Qu'est-ce qu'un artiste peut nous enseigner?
Publié le 05/12/2012
Extrait du document
«
« L’art perturbe les satisfaits et satisfait les perturbés »
- phrase traditionnellement attribuée à l’écrivain polonais Witold Gombrowicz
Introduction
Au début du roman Les Temps Difficiles , de Charles Dickens, le personnage de
Thomas Gradgrind, un député bourgeois et rationaliste, offre son conseil sur l’éducation
à un professeur :
« Ce qu'il faut, ce sont des Faits.
Vous n'enseignerez à ces garçons et à ces filles
que des Faits.
Dans la vie on a besoin que de Faits.
Vous ne pouvez former l'esprit
d'animaux raisonnables qu'avec des Faits; rien d'autre ne leur sera jamais d'aucune
utilité.
C'est d'après ce principe que j'élève mes propres enfants et d'après ce principe
que j'élève ces enfants-là.
Tenez-vous en aux Faits, Monsieur! »
Dans la réalité les étudiants doivent non seulement connaître les faits mais les
comprendre et être capable de penser de manière critique, complexe et imaginative.
Rappelons-nous que le moteur de l’art est l’émotion, l ’art a une nature profondément
« viscérale », et au long de l’histoire, on a souvent cru que l’art n’était pas rapporté aux
formes abstraites de la pensée ou au raisonnement de base abstraite.
Les écoles ont
donc à plusieurs reprises regardé l’art comme un e sorte d’amusement luxueux, jolie ou
agréable mais non nécessaire.
L’art serait-il donc vide de raisonnement ? Est-il « non-
intellectuel » ? Est-ce qu’il peut vraiment nous enseigner quelque chose ? Est-il
« pratique » ? Pensons à la célèbre phrase d’Osca r Wilde : « L'éducation est une chose
admirable mais il est bon de se souvenir de temps en temps que rien de ce qui est digne
d'être connu ne peut s'enseigner ».
D’ailleurs, l a première publication de « Le Portrait de
Dorian Gray » , œuvre controversée de c et écrivant irlandais, a entraîné une avalanche
de critiques due à une interprétation outrée de son contenu, vu comme étant immoral par
plusieurs lecteurs victoriens qui croyaient que le rôle de l’art était d’éduquer.
Comme
réponse à la réaction du publiqu e, Wilde a même réécrit quelques passages et ajouté de
nouveaux chapitres pour justifier les actions de ses personnages et adapter les
messages moraux et philosophiques.
Cependant, fidèle à la tradition esthétique et
croyant aux valeurs intrinsèques d’une beauté de « l’art pour l’art », l’auteur a ajouté
également une préface à son livre dans lequel il défend la liberté de l’art en argumentant
que, en tant qu’objet, il est « tout à fait inutile » car « il ne prétend ni instruire ni
influencer l’action d’auc une manière », mais tout simplement être admiré et gagner
l’esprit.
« L’artiste ne désire prouver quoi que ce soit.
», défend-il.
La place de l’art et la question de son « utilité »
Dans un monde qui se voit comme étant pratique, productif et industrialisé,
« l’inutile » est un des adjectifs les plus abominables, utilisé pour ce qui ne sert à aucune
fonction concrète dans une société à la recherche de la valeur capitale des choses.
Associer donc l’inutile à l’art a comme conséquence la marginalisation des œuvres qui
ont été créées sans un objectif spécifiquement « pratique », et qui formerait alors un
domaine dédié au simple loisir à travers la rencontre du beau pour le spectateur
« éduqué » qui peut comprendre le message, « mais tout en dissimulant l’artiste »,
comme dit Oscar Wilde.
Néanmoins, et malgré les stéréotypes de jugement de l’époque contemporaine et
sa logique essentiellement capitaliste, dans la création d’une œuvre d’art se trouve bien
plus que du simple rassemblement des lignes ou des mots sur une feuille ou une toile,
par exemple.
Des formes de pensée complexes, des planifications, des tentatives et des.
»
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