René Descartes, Les Passions de l’âme, 1649. Rédaction d’un commentaire de texte
Publié le 02/03/2020
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Rédaction d’un commentaire de texte
Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant, en procédant à son étude ordonnée : « Il me semble que l'erreur qu'on commet le plus ordinairement touchant les désirs est qu'on ne distingue pas assez les choses qui dépendent entièrement de nous de celles qui n'en dépendent point: car, pour celles qui ne dépendent que de nous, c'est-à-dire de notre libre arbitre, il suffit de savoir qu'elles sont bonnes pour ne les pouvoir désirer avec trop d'ardeur, à cause que c'est suivre la vertu que de faire les choses bonnes qui dépendent de nous ; et il est certain qu'on ne saurait avoir un désir trop ardent pour la vertu, outre que ce que nous désirons en cette façon ne pouvant manquer de nous réussir, puisque c'est de nous seuls qu'il dépend, nous en recevons toujours toute la satisfaction que nous en avons attendue. Mais la faute qu'on a coutume de commettre en ceci n'est jamais qu'on désire trop, c'est seulement qu'on désire trop peu ; et le souverain remède contre cela est de se délivrer l'esprit autant qu'il se peut de toutes sortes d'autres désirs moins utiles, puis de tâcher de connaître bien clairement et de considérer avec attention la bonté de ce qui est à désirer. »
René Descartes, Les Passions de l’âme, 1649.
L’intérêt philosophique de l’analyse de cet extrait de Les Passions de l’âme de Descartes où l’auteur est de nous avoir rappelé combien le désir est d’extrême importance en l’humain et qu’en tant que tel il nous faut désirer davantage et de nous éloigner de l’idée comme quoi nous désirions déjà assez. D’une part, ce texte nous a instruits à ne plus commettre l’erreur qui consiste à ignorer que certaines choses sont contingentes, c’est-à-dire qu’elles sont accidentelles alors que d’autres sont nécessaires, c’est-à-dire qu’elles sont indispensables. D’autre part, il nous corrigés de la faute qui nous fait désirer peu parce que nous nous attardons trop sur les désirs inutiles et vains.
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notre faiblesse à n e point faire la différence, le distinguo entre les désirs des choses qui
correspondent à nos capacités et les désirs des choses qui n’y correspondent pas.
Et d’une part
pour fonder et j ustifier sa conviction sur l’effectivité, la réalité voire l’évidence de cette erreur
et d’autre part pour nous détourner des choses vaines, l’auteur évoque et recourt à
l’argumentation selon laquelle la bonté des choses qui dépendent de nous constitue la seule
motivation, le seul mobile, voire le seul motif qui nous les fait désirer .
Et le plaisir qui en
résulte, note l’auteur, est des plus satisfaisants et des plus attendus, étant donné que de tels
désirs sont relatifs aux choses à notre portée.
Le point de vue de Descartes qui consiste à attirer notre attention sur sa préférence des
choses dépendant de nous, mieux des choses nécessaires à celles ne dépendant pas de nous
voire inutiles ou vaines, ce point de vue est largement partagé par des philosophes d ont
Epicure, Aristote et Platon.
En effet, le premier, Epicure, au plus fort de son hédonisme
modéré d’après lequel le bonheur résulte de la satisfaction de certains désirs, recommande
justement aux humains de ne se contenter que de certains désirs et non de tous les désirs s’ils
veulent prétendre à quelque bonheur.
Le second, Aristote, considérant que le désir est second
et la pensée première, range logiquement celui -là à la remorque, à la suite, au service de celle -
là.
Aussi écrit -il : « Ce n’est pas parc e que nous désirons les choses qu’elles sont bonnes, mais
c’est parce que nous les jugeons bonnes que nous les désirons ».
Cela veut dire, pour Aristote ,
que le désir doit toujours être contrôlé par la raison. Le troisième, Platon, s’inscrit dans la
même l ogique lorsque, en réaction au sophiste Calliclès qui prétend que la bonne morale
consiste dans la jouissance à fond de tous les désirs, l’auteur de l’Allégorie de la caverne
avance que l’attitude requise face aux désirs est d’être tempérant.
Cependant, la conception sur les désirs dont nous gratifie Descartes dans ce texte ne
fait pas l’unanimité.
Autrement dit, toute la tradition philosophique ne se prête pas à
accompagner Descartes dans sa thèse selon laquelle le désir ne peut prendre le dessus sur la
raison humaine.
En effet, contrairement et en opposition à Aristote qui place la pensée ou la
raison aux commandes des désirs ou des passions, Spinoza est formel : c’est parce que nous
désirons les choses qu’elles sont bonnes.
C’est dire, selon Spinoza, que le désir est créateur,
qu’il donne à penser et que, de ce fait, il ne peut être réprimé par quelque raison que ce soit
surtout quand on sait que le désir est essentiellement plaisir pour Spinoza, n’en déplaise à
Schopenhauer qui conseille de se détacher d u désir qui n’est que souffrance.
L’analyse de cette première partie nous a permis de nous rappeler avec Descartes
l’erreur que nous commettons souvent de ne point distinguer les choses à notre portée et celles
qui nous sont éloignées.
Il nous est apparu que Descartes a une préférence pour les premières
au détriment des secondes.
Quelques philosophes, en l’occurrence Epicure, Aristote et Platon,
ont été mis à contribution pour jeter de la lumière sur les propos de Descartes dans cette
première partie, même si l’occasion a également été belle et propice pour citer Spinoza qui
n’appuie pas Descartes en s’opposant clairement à Aristote sur la même question.
Quelle
conséquence cette erreur que nous commettrions si souvent sur les désirs peut -elle entraîner
sur l’agir humain face aux mêmes désirs ? A cette interrogation tentera de répondre l’étude de
la deuxième partie..
»
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