QUI SUIS-JE, MOI QUI DIS « JE »?
Publié le 19/03/2014
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QUI SUIS-JE, MOI QUI DIS « JE «?
Je suis autre que ce que je crois être
Je peux douter de tout, mais je ne peux douter que j'existe, moi qui doute. J'accède ainsi à la conscience de moi comme existant et à la connaissance de moi comme pur pou¬voir de penser. Et il me semble que je suis maître de mes pensées et donc de mes discours. J'ai aussi le pouvoir de dire « je «, c'est-à-dire de me saisir soi-même, par un retour sur moi, comme sujet conscient et un, qui reste identique à lui-même
«
sur moi.
C'est ce que Freud a exprimé dans une formùle
célèbre qui indique
le but de la cure psychanalytique et où il
entendait par Es ( « ça ») l'inconscient en général et par !ch
(«Je») la conscience et la volonté : « Wo Es war Soli !ch wer
den
» («Où était ça, je doit devenir »).
Ce qu'on pourrait tra
duire,
avec Lacan, ainsi : « Là où fut ça, il me faut advenir ».
Il y a donc de ce lieu où ça était, un devenir possible vers le
Je, vers la personne .
SU IS -J E LE MIEUX PLAC É POUR ME
CONNA ÎTRE ?
1 Je ne suis pas le mieux placé,
autrui ne l'est pas davantage
En tant qu'être conscient, j'ai le sentiment de savoir qui
je suis, ce que je suis.
Toutefois, ma subjectivité n'est-elle
pas
un obstacle à une connaissance objective de moi-même?
Quand je prétends me connaître, ne suis-je pas, au fond, de
mauvaise foi?
Et s'il m'arrive de reconnaître tel ou tel
défaut que j'ai, n'est-ce pas par complaisance
ou pour le
nier par cet acte même de sincérité? Autrui est-il,
pour
autant, le mieux placé pour me connaître ? Il ne semble pas.
Comment peut-il, partant de l'observation de mes compor
tements, avoir accès
à mon intériorité? N'est-il pas extérieur
à moi, à ce que je ressens, à mes pensées les plus secrètes?
En outre, autrui ne risque-t-il pas de me voir tel qu'il sou
haiterait consciemment
ou inconsciemment que je sois?
1 Le rapport à soi ne se pose pas en tmne de connaissance
On peut se demander si le rapport à soi se pose en terme de
connaissance.
La volonté de comprendre à tout prix, recherche
butée de
la transparence, ne vise-t-elle pas à bannir de ma
conscience
le sentiment de l'opacité de mon être, à résorber
mon être dans
la connaissance que je pourrais en avoir?
Pourquoi vouloir réduire le vécu à l'intelligible? À moins d'être
sans
fin sujet à une compulsion de répétition, confronté tou
jours au retour du même,
à l'échec et à la souffrance névrotique
- auquel
cas le recours à un psychanalyste s'avère nécessaire -,
ce qui importe, n'est-ce pas, au fond, plus que la connaissance
de soi,
la quête de soi? Quête qui peut prendre diverses formes
(l'amour,
la création) et qui devient ce qui me soutient dans
l'existence et me porte en
avant •
25.
»
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