Qu'est-ce qu'une communauté ? En quoi diffère-t-elle des rapports plus ou moins compliqués des individus entre eux et avec les groupes dont ils font partie? Réfléchissez à ces questions en prenant comme exemple la communauté familiale.
Publié le 15/09/2014
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Et cependant cette définition, elle non plus, n'est pas acceptable, sinon le type de la parfaite communauté nous serait fourni par les détenus parqués dans la même prison.
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MORALE PRATIQUE ~Gl
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- Qu'EST-CE QU'UNE CO~UIUN~UTÉ (1) il
La notion de communauté est plus complexe qu'il ne paraît à première vue.
Nous l'établirons par approches successives.
a) Au sens abstrait, la communauté est le caractère de ce qui est com mun.
Par suite, nous pourrions, semble-t-il, définir la communauté au sens concret : un groupe d'individus qui possèdent quelque chose en commun.
Mais quelle est la propriété communautaire qui constitue la commnnauté ? Ce n'est pas la communauté des biens matériels.
Sans doute, les grou: pements auxquels est appliqué le plus souvent le terme de communauté, les sociétés religieuses, ont renoncé à la propriété individuelle; d'autre part, dans la famille, qui nous fournira le type de la communauté, le père n'est au fond que l'administrateur du bien de tous.
Mais il ne suffit pas de posséder des biens en commun pour former une communauté : personne ne prétendra reconnaître le type communautaire dans le groupe de por teurs d'actions d'une société industrielle ou commerciale.
Ce ne sera pas davantage la communauté de culture et de pensée : les adhérents d'un parti politique ne constituent pas une communauté.
La communauté de sang elle-même, qui fait la solidité du lien familial, n'est ni nécessaire ni suffisante pour la constitution ou le maintien de
la réalité communautaire, ainsi que nous le montrent d'une part les com munautés religieuses et de l'autre les foyers dispersés par la mésentente.
b) Nous sommes ainsi amenés à cette nouvelle définition : la commu nauté est un groupe d'individus vivant en commun.
Cette communauté de
vie pourrait sembler avoir atteint son maximum chez les religieux qui habitent sous le même toit, mangent à la même table, obéissent au même supérieur, suivent la même règle; mais elle est encore plus intime, nous le savons par expérience, dans la famille normale.
Et cependant cette définition, elle non plus, n'est pas acceptable, sinon le type de la parfaite communauté nous serait fourni par les détenus par qués dans la même prison.
c) On croira peut-être qu'il suffira, pour éviter cette conséquence absurde, de préciser la définition précédente et de dire : la communauté est un groupe d'individus vivant volontairement en commun.
Effectivement, ni la communauté familiale ni la communauté religieuse ne peuvent se constituer par la force et elles ne peuvent se maintenir que par le désir de ses membres de lui rester attachés.
Mais cette volonté de vie commune se présente à des degrés divers.
Il semblerait qu'elle atteint sa forme parfaite chez l'individu qui, à un âge où il est capable de décision personnelle, opte délibérément pour la vie communautaire dans un ordre religieux; au contraire, l'attachement de l'enfant pour une famille dans laquelle il est né sans l'avoir voulu méri terait à peine le nom de volonté.
Et cependant, à n'en pas douter, le lien communautaire qui unit l'enfant à sa famille est autrement étroit que
celui qui lie le religieux à la congrégation dans laquelle il a fait ses vœux.
(1) L'ouvrage capital sur la notion de communauté est celui de ToNNIES (tre édi tion allemande, 188i), qui n'a été traduit en frarn;iais que récemment : Commu nauté et Société, Pres,ses universitaires, 1944..
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