Rawls, La Justice comme équité, une reformulation de Théorie de la justice
Publié le 26/01/2012
Extrait du document
Introduction
I / Introduction à l’œuvre :
La justice comme équité est une reformulation du précédent ouvrage de Rawls, Théorie de la justice et il s’agit également d’une mise en relation des idées dans ses Essais de 1974 avec la conception de justice dans Théorie de la justice. Cet ouvrage a été écrit par l’auteur en 2001, une année avant sa propre mort. Il tente ici de répondre aux objections suscitées par Théorie de la justice (il en donne des exemples dans la préface). Selon lui, la philosophie politique est une nécessité, elle a un rôle pratique (utile pour régler des situations de conflits porteurs de division, par exemple), et elle doit contribuer à organiser les institutions politiques et sociales d’une société. En tous les cas la philosophie politique est une « œuvre de la raison «. Rawls désigne sa conception de la société politique (dans son « quatrième rôle «) comme étant « utopique de manière réaliste «.
Ainsi notre étude portera sur le corps problématique suivant : Comment Rawls conçoit-il la justice comme équité ? Quelle organisation nécessite une conception politique de la justice rawlsienne ?
Nous tenterons de répondre à cela en étudiant dans un premier point la situation donnée des individus, futurs participants et bénéficiaires de la justice comme équité. Nous analyserons à la suite de cela la nature de l’accord passé entre ces individus. Enfin nous nous demanderons quel contexte est le plus favorable au maintien de l’organisation politique de la justice comme équité.
«
constitutionnelle/procédurale ; Libéralisme politique et libéralisme engloban t ; La famille ; Stabilité ; Psychologie
morale raisonnable .
I / Les individus, futurs participants à la réalisation d’une société juste et équitable :
1.
Divergences et inégalités
Il est tout d’abord important de rappeler qu’e n employant le terme de « personne », Rawls entend l’individu
dans son aspect politique, et non métaphysique ou psychologique (section 7.2.).
Ces personnes , donc, sont dites « libres et égales » , et sont susceptibles de diverger sur leurs points de vue
mor aux, philosophiques et religieux , tout en ayant potentiellement des statuts sociaux différents, et des
« différences naturelles » (de naissance) .
Les citoyens sont dits « égaux » dans le sens où ils disposent d’un minimum
essentiel de facultés morales.
Et ils sont dits « libres » pour deux raisons : ils sentent qu’ils peuvent influer sur leurs
institutions et revendiquer leur point de vue (ce qui n’est pas le cas des esclaves, exemple de la section 7.
5) et,
deuxièmement, ils se sentent libres en ce qu’ils savent qu’ils ont la capacité d’avoir une conception du bien qui leur
est propre.
En cela, l’éducation dispose d’un rôle primordial : c’est elle qui permet à chaque citoyen d’apprendre à se
sentir libre et égal à ses semblables .
Tout le monde peut prendre part à la vie politique et contribuer à l’établissement du consensus : c’est ce que
Rawls appelle « l’égalité des chances » .
Les plus avantagés continuent d’être récompensés au mérite (ce à quoi les individus sont attitrés dépend de ce
qu’ils font , section 20.1 ), mais les intérêts qu’ils en tirent doivent également profiter aux plus défavorisés (une trop
grande accumulation de propriété pourrait les pousser à vouloir dominer politiquement la société) –et cela est rendu
possible par un système de taxation .
Les inégalités ne sont pas toutes supprimées ou corrigées.
Seules le sont celles
qui mettent en difficulté les individus les plus défavorisés .
De la même manière, les dons innés sont exploités de
manière à être profitables à tous.
Ainsi, la variété des dons innés permet une certaine complémentarité qui peut
être avantageuse si elle est organisée (exemple d’un corps musical bien orchestré, section 21.3).
Les dons innés, s’ils
étaient organisés autour d’un principe commun, ne seraient plus une aliénation ou un avantage démesuré, mais une
véritable force commune de par leur distribution .
Notons également que l’idée de mérite moral est incompatible avec celles du pluralisme raisonnable et de la
justice distributive : elle gratifierait les individus selon leurs ve rtus personnelles (certains seraient plus avantagés que
d’autres).
Il y a cinq sortes de biens primaires indispensable à l’individu : les droits et libertés de base ; la liberté de
mouvement et le libre choix d’occupation ; tout ce qui permet une certaine responsabilité politique ; le revenu et la
richesse ; les bases sociales du respect de soi -même.
2.
Deux facultés essentielles : le sens de la justice et la conception du bien (section 7.1.)
Pour être capables de parvenir à un consensus politique, les individus disposent respectivement de deux facultés
complémentaires : celle d’être rationnel et celle d’être raisonnable .
Le « raisonnable » permet de se rendre compte
qu’il vaut mieux coopérer s ocialement, et cela dans notre propre intérêt : c’est le principe de réciprocité.
Si l’on
souhaite qu’autrui nous respecte, il faut accepter de le respecter également.
Un respect mutuel doit donc régner
entre les individus, pour que ceux -ci puissent prendr e part à un accord politique.
Il ne faut donc pas violer l’accord
pour son propre intérêt, car cela briserait le respect mutuel et donc mettrait fin à tout accord.
Les futurs citoyens
disposent également d’une faculté de rationalité dans la position origin elle: ils font ce qui est bon pour leur intérêt
particulier.
L’attitude des individus est essentielle dans un accord socio-politique , et leur faculté raisonnable les
guide dans les différents choix qu’ils devront faire pour parvenir à cet accord .
Ainsi, elle leur pe rmet de se rendre
compte que s’il s veulent être respectés, ils doivent respecter les autres.
L’accord repose comme nous l’avons dit, sur
un prin cipe de justice par réciprocit é.
L’équilibre de ces deux facultés (raisonnable et rationnelle) perme t à l’individu.
»
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