Religion et loi morale chez Kant
Publié le 14/08/2014
Extrait du document
Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée:
Qu'est-ce donc, au demeurant, la religion? La religion est la loi présente en nous pour autant qu'elle reçoit son poids d'un législateur et juge au-dessus de nous (...). Chants de louange, prières, fréquentation de l'église ne sont destinés qu'à donner à l'homme des forces nouvelles, un courage neuf pour s'amender, ou à servir d'expression à un coeur animé de la représentation du devoir. Elles ne sont que préparations à des oeuvres de bien, mais non oeuvres de bien elles-mêmes, et l'on ne saurait se rendre agréable à l'Être suprême qu'en devenant meilleur.
Il faut commencer auprès de l'enfant par la loi qu'il porte en lui. L'homme perdu de vices est méprisable à ses propres yeux. Ce mépris a son fondement en l'homme même, et il n'en est nullement ainsi parce que Dieu a interdit le mal. Point n'est besoin en effet que le législateur soit en même temps l'auteur de la loi. Ainsi un prince peut dans son pays interdire le vol sans qu'on puisse parler de lui comme de l'auteur de l'interdit de voler. L'homme puise à cette source la claire vision que sa bonne conduite seule le rend digne du bonheur. La loi divine doit apparaître en même temps loi naturelle, car elle n'est pas arbitraire. De là vient que la religion entre dans la moralité.
KANT
INTRODUCTION
Double thème : repérage de la religion dans sa définition stricte (par rapport aux rituels) et relation entre loi divine et loi morale.
«
• soit qu'elles expriment un «cœur animé de la représentation du devoir» (cas d'un individu déjà moral par lui-même, qui connaît le devoir et la loi).
- Conséquence: ces pratiques religieuses n'ont qu'une valeur d'entraînement, ou
propédeutique: elles ne sont pas en elles-mêmes des œuvres de bien, c'est-à-dire
des conduites bonnes,
elles aident seulement à accéder à ces dernières.
- Preuve: Dieu ne peut être touché
par de telles pratiques.
Seule peut lui être
agréable l'amélioration de la personne -qui est intime, et hétérogène à ces
pratiques.
II.
LA LOI MORALE EST DANS L'HOMME
- Affirmation fondamentale: l'enfant porte la loi« en lui"· L'éducation consiste
à lui faire prendre conscience de la présence de cette loi -et non à la lui imposer
de l'extérieur (comme le comprenait par exemple Montaigne).
- Preuve de cette présence de la loi dans l'homme:
le mépris qui frappe le vice
«a son fondement en l'homme même».
Ce n'est donc pas en se référant à une
autorité extérieure que l'homme vicieux se condamne, mais parce qu'il subit une
contradiction entre la présence en lui d'une interdiction de mal faire et sa propre
désobéissance
à cette interdiction.
Car le vice est un choix autonome, délibéré
(dans
le cas contraire, s'il était le résultat d'une détermination extérieure, il ne
serait pas méprisable).
- Différence entre législateur et auteur de la loi:
le législateur (l'homme, ou le
«prince») énonce la loi et lui donne sa force sans en être l'auteur initial, c'est-à
dire celui qui l'a créée.
Dieu est ainsi auteur de l'interdiction
du mal, mais le
législateur, c'est l'homme lui-même (théorie de l'autonomie).
III.
MORALITÉ ET RELIGION
-C'est parce que l'homme trouve en lui la loi morale qu'il comprend que seule
la bonne conduite rend digne du bonheur (qui appréciera cette dignité et la
sanctionnera éventuellement
par le bonheur? le «juge au-dessus de nous»).
-Il existe ainsi un accord entre la loi divine et la loi naturelle (de la raison): par leur commune universalité, par leur commune nécessité (non arbitraire).
-
D'où la préséance, le rôle premier de la moralité: c'est la religion qui y entre,
c'est-à-dire qui s'y ajoute pour la renforcer -mais elle ne la crée pas.
CONCLUSION
L'analyse de la religion et de son rôle confirme l'autonomie de la volonté.
La foi,
selon Kant peut confirmer la volonté du bien, mais non la créer (ce serait un retour,
sous prétexte d'obéissance
à Dieu, à !'hétéronomie).
96.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La loi morale en moi. Kant
- La loi morale d'E. KANT
- Texte de Kant sur la loi morale (l'éthique)
- LE FONDEMENT DE LA LOI MORALE CHEZ KANT (1724-1804) - PHILOSOPHIE
- Le ciel étoilé au dessus de ma tête et la loi morale en moi. Pensez-vous, avec Kant, que cette considération conduise à Dieu ?