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Qu'est-ce qu'une communauté? En quoi diffère-t-elle des rapports plus ou moins compliqués des individus entre eux et avec les groupes dont ils font partie?

Publié le 16/09/2014

Extrait du document

Tout groupement humain aboutit à la constitution d'un « nous « dans lequel fusionnent, et à des degrés divers, s'effacent les divers « moi « des individus qui le composent.

d)   Par suite, notre attitude à l'égard des individus est bien différente suivant qu'ils sont de notre groupe, d'un groupe concurrent ou ennemi, ou bien enfin simplement étrangers à notre groupe et considérés en eux-mêmes.

J'aime 'un ami pour lui-même, un professeur ou un écrivain pour leurs idées ou leur talent littéraire. Mais dans bien de mes camarades, je vois principalement quelqu'un de ma classe, de mon milieu, de mon parti; j'aime mes frères, non pas à cause de ce qu'ils sont, mais parce qu'ils sont mes frères; à plus forte raison l'amour maternel n'est-il pas proportionné au mérite des enfants. Enfin, ce n'est pas un individu déterminé que, aux périodes d'effervescence politique, les amateurs de graffiti, veulent mettre « à bas « ou envoyer au « poteau «, mais le représentant d'un parti : à travers l'individu ils visent le groupe.

Comme l'homme moderne fait partie de groupements assez divers (fami­liaux, professionnels, confessionnels, culturels, politiques, sportifs, etc.), on voit combien est délicate l'analyse de notre attitude à l'égard des individus à qui nous avons affaire.

 

b) Mais il ne faudrait pas mettre tous les groupements humains sur le méme pied : nos rapport avec les communautés véritables dont nous faisons partie diffèrent profondément de ceux que nous entretenons avec les autres groupes.

« MORALE PRA T!QL'E 36i L -- Qu'EsT-CE ou'u:œ COM:l!U:'!AUTÉ (1) P La notion de communauté est plus complexe qu'il ne paraît à première vue.

Nous l'établirons par approches successives.

a) Au sens abstrait, la communauté est le caractère de ce qui est com­ mun.

Par suite, nous pourrions, semhle-t-il, définir la communauté au sens concret : un groupe d'individus qui possèdent quelque chose en commun.

Mais quelle est la propriété communautaire qui constitue la communauté:• Ce n'est pas la communauté des biens matériels.

Sans doute, les grou­ pements auxquels est appliqué le plus souvent le terme de communauté, les sociétés religieuses, ont renoncé à la propriété indidduelie; d'autre part, dans la famille, qui nous fournira le type de la communauté, le père n'est au fond que l 'administratr!ur du bien de tous.

Mni:< il ne suffit pas de posséder des biens en commun pour former une communauté : personne ne prétendra reconnaître le type communautaire dans le groupe de por· teurs d'actions d'une société industrielle ou commerciale.

Ce ne sera pas davantage la communauté de culture et de pensée : les adhérents d'un parti politique ne constituent pas une communauté.

La communauté de sang elle-même, qui fait la solidité du lien familial, n'est ni nécessaire ni suffisante pour la constitntion ou le maintien de la réalité communautaire, ainsi que nous le montrent d'une part les com­ munautés religieuses et de ! 'autre les foyers dispersés par la mésentente.

b) :'fous sommes ainsi amenés à cette nouvelle .définition : la commu­ nauté est un groupe d'individus vivant en commun.

Cette communauté de vie pourrait sembler avoir atteint son maximum chez les religieux qui habitent sous le même tO'it, mangent à la même table, obéissent au même supérieur, suivent la même règle; mais elle est encore plus intime, nous le savons par expérience, dans la famille normale.· Et cependant cette définition, elle non plus, n'est pas acceptable, sinon le type de la parfaite communauté nous serait fourni par les détenus par­ qués dans la m~me prison.

c) On. »

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