Rapports entre la Raison et le Raisonnement ?
Publié le 10/06/2009
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Préparation du sujet. - La question des rapports entre raison et raisonnement est le plus volontiers évoquée par les vers de Molière des "Femmes Savantes":
" Raisonner est l'emploi de toute ma maison Et le raisonnement en bannit la raison. "
Elle l'est aussi par la symétrie verbale de « raisonner « et « déraisonner «. Tout de suite semble se présenter ainsi un problème d'opposition entre des valeurs qui, au contraire, paraîtraient devoir s'enchaîner : en rapprochant raison et raisonnement, on est tenté de ne songer qu'au raisonnement valable, où l'on retrouve l'idée de raison. Équivoque à éviter : car, si « raisonner « implique toujours une volonté de démontrer et par là entraîne l'idée de « bien raisonner «, il signifie pourtant expressément l'opération discursive en elle-même, par laquelle on aboutit à l'erreur comme au vrai, suivant les cas. Il faudra donc bien poser que le raisonnement est un acte de pensée, qui conduit à une conclusion par des raisons, mais ne signifie pas nécessairement qu'on « ait raison «. D'autre part, le mot raison a plusieurs sens : il emporte sans doute l'idée d'une puissance de contrôle ou d'évaluation, mais on met l'accent tantôt sur l'idée d'un pouvoir d'enchaîner des pensées, qui nous distingue des animaux (Cicéron, par exemple, ou Saint-Thomas), tantôt sur la notion d'un principe ou d'une faculté des valeurs. De là, tantôt l'idée d'une raison comme puissance de raisonner, tantôt celle d'une puissance de « bien « juger (Descartes) ou système des principes d'où dépend la vérité. Mais tout en montrant dans le raisonnement un acte aussi bien déraisonnable que raisonnable, et reconnaissant que l'opposition à la raison n'est d'abord qu'un paradoxe sorti de l'évolution des significations, on devra constater que la « puissance de bien juger « caractérise tout esprit normal, et, comme le raisonnement déraisonnable n'est pas seulement le fait d'un fou, on demandera comment il peut échapper à l'emprise de la raison. Ce qui donne au problème de leurs rapports une forme celte fois bien définie. Pour tenir compte des questions ainsi successivement posées par les variations historiques de sens, et par la nature de faits eux-mêmes, le moyen le plus commode de mettre en ordre sera évidemment de partir de la définition de la raison qui a été historiquement la première, et qui aussi donne l'enchaînement le plus étroit des mots (raison, raisonnement); on passera de là au sens d'une mesure des valeurs et à la position définitive ci-dessus indiquée. L'introduction se trouvera naturellement fournie par une description du fait qui se traduit dans la définition.
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