Qu'est ce qu'un barbare ?
Publié le 23/09/2018
Extrait du document
«
présenté comme appartenant à l’état de nature, c’est-à-dire comme n’étant pas
entré dans la culture.
Cette conception est pour lui fallacieuse parce qu’elle
repose sur l’idée préconçue que la culture est fondamentalement bonne.
Comme
celle-ci constitue une modification d’un caractère premier – autrement dit un
artifice – elle équivaut au contraire à une déformation de la nature.
Dès lors, les
hommes ayant su conserver leur caractère naturel représentent un échantillon de
pureté où se retrouvent l’authenticité et la simplicité de la nature.
Montaigne en
arrive alors à inverser l’accusation de barbarie : ne serait-ce pas plutôt à
l’homme culturel, s’interroge-t-il, que devraient s’adresser les qualificatifs de «
sauvage » et de « barbare » ? En réalité, les civilisés dépassent bien en barbarie
ceux qu’ils nomment « barbares ».
Montaigne affirme ainsi « Je ne suis pas marri
que nous remarquons l’horreur barbaresque qu’il y a en une telle action, mais oui
bien de quoi, jugeant bien de leurs fautes, nous soyons si aveugles aux nôtres »
dans Les Essais .
Ainsi, le cannibalisme des indiens du Brésil, pratiqué dans des
circonstances très particulières, n’atteint pas la cruauté des blancs, qui la
pratiquent, eux, presque en toutes circonstances.
Par ailleurs, tous les êtres humains arrivent au monde dans la culture et
possèdent une culture.
La culture c'est à la fois l'ensemble de valeurs et de
productions qui constituent le monde dans lequel nous vivons, mais c'est aussi le
processus de formation et de développement qui permet à tout être humain de
réaliser ce qu'il est : un être humain.
En effet ce qui fait la spécificité de l'homme
et le distingue des autres espèces animales, c'est que l'homme ne naît pas
homme, il le devient.
L'homme doit apprendre, à travers une socialisation, à être
humain.
Il reçoit son humanité en héritage.
L'hérédité ne suffit pas.
Ainsi si la
culture est la caractéristique de l'homme, il n'y a pas d'un côté les êtres
"cultivés" ou "civilisés" et de l'autre les "barbares" ou les "sauvages".
Il n'y a que
des hommes.
Ainsi lorsque nous attribuons à l'animal des comportements tels
que la cruauté, ou la barbarie nous lui attribuons en fait des comportements
que nous observons avant tout chez l'homme.
L'animal n'est ni cruel, ni
barbare.
Seul l'homme est paradoxalement capable d'actes inhumains, de
barbarie.
Conclusion
Dans Race et histoire , Claude Lévi-Strauss remet en question l'opinion
courante qui voudrait que le barbare soit celui qui par ses actes se place de
lui-même hors de l'humanité.
Or il s'avère que seuls les hommes sont capables
d'actes inhumains, d'actes de barbarie.
Ce dont témoigne l'histoire de l'humanité.
Refuser de penser la barbarie comme trouvant son origine dans l'humanité même
c'est alors, paradoxalement consentir à la barbarie.
Finalement, nous pouvons
emprunter l’expression de Lévi-Strauss pour répondre à notre problématique :
« le barbare c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie »..
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