Quoi qu'en disent les moralistes, l'entendement humain doit beaucoup
Publié le 19/03/2014
                            
                        
Extrait du document
« Quoi qu'en disent les moralistes, l'entendement humain doit beaucoup aux passions, qui, d'un commun aveu, lui doivent beau-coup aussi. C'est par leur activité que notre raison se perfectionne ; nous ne cherchons à connaître que parce que nous désirons jouir ; et il n'est pas possible de concevoir pourquoi celui qui n'aurait ni désirs ni craintes se donnerait la peine de raisonner. Les passions à leur tour tirent leur origine de nos besoins et leur progrès de nos connaissances. Car on ne peut désirer ou craindre les choses que sur les idées qu'on en peut avoir, ou par la simple impulsion de la nature ; et l'homme sauvage, privé de toute sorte de lumière, n'éprouve que les passions de cette dernière espèce. Ses désirs ne passent point ses besoins physiques ; les seuls maux qu'il craigne sont la douleur et la faim. Je dis la douleur, et non la mort; car jamais l'animal ne saura ce que c'est que mourir; et la connaissance de la mort et de ses terreurs est une des premières acquisitions que l'homme ait faites en s'éloignant de la condition animale. « Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755).
L'entendement dépend de l'activité des passions
Rousseau affirme, contre la position traditionnelle des moralistes, l'influence des passions sur l'entendement. Les passions sont actives, contrairement à une vision répandue selon laquelle pâtir signifie souffrir. Le perfectionnement de la raison dépend de l'activité des passions. La connaissance est impuissante à s'orienter sans le désir. Supprimons en
«
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1 
1 	
1 	L'homme sauvage, privé d'entendement, 
ne 	craint 	point 	la 	mort 	
1 	
Toute 	la dernière  partie 	du 	texte est dévolue  à 	l'homme 	
sauvage.
                                                            
                                                                                
                                                                     En partant  de 	la représentation  de l	'homme 	civi
lisé,  en 	
le 	privant  de l'entendement, 	on 	obtient  celle de 
L'homme  sauvage.
                                                            
                                                                                
                                                                    Dès  lors,  dans  l'obscurité  de son  être, 	
les 	
passions 	(«les  désirs	») ne subiront  que 	la pression (l'impul
sion)  des besoins 	
du 	corps 	(«les 	besoins 	physiques	»).
                                                            
                                                                                
                                                                    	Position 
d'équilibre  à jamais  perdue  -peut-être  gage 	
d'un 	certain 
bonheur  -	
où 	les 	passions n'excèdent  jamais les besoins .
                                                            
                                                                                
                                                                    
Bien  que Jean-Jacques  Rousseau ne développe  pas directe	
ment 	ce point, 	la construction  logique 	du 	texte appelle 	un 	
complément  : dans  l'état  civilisé  les passions  dépassent, 
excèdent  les besoins,  elles s'accroissent  de l'appel  des idées, 
elles  déséquilibrent 	
l'homme 	(et peuvent  être ainsi  sources 
de  son  malheur).
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Non 	pas qu'il 	n'y 	ait aucun  malheur 	pour 	
l'homme  dans l'état  sauvage.
                                                            
                                                                                
                                                                     Seulement  deux : 	la douleur 	
et 	la 	faim.
                                                            
                                                                                
                                                                     La douleur  à éviter  (comme  crainte), 	la 	faim 
(comme  désir	
).
                                                            
                                                                                
                                                                    	La 	crainte de 	la 	mort 	n'est propre 	qu'à 	
l'homme  civilisé.
                                                            
                                                                        
                                                                    	Sorte 	de malheur  supplémentaire 	lié 	à 
l'éloignement  du 	
bonheur 	obscur 	où 	nous étions  plongé, 
grâce  au non-savoir,  dans notre  premier  état de nature.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
La 	vision  rousseauiste  rompt 
avec  l'approche  traditionnelle 
Rousseau avance une conception  de 	la passion, en rup
ture  aussi  bien avec l'approche  rationaliste  qui privilégie 	
la 	
raison  qu'avec  l'approche  religieuse qui condamne  les pas
sions.
                                                            
                                                                                
                                                                     Contrairement  également à l'idée  commune, 	
le 	
monde  de l'état  de nature 	n'est 	pas, 	pour 	Rousseau,  mar
qué 	
d'un 	trop-plein  de passions.
                                                            
                                                                                
                                                                     Celles-ci se développent 
avec 	
le développement  de l'homme,  et son  passage  de l'état 
de  nature  à l'état  social.
                                                            
                                                                                
                                                                    Quelle  que soit 	
la clarté 	du 	texte, 	
sa limite  est celle-là  même qui est liée  à son  armature  théo
rique.
                                                            
                                                                                
                                                                     Autrement  dit, antérieurement  à 	
la description faite 
par  Rousseau,  celui-ci s'appuie  sur la distinction  entre l'état 
de  nature  et l'état  civil.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Or 	cette distinction  est une  simple 
vue  théorique,  qui  a sûrement  une valeur  polémique,  mais 
qu'aucune  donnée de l'ethnologie 	
n'a 	jamais 	pu 	confirmer.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
« L'homme  sauvage 	» de Rou sseau 	et 	de 	ses 	contemporains 
est  une  simple  vue de !'Esprit 	
•.
                                                                                                                    »
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