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Qu'y a-t-il de commun entre Descartes, Maine de Biran, Victor Cousin par rapport à la perception ?

Publié le 16/03/2011

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descartes

Chez Descartes, deux plans de questions : le plan métaphysique, et le plan qu'on peut appeler psychologique. Quant au plan métaphysique, il faut savoir si la croyance au monde extérieur est légitime. Sur ce point, la réponse de Descartes est claire. Tant que l'on n'est pas assuré de l'existence d'un Dieu qui ne trompe pas, on ne peut affirmer avec certitude que le monde extérieur existe. Avant que soit établie l'existence de Dieu, le doute est possible et même légitime. C'est ce que Kant appellera un idéalisme problématique.    Quant à la question proprement psychologique, elle consiste à se demander ce qu'est exactement notre croyance à la réalité du monde extérieur, et, par l'analyse du morceau de cire, Descartes montre que cette croyance ne s'établit pas véritablement sur la base de sensations passivement reçues, ni sur la base de l'imagination, mais par une inspection de l'esprit, c'est-à-dire par une activité.

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« sentiments, à une volonté, à des choses inertes.

« La table est méchante, elle lui a fait mal.

» L'enfant ne se rendpas compte du caractère intérieur de la pensée, du sentiment, de la volonté, et il projette sur les choses despropriétés qui n'appartiennent qu'à un être psychique. L'artificialisme s'explique par la même confusion initiale.

L'artificialisme consiste à considérer que les psychismes desêtres naturels ont été façonnés et créés comme le sont les objets de l'artisanat humain.

Il assimile ainsi les êtresvivants à des produits d'un artifice.

Il pense que le soleil et la lune ont été modelés, le lit de la rivière creusé, etc...Erreur inverse de l'animisme, mais coexistant dans l'enfant parce qu'il ne se soucie pas de logique, et que les deuxerreurs procèdent l'une et l'autre d'une confusion initiale : — l'animisme attribue aux objets inertes des facultés et des propriétés qui sont le propre d'êtres psychiques;— l'artificialisme assimile à des objets produits par des volontés analogues à la sienne des objets naturels. Dans les deux cas, l'esprit montre qu'il n'a pas la claire distinction du subjectif et de l'objectif. Quoi de plus strictement individuel que le rêve? Or, si on interroge l'enfant avec précaution, on s'aperçoit qu'il croitque le rêve a été une réalité.

Il donne au rêve une valeur objective.

C'est ce qui subsiste dans les populationsprimitives, ce qui fait que le rêve est le présage de ce qui va arriver, car le rêveur, pense-t-on, ne fait que voir àl'avance. Les confusions que nous relevons dans la pensée enfantine se reproduisent d'une façon anormale dans les étatspathologiques où l'individu perd le sens du réel.

Il y a confusion de l'imaginaire subjectif et du réel objectif.

Celamontre qu'il y a non seulement une double conquête de l'intériorité et de l'extériorité, mais encore que cetteconquête peut être ruinée par un accident mental. Comment se fait la différenciation successive de l'objectif et du subjectif? Dans une première étape, il y a le corps et le non-moi.

Les sensations coenesthé-siques sont remarquables par leurcaractère affectif et variable, tandis que les sensations externes sont comme rêvées.

L'enfant touche et voit sespieds et ses mains.

Ces sensations semblent conditionner les autres.

On met la main devant les yeux, on se cachele monde.

Ainsi on prend conscience du moi et des choses. La deuxième étape est celle du moi spirituel et du monde extérieur.

Différence entre corps et chose reconnue,l'enfant prend conscience qu'en lui-même il y a corps et conscience.

L'expérience du mensonge lui permet de sentirtoute la différence entre la pensée intérieure et les mots qu'il profère. Le sentiment du réel comporte un jugement d'extériorité, jugement qui n'est pas forcément explicite, mais laperception nous apparaît d'autant plus réelle qu'elle s'intègre mieux à un ensemble, à un monde.

Déjà l'attitudemotrice implique un tel jugement.

Il y a une affirmation implicite de la réalité du monde extérieur dans la manièremême de se tenir par rapport aux objets.

Cette affirmation devient plus explicite lorsqu'on a le sentiment que laperception s'impose, qu'on ne peut l'éviter; elle se confirme encore avec la cohérence mentale, c'est-à-dire l'accordavec tout un contexte; enfin des facteurs sociaux contribuent à nous assurer que la perception est objective.

Noussommes d'autant plus sûrs de notre perception, que nous trouvons des témoins d'accord avec nous.

La société està la fois une aide (elle nous préserve des fantaisies individuelles, elle répand l'exigence de certaines vérifications) etaussi un obstacle parce qu'il n'y a pas de société sans superstitions. C'est pourquoi l'aide de la société doit être complétée par le contrôle et l'aide de la raison.

Tous ces facteurs réunispermettent le jugement d'extériorité.

Comme L'a dit Pierre Janet : « Saisir une perception avec le sentiment quec'est bien le réel, c'est coordonner autour de cette impression toutes nos tendances, toutes nos activités.

» Comment peut-on situer par rapport aux principales doctrines la solution qui vient d'être proposée? Dire que le sentiment du réel n'est pas immédiat, c'est donner un gage à la conception intellectualiste; mais dire quele sentiment du moi n'est pas lui non plus immédiat, c'est, semble-t-il, donner un gage à la théorie empiriste.

On esten effet tenté de conclure que si le sentiment du moi n'est pas immédiat, c'est qu'il est apporté par l'expérience, etcela, c'est bien de l'empirisme.

Or, telle n'a pas été notre explication : l'expérience est nécessaire pour que le moiprenne conscience de lui-même comme de l'objet.

Les deux sortes de conscience vont de pair et se fortifient l'unepar l'autre, mais « prendre conscience de », ce n'est pas créer, apporter comme une nouveauté irréductible «prendre conscience de, c'est découvrir ce qui existait déjà.

Le moi était donc à l'œuvre dès le début, mais dansl'inconscience de lui-même. Mais on ne ratifie pas pour autant la conception intellectualiste traditionnelle, car le fait primitif de l'existence neparaît pas être une pensée, mais une action, impliquant sans doute la pensée, mais de telle sorte que le passage dela pensée implicite à la pensée explicite reste second par rapport à l'action. En réalité, il y a bel et bien activité de l'esprit dans le sentiment du réel et dans la construction de l'idée d'objet,mais ce serait par un artifice qu'on isolerait sentiment du réel et sentiment du moi, idée d'objet et idée d'intériorité.. »

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