Qu'est-ce qu'un esclave ?
Publié le 01/09/2004
Extrait du document
- Esclave: Du latin médiéval sclavus, « slave «.Personne placée sous l'autorité et la dépendance absolue d'un maître qui peut disposer d'elle comme de n'importe quel bien.
- Chez Hegel, la conscience qui, dans la lutte à mort qui l'oppose à une autre conscience, préfère la vie à la liberté et s'affirme dans la dépendance à autrui.Chez Nietzsche, l'homme faible, le décadent, le vaincu de la vie qui se plie à la morale du ressentiment.
- Pour Aristote, l'esclavage est un fait de nature : certains hommes ne s'appartiendraient pas à eux-mêmes et seraient faits pour « subir l'autorité d'un maître «.
- Pour Spinoza, l'esclavage réside d'abord dans l'impuissance de l'homme à gouverner et à contenir ses passions. L'esclave est un ignorant.
- Dans la dialectique hégélienne du maître et de l'esclave, l'esclave, d'abord dominé par le maître, finit par gagner son indépendance par son travail alors que le maître, oisif, se contente de jouir passivement des choses façonnées par l'esclave. Le maître devient alors l'esclave de son esclave. La réflexion devra viser une définition de l'esclavage comme situation, ou comme rapport.
Le terme esclave désigne une personne qui est la propriété d’une autre, et se réduit donc au statut de simple instrument. A la différence de l’homme libre, l’esclave est également privé de tout droit politique ou juridique. La condition de l’esclave semble donc être entièrement due à des circonstances extérieures qui ont réduit un être humain dans une situation de servitude. Mais ne peut-il pas y avoir des hommes qui sont faits par nature pour obéir, et d’autres pour commander ? Si tel était le cas, être un esclave serait simplement l’actualisation de l’essence d’un homme fait par nature pour obéir. Mais on peut aussi contester qu’il y ait des hommes faits par nature pour commander ou pour obéir. En effet il se pourrait que l’esclavage ne soit qu’une situation transitoire, résultant d’un rapport de force dans lequel l’esclave a eu le dessous sur le maître. Il s’agirait alors d’une épreuve en droit réversible, de sorte que celui qui a eu le dessous à un moment donné puisse toujours sortir de sa condition d’esclave. Mais on peut également être esclave autrement qu’en étant asservi par un autre. Ainsi l’on peut bien considérer qu’un homme qui n’est pas maître de ses passions peut en devenir l’esclave, au sens où sa vie peut être dirigée par elles sans qu’il le choisisse librement. Dès lors sortir de l’esclavage n’exige-t-il pas que l’on se rende maître de ses passions ?
«
quel droit mon esclave aurait-il contre moi, puisque tout ce qu'il a m'appartient et que, son droit étant le mien, cedroit de moi contre moi-même est un mot qui n'a aucun sens ? »d) L'homme en tant qu'être raisonnable qui peut se définir moralement, suivant la loi morale et l'impératifcatégorique et c'est pour cela que l'homme ne doit pas être réduit à un simple rouage, ou à une force de travail telun animal.
Or cette valeur en soi de la raison se réfléchit donc dans l'être qui la possède, l'homme en particulier.
Parlà même, l'homme devient à son tour une fin en soi.
La fin de toute action morale doit donc être, pour la volonté dusujet moral humain, la reconnaissance de l'homme comme fin en soi, c'est-à-dire le respect de la dignité de lapersonne humaine et c'est bien ce que nous dit Kant dans la Fondation de la Métaphysique des Mœurs .
Cette fin est bien universelle, puisque tout homme, en tant qu'il est un être de raison, doit être reconnu comme une fin et nejamais être utilisé seulement comme un moyen.
Kant utilise les expressions « toujours en même temps comme unefin » et « jamais simplement comme un moyen ».
Le « toujours » montre seulement que le « traitement » de l'autrehomme, mais aussi de soi-même, doit toujours être subordonné à la reconnaissance de celui-ci comme fin en soi,c'est-à-dire comme personne ou sujet moral.
Ainsi l'homme a une valeur intrinsèque.
Un esclave est donc un être quivit contre sa nature.
Transition : Ainsi l'esclave est un homme auquel on refuse la qualité d'homme justement et que l'on classe au même rangel'animal alors qu'il possède une valeur intrinsèque et supérieure.
On peut alors comprendre pourquoi la charte del'ONU interdit l'esclavage au nom du respect de l'homme.
Néanmoins l'homme peut-il s'asservir lui-même.
II – La servitude passionnelle a) Les hommes sont presque tous uniquement conduits par leurs passions, et leurs passions, ainsi qu'il vient d'êtreexpliqué, les font ennemis les uns des autres.
Mais leur existence ne va pas se passer pour cela dans une luttecontinuelle de chaque homme contre chaque homme.
Le désir comme la passion et l'imagination sont gagesd'hétéronomie pour l'homme.
Il n'est plus maître de lui-même.
La passion fait de l'homme un esclave dans la mesureoù le désir est ce mouvement qui me porte vers un objet que j'imagine source de satisfaction.
Désir de fortune, desanté, etc., le cycle du désir semble éternellement recommencé et représente mon expérience quotidienne.
Laliberté, ou cette sortie de la servitude ce trouve dans l'autonomie c'est-à-dire l'indépendance et la maîtrise de soi etde ses passions comme on peut le voir chez Kant dans la Fondation de la Métaphysique des Mœurs .
En effet, pour que l'homme soit libre, il faut sa volonté soit libre c'est-à-dire autonome et indépendante vis-à-vis des désirs, carsoumis aux désirs et aux passions, la volonté n'est pas autonome mais hétéronome, c'est-à-dire qu'elle ne peut passe déterminer suivant la règle que lui donne la raison.
Les objets de sa représentation ne sont pas en accord aveccette maxime de liberté de la raison ; et encore moins, le plus souvent, avec l'impératif catégorique : « agis commesi la maxime de ton action devait être érigée en même temps par ta volonté comme loi universelle.
» En effet, ledésir est en opposition avec la liberté, et il semble que ce ne soit que par l'ascèse, c'est-à-dire par la négation del'un, les désirs, que la liberté soit possible.b) Comme Kant nous le montre dans ses Leçons d'Ethique être maître de soi ou exiger la perfection morale de l'homme, c'est-à-dire qu'il soit maître de lui-même et autonome ce n'est pas en demander trop à l'homme maissimplement exiger de lui et de la définition de la morale une rigueur que n'ont pas les morales indulgentes qui semettent au niveau des capacités de l'homme pour fonder leurs morales : « L'éthique peut proposer des lois demoralité qui sont indulgentes et qui s'ordonnent aux faiblesses de la nature humaine, et ainsi elle s'accommode àcette nature en ne demandant rien de plus à l'homme que ce qu'il est en mesure d'accomplir.
Mais l'éthique peutaussi être rigoureuse et réclamer la plus haute perfection morale.
En fait, la loi morale doit elle-même êtrerigoureuse.
Une telle loi, que l'homme soit en mesure ou non de l'accomplir, ne doit pas être indulgente ets'accommoder aux faiblesses humaines, car elle contient la norme de la perfection morale, laquelle doit être stricteet exacte. [2]» L'essentiel est en effet de voir que la morale n'est pas produite à posteriori mais bien a priori c'est- à-dire qu'elle ne doit pas tenir compte de l'empirie, donc de tout lien avec l'expérience, elle est normatif et formelle.Elle donne un cadre à l'action morale.
C'est pourquoi : « L'éthique indulgente est la corruption de la mesure deperfection morale de l'humanité.
La loi morale doit être pure.
» La morale a pour but la perfection morale del'humanité, de le rendre bon, non seulement l'humanité en tant qu'espèce, comme tout, mais aussi l'humanité enchaque homme.
La perfection morale est alors une maîtrise de soi.c) Bien plus, c'est par cette usage de la liberté que peut se développer l'autonomie du sujet.
En effet, la moralekantienne insiste sur ce point : « Devoir ! Nom sublime et grand, toi qui renferme rien en toi d'agréable, rien quiimplique insinuation, mais qui réclames la soumission… quelle origine est digne de toi, et où trouve-t-on la racine deta noble tige ? », Kant , Critique de la raison pratique .
Le pur devoir a priori commande catégoriquement.
L'impératif catégorique est le seul purement moral.
Le « tu dois » représente une des expériences fondamentales de laconscience morale.
Le devoir exprime une obligation qui n'a rien à voir avec la nécessité ou la contrainte.
Car ce quiest obligatoire peut être fait ou ne pas fait, alors que je ne puis en aucun cas me soustraire à ce qui est nécessaire.L'obligation morale et le devoir sont libres ; au contraire, devant le nécessaire, la volonté doit s'incliner.d) Mais pour reprendre la critique de Nietzsche dans la Généalogie de la morale : faire preuve de maîtrise de soi c'est se soumettre à un idéal ascétique, c'est-à-dire se refermer au monde, et refuser les passions.
C'est donc nierla vie même.
A cette volonté de néant, Nietzsche propose le développement d'une volonté de puissance, principe devie, c'est-à-dire la prise en compte de ses émotions.
A une maîtrise de soi faible et moribonde, Nietzsche substitueun déchaînement de la puissance vitale : les passions, la vie.
Comme le note très bien Pierre Lasserre dans la Morale de Nietzche : « L'homme est fait d'une multiplicité de tendances, d'affections, d'impulsions, de mobiles, puissances discordantes qui le déchireraient bien vite et le feraient périr de son propre désordre, s'il ne se lesreprésentait nettement dans des rapports de subordination et de dépendance qui assignent à chacune d'elles son.
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