rationalisme appliqué; Essai sur la connaissance approchée (1934); La philosophie du non (1940); La terre et les rêveries du repos; La terre et les rêveries de la volonté; L'air et les songes; L'eau et les rêves.

« ce n'est pas simplement par besoin d'action.

Il affirmait lui-même « le primat absolu de la contemplation ».

Mais il estimait, n y voyant point contradiction, qu'il n'existe pas de pensée pure.

L'affrontement, l'engage­ ment sont nécessaires, parce qu'ils nous contraignent à l'ouverture.

Il faut s'offrir au monde, aux autres : « On ne se possède que si l'on se donne.

» D'où la nécessité de dialoguer, de s'associer, de chercher à se comprendre mutuellement.

Mieux on s'intègre à la communauté, plus on se personnalise.

De là l'idée d'une philosophie qui soit d'un seul tenant personnaliste et communau­ taire.

Epris de liberté, Mounier reste sensible aux conditionnements de l'autonomie spirituelle, au rype caractériel que le Moi doit prendre en charge, à la figure du monde où il paraît, aux situations qu'il hérite du passé.

Autant de données, autant de structures, qu'on heurte comme des limites, mais qu'on doit changer en appuis.

De ces remarques, Mounier tire des consignes de courage, d'optimisme lucide et conquérant.

Il en retient de quoi esquisser une ontologie du travail, de l'ascèse, voire du combat politique, qui chacun à leur manière suscitent du neuf avec de l'ancien.

Il aurait pu en extraire, plus généralement, une ontologie de la signification, s'il avait souligné que le sens de chaque chose se précède indijini­ ment dans cette génératrice inépuisable qu'est notre rapport au monde.

Bien souvent, le personnalisme com­ munautaire interfère avec le marxisme et l'existentialisme; mais il ne recouvre ni l'un ni l'autre.

Mounier récuse l'obJec­ tivisme du premier; il redoute l' irratio­ nalisme du second.

Pourtant, il aime la dialectique de l'un et il l'invite à déposer son corset positiviste.

Comme il aime les provocations de l'autre et souhaite y trouver, non pas le déclin, mais le réveil de la rljiexion.

Mounier a moins travaillé à l'instaura­ tion d'un système d'idées qu'à l'avène­ ment d'une civilisation.

Il a su rappeler que la densité des événements échappe à quiconque reste incapable du détour rljiexif.

Pour déchiffrer l'histoire qui se fait, il croyait aussi utile d'annoter les philosophes que de lire les Journaux.

Cela aussi est un enseignement.

HENRY DUMÉRY GANDILLAC Maurice Patronnier de (né en 1906) Né à Koléa (Alger).

Spécialiste de l'histoire des idées aux XIV• et XV• siècles (Mystiques allemands, Nomi­ nalistes, Pétrarque, Nicolas de Gues).

A étudié aussi le néo-platonisme (Plotin, Denys l' Aréopagite).

Traducteur de Brentano et de Max Scheler.

BELA VAL Yvon (né en 1908) né à Sète, a édifié une théorie générale de l'expression.

Outre de nombreux travaux dans diverses revues : Journal de Psychologie, Revue de Métaphysi­ que, Revue Philosophique, Critique, Nouvelle Revue Française, etc ...

, il a publié : Le Souci de sincérité (1944); La Recherche de la Poésie (1947); l'Esthétique sans paradoxe de Diderot ( 1950) ; les Philosophes et leur langage (1952); Leibniz (1952); les Conduites d'échec ( 1953), et prépare deux ouvrages sur Leibniz.

LAUTMAN Albert (né en 1908- fusillé en 1944) Il avait pub! ié : Essai sur les notions de structure et d'existence en mathé­ mathiques ( 1937) ; Essai sur 1 'unité des sciences mathématiques dans leur développement actuel (1937); Nouvelles recherches sur la structure dialectique des mathématiques ( 1939), et laissait une étude inédite : Symétrie et dissymétrie en mathé­ matiques et en physique, le problème du temps, qui devait paraître en 1946.

Philosophe autant que philosophe des sciences, c'est une théorie de la raison qu'il visait lui aussi à travers les mathématiques -à sa manière allègre, incisive, brillante.

BURGELIN Pierre (né en 1905) né à Nantes, a écrit : L'Homme et le temps (1945); La philosophie de l'existence de Jean-Jacques Rousseau (1952).

POLIN Raymond (né en 1910) né à Briançon, a publié : La Création des valeurs (1945); La Compré­ hension des valeurs (1946); Philo­ sophie et politique chez Thomas Hobbes (1953).

CUZIN François (né en 1914-fusillé en 1944) Cuzin n'a pas eu le temps d'écrire le livre qui l'aurait fait connaître au-delà de l'université française.

Les Notes sur la mort d'autrui (Revue de Méta­ physique et de Morale, octobre-décembre 1 953) font entrevoir au lecteur la force de pensée et la maîtrise d'expression que ses amis connaissaient bien.

Il n'est permis à personne d'imaginer ce que Cavaillès, Lautman et Cuzin auraient écrit dans leur âge mûr.

On peut seule­ ment être sûr qu'ils auraient continué de rljiéchir sur l'existence et la dialectique.

Il faut même dire que, sans eux, cette devise philosophique restera touJours à quelque degré un vœu.

CAILLOIS Roland (né en 1918) Né à Maisons-Alfort.

A publié notam­ ment Le monde vécu et l'histoire (in : l'Homme, le Monde, l'Histoire) 1948; Attribut et catégorie (Revue de Métaphysique et de morale, 1 953); Qu'est-ce que 1 'esprit? (Critique 1 954), et une priface aux œuvres de Spinoza (Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard 1 955).

DELEUZE Gilles (né en 1925) Né à Paris; a publié en 1953 : Empi­ risme et Subjectivité.

STAROBINSKI Jean (né en 1920) qui enseigne auJourd'hui à Johns Hop­ kins Universiry, commence une œuvre de philosophe de la littérature sans perdre le contact avec les problèmes de biologie théorique vers lesquels l'orientait sa for­ mation médicale.

(Montesquieu par lui-même, 1953).

HISTORIENS PHILOSOPHES DELBOS Victor (1862-1916) Historien de la Philosophie, Victor Del bos s'est tout particulièrement consacré à l'étude de Kant et des Post-Kantiens, comme en témoignent ses deux thèses de doctorat : De posteriore Schellingii, philosophia qua tenus hegelianae doc­ trinae adversatur, et Essai sur la for­ mation de la philosophie pratique de Kant (1902).

Son ouvrage sur La philosophie pratique de Kant ( 1905) est demeuré classique, ainsi que son édition et traduction des Fondements de la Métaphysique des mœurs.

Un recueil intitulé De Kant aux Post­ Kantiens a été publié en 1940.

Delbos a, d'autre part, étudié le spinozisme dans Le problème moral dans la philo­ sophie de Spinoza et le spinozisme.

Ses cours de Sorbonne sur Spinoza ont été publiés en 1916 sous le titre : Le Spinozisme.

Vers la fin de sa vie, cependant, Victor De/bos, poussé par des considérations d'ordre patriotique et reli­ gieux, et sans pour cela perdre de vue le caractère scientifique et positif que doit présenter le travail de l'historien de la philosophie, s'est tourné vers la philo­ sophie française.

L'esprit philoso­ phique de l'Allemagne et la pensée française (1915), La philosophie française ( 1 9 1 9), Etude de la philo- sophie de Malebranche (1924), Mai­ ne de Biran et son œuvre (1931), ainsi que Figures et doctrines de philosophes ( 1 9 19), mettent en évidence son souci de distinguer une tradition philosophique française originale et indé­ pendante des influences allemande et an­ glaise.

(P.H.) BRÉHIER Emile (1876-1952) historien de la Philosophie, s'est tout particulièrement consacré à l'étude des philosophes antiques : Les idées philo­ sophiques et religieuses de Philon d'Alexandrie ( 1907) ; La théorie des incorporels dans l'Ancien Stoïcisme 435. »