retrouvent sous la coupe de "tuteurs" autoproclamés (« et ces mêmes causes font qu'il devient si facile à d'autres de se prétendre leurs tuteurs »).

Le terme "tuteur", dans son sens juridique, est la personne responsable de la personne sous tutelle qu’elle guide et conseille avec bienveillance.

Cependant, l’emploi du verbe ‘’prétendre’’ apporte une connotation négative et suggère que ces prétendus "tuteurs" agiraient avec malice [2-Clarifier-expliciter]. [Transition] : Mais comment expliquer qu'autant d'hommes acceptent de rester des mineurs dépendants ? Dans la seconde partie, Kant va expliquer pourquoi la paresse conduit les hommes à se laisser dicter ce qu’ils doivent penser. (II) Kant donne l’argument selon lequel la plupart des hommes ont tendance à se laisser aller à la facilité [1-Dire ce que fait l’auteur] (« Il est si aisé d'être mineur ! […] je n'ai vraiment pas besoin de me donner moi-même de la peine.

[…] d'autres se chargeront bien pour moi de cette ennuyeuse besogne »).

Par une phrase exclamative brève (« Il est si aisé d'être mineur ! »), Kant affirme que la raison pour laquelle les hommes se laissent guider est évidente.

En effet, il est tellement plus facile et confortable de se laisser guider par d’autres que de faire les choses soimême.

Ainsi, "être mineur", c’est être déchargé des choses pénibles comme le montre le lexique de la pénibilité (« peine », « charge[ront] », « besogne »), ou être déchargé de choses ‘’ennuyeuses’’ (pris dans le sens de choses qui causent de la contrariété, du souci) [2-Clarifierreformuler].

Kant donne trois exemples dans lesquels les hommes se laissent guider aveuglement [1-Dire ce que fait l’auteur] (« Avec un livre qui tient lieu d'entendement, un directeur de conscience qui me tient lieu de conscience, un médecin qui juge pour moi de mon régime »).

D’abord, Kant dénonce la tendance des individus à se reposer sur des livres (on peut penser à la Bible) pour comprendre le monde au lieu d’utiliser leur entendement (défini comme la faculté de comprendre, de concevoir et de juger par soi-même).

Puis, il critique la tendance des individus à déléguer leur capacité de jugement moral à une autorité religieuse (comme le prêtre dont la fonction est de guider ses ouailles sur le droit chemin).

Enfin, il critique la tendance des individus à suivre aveuglément les conseils des médecins pour leur régime alimentaire plutôt que de faire l'effort de comprendre et de juger par eux-mêmes de ce qui est bon pour eux [2- Clarifier-reformuler].

Néanmoins, ne pourrions-nous pas trouver raisonnable de se laisser conseiller par des spécialistes dans des domaines où nous ne sommes pas compétents ? [4-Faire une objection].

Il semble qu’ici, Kant ne condamne pas la possibilité de se faire conseiller mais critique l’obéissance aveugle qui empêche toute réflexion autonome.

En effet, on peut très bien chercher des réponses à des questionnements dans les livres.... »

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