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Qu'on admire tant qu'on voudra la société humaine, il n'en sera pas moins vrai qu'elle porte naturellement les hommes à s'entre-haïr, à proportion que les intérêts se croisent, à se rendre mutuellement des services apparents et à se faire, en effet, tous les maux imaginables. J.-J. Rousseau (note 9 du Discours sur l'inégalité)

Publié le 15/05/2012

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rousseau

L'homme naît bon, la société le dépraçe. C'est la thèse que Rousseau soutient dans tous ses écrits. Elle se trouve déjà dans le premier discours où elle pouvait ne sembler qu'un paradoxe :elle est défendue avec plus de profondeur et d'âpreté dans le second et elle est l'âme de tous les autres ouvrages. Qu'on admire ....

rousseau

« 4.

La politesse, fruit de la civilisation, est souvent hypocrisie, La Rochefoucauld l'avait déjà dit et bien d'autres: Les hommes ne vivraient pah longtemps en société.

s'ils n'étaient les dupes les uns des autres.

II.

Ce qu'il y a d'exagéré et même de faux.

1.

La société ne crée pas l'égoïsme qui est instinctif et ori· ginel.

Mêine à l'état sauvage, et surtout à l'état sauvage, les hommes désireraient assouvir leurs passions, rechercheraient leurs satisfactions et leurs intérêts, même en passant par­ dessus les plus faibles, en les exploitant, en les écrasant.

2.

L'inégalité, en effet, est, elle aussi, naturelle et primitive et la société doit prendre à tâche d'en atténuer les effets; elle le fait parfois, elle doit y tendre toujours.

A l'état de nature les faibles, les vieillards, les malades sont nécessaire· ment sacrifiés.

Dans toute société, même mal organisée, il y a des hôpitaux, des hospices, des orphelinats, etc.

3.

L'état social augmente la solidarité.

Nous avons tous besoin les uns des autres et il n'est pas vrai que nous tirions toujours profit des malheurs des autres.

Ordinairement c'est le contraire.

La société ne peut subsister sans un mutuel échange de bons offices.

Elle développe donc l'altruisme, crée la charité, le dévouement.

4.

Dans une société même imparfaite les faibles ne sont pas nécessairement A la merci des plus forts; en s'unissant, ils peuvent devenir et deviennent souvent les plus forts eux­ mêmes ...

Sans doute cela suppose des luttes, mais c'est qu'elles sont inhérentes à la vie.

Il y en avait avant la covstitution des sociétés.

o.

Enfin la politesse peut être une vertu.

Elle nous oblige à nous gêner pour les autres.

Elle est une sorte de renoncement.

• La politesse, dit Pascal, c'est : incommodez-vous.

• La société n'est donc pas seule responsable de nos vices.

Elle comporte des avantages et des inconvénients et, ce qui tranche tout, elle est elle-même un fait humain; elle est conforme à la nature, à laquelle Rousseau a tort de l'opposer.

L'homme est essentiellement un animal sociable.. »

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