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Qu'est ce qu'un génie?

Publié le 17/01/2005

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Est-ce à dire que l'esthétique comme étude de la réception doit se conjuguer, comme le proposait Valéry et par la suite Gilson, avec une poétique comme étude de la création      ? Sans doute ; mais cette poétique peut elle-même s'engager sur deux voies différentes, selon qu'elle se réfère préférentiellement à l'objet et aux opérations qui le produisent, aux techniques ou aux écritures auxquelles recourent ces opérations - en quoi cette poétique sera elle-même objectiviste -, ou au sujet, à son histoire singulière, à sa vocation, à son inspiration plutôt qu'à son métier - en quoi cette poétique sera subjectiviste. Ici encore, une voie conduit à l'autre : l'intériorité de la conscience créatrice ne se révèle que dans l'extériorisation du faire, dans le geste qui affronte la matière et qui manie l'outil. « Heureux qui orne une pierre dure. Artisan d'abord », disait Alain. Cependant, on conçoit qu'une esthétique subjectiviste puisse privilégier, au moins pour un moment, la psychologie de la création, et même le concept, si c'en est un, de génie. Non seulement parce que ce concept est flatteur pour l'artiste, mais parce qu'en tout cas la subjectivité est irréductible, et qu'on ne peut lui refuser ni l'intériorité ni l'initiative : pourquoi un peintre choisit-il d'être peintre, et pourquoi fait-il de telles oeuvres, c'est son secret, qui sollicite la psychologie. D'autant qu'on peut croire qu'il veut livrer ce secret : on affirme souvent que l'artiste, même s'il ne dit rien de lui, s'exprime dans son oeuvre, comme l'arbre dans son fruit ou le rêveur dans ses fantasmes. Aussi la psychologie de la création est-elle souvent, de nos jours, une psychanalyse de l'artiste. Freud en a donné l'exemple en étudiant Léonard ; il a aussi donné l'exemple, qui n'a pas toujours été suivi par ses disciples, de la modestie de son propos : « Le don artistique et la capacité de travail étant intimement liés à la sublimation, nous devons avouer que l'essence de la fonction artistique nous reste aussi, psychanalytiquement, inaccessible.

« Qu'est—ce qu'un génie ? D'où vient que si peu d'hommes soient reconnus comme artistes ? Kant répond par la notion de génie : c'est la disposition innée de l'esprit par laquelle la nature donne les règles à l'art (Critique du jugement, § 46).

Le génie, du latin genius qui désigne un esprit accompagnant chaque individu tout au long de sa vie pour le protéger, est un don inexplicable à la naissance.

Il est distribué de façon incompréhensible à quelques rares individus, mais ne peut setransmettre volontairement ; n'est pas génie qui veut.

C'est un don de la nature, héréditaire ; c'est pourquoi ontrouve des familles de génies, comme la famille de J.S.

Bach qui eut une vingtaine d'enfants, famille dans laquelle oncompte une soixantaine de musiciens ! C'est un don par lequel on obtient les règles de fabrication des oeuvres d'art. Ce ne sont pas des règles connues puisque le génie ne sait pas les expliquer lui-même ; le génie est inspiré brutalement, par éclairs, pour créer l'oeuvre .d'art, mais il ne peut pas former des disciples, ni communiquer unsecret qu'il ne connaît pas lui-même.

Le génie est un esprit original.

Selon Kant, le génie a un devoir d'exemplarité : il doit présenter ses oeuvres pour qu'elles servent de modèles aux autres artistes, sans qu'il puisse, pour autant, les expliquer. Les limites de la théorie Nietzsche a critiqué cette théorie alors qu'il était concerné par la question puisqu'il a été qualifié, au début de sacélébrité, de génie philosophique ; il aurait pu jouer de cette notoriété, mais il s'y est refusé et a pris une distance critique.

Selon lui, la notion de génie divinise à tort l'artiste qui est, somme toute, un homme comme les autres, à cette différence près que c'est un grand travailleur ; tout travail humain est compliqué, mais aucune oeuvrehumaine ne provient de Dieu.

Il donne aussi une interprétation psychologique de l'origine de cette notion : chacun est envieux à l'égard du génie, mais chacun sait aussi que pour parvenir à ce niveau, il faut beaucoup travailler.Alors, pour excuser facilement sa propre paresse, on qualifie l'artiste de génial pour croire qu'il n'est pas fait comme tout le monde.

Nommer quelqu'un " divin ", c'est dire: " ici nous n'avons pas à rivaliser ".

Enfin, à la différence de l'objet artisanal qui porte la trace du travail de l'artisan, l'oeuvre d'art ne laisse apercevoir aucun reste de sonélaboration.

Le public naïf ne voit plus que la perfection du résultat final et croit que l'oeuvre est d'origine divine.Cette croyance dans le génie n'est qu'un enfantillage.. »

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