RAPPORTS DE LA NATURE ET DE LA CULTURE.

Il n'est guère possible de passer entièrement sous silence une telle problématique, tant celle-ci a fini par constituer l'un des thèmes de réflexion privilégiés de la pensée contemporaine. Pour autant, il nous faut prendre garde à ne pas traiter la question de façon inconsidérée car, là encore, la multiplicité des opinions qu'elle a suscitées peut parfois créer l'impression d'une certaine confusion, qu'il est donc avant tout nécessaire de s'attacher à dissiper dans la mesure du possible. De façon générale, on peut dire que la distinction entre nature et culture repose sur celle de l'« inné « et de l'« acquis «, c'est-à-dire de tout ce que l'homme reçoit à sa naissance — et qui comprend l'ensemble de ce qui lui préexiste « naturellement « dans la mesure où il ne dépend pas de sa liberté —, par opposition aux diverses productions qu'il sera susceptible de développer au cours de son existence, notamment dans l'ordre social. Mais ce qui accroît encore la difficulté d'une véritable réflexion philosophique à ce propos, c'est qu'une telle conception s'est trouvée presque entièrement accaparée par ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui le domaine des « sciences humaines « (anthropologie, sociologie, psychanalyse...) dont chacune a eu tendance à ne privilégier que ce qui se rapportait spécifiquement à son propre domaine, et à négliger tout le reste. C'est assez dire que la « culture « n'est et ne saurait jamais être autre chose que ce que l'homme lui-même décidera d'en faire, et que, par conséquent, celle-ci est véritablement inséparable d'une connaissance approfondie de la nature en soi, qui en constitue tout à la fois le principe, le moyen et la fin.