Qu'est-ce qui prouve que l'inconscient existe ?
Publié le 27/02/2005
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HTML clipboardOn remarquera bien qu'il s'agit d'un inconscient psychique, lequel ne peut être la négation totale de la conscience, mais une forme inférieure de celle-ci. Position de la question. On a longtemps défini la vie psychique par la conscience. Aujourd'hui, au contraire, la notion d'un « inconscient psychique « a définitivement pris place en Psychologie. Mais les arguments qu'on a fait valoir en sa faveur sont-ils tous également valables? Examinons-les.
«
perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j'ai coutume de me servir de l'exemple dumugissement ou du bruit de la mer dont on est frappé quand on est au rivage.
Pour entendre ce bruitcomme l'on fait, il faut bien qu'on entende les parties qui composent ce tout, c'est-à-dire les bruitsde chaque vague, quoique chacun de ces petits bruits ne se fasse connaître que dans l'assemblageconfus de tous les autres ensemble, c'est-à-dire dans ce mugissement même, et ne se remarqueraitpas si cette vague qui le fait était seule." Leibniz, Nouveaux Essais sur l'entendement humain
B.
— LE PRINCIPE DE CONTINUITÉ.
Il y a chez LEIBNIZ Un autre argument, d'ordre métaphysique, par lequel ilexplique, par exemple, que, dans un évanouissement, la conscience claire disparaisse.
« Tout état présent d'unesubstance simple, affirme-t-il, est naturellement une suite de son état précédent », et ainsi « une perception nesaurait venir naturellement que d'une autre perception...
Donc, ajoute-t-il, puisque réveillé de l'étourdissement ons'aperçoit de ses perceptions, il faut bien qu'on en ait eu immédiatement auparavant, quoiqu'on ne s'en soit pasaperçu » (Monadologie, § 22-23).
L'argument peut être présenté sous une forme plus empirique : la conscienceprésente des degrés; nous le constatons lorsque nous nous éveillons lentement et que nous passonsprogressivement d'une conscience sourde, encore assoupie, à une conscience de plus en plus claire; nous leconstatons aussi lorsque nous nous endormons et que notre conscience s'obscurcit peu à peu; pourquoi ne pasprolonger la série et ne pas supposer qu'au-dessous de cette conscience vague et confuse il y a encore de lasubconscience, puis de l'inconscient? — Mais cet argument repose sur un postulat de continuité qui ne s'imposenullement.
L'expérience montre que, dans les phénomènes de la vie, psychiques aussi bien que physiologiques, ilexiste des seuils, c'est-à-dire de la discontinuité.
C.
— LES ACTES AUTOMATIQUES.
On peut enfin alléguer certains actes automatiques qui s'effectuent apparemmentsans conscience, mais qui révèlent une adaptation, une finalité telles qu'il faut bien supposer à la base une sorte deconscience sourde.
C'est, au fond, l'argument de Bergson (cf.
conclusion du sujet précédent) quand il écrit : « Lareprésentation est bouchée par l'action.
» La conscience, ajoute-t-il, est « neutralisée par l'action » lorsque celle-ciremplit la représentation ».
Mais elle surgit dès que l'acte est arrêté par un obstacle : u Elle était donc là, conclut-il.L'obstacle n'a rien crée de positif; il a simplement fait un vide, il a pratiqué un débouchage.
» — Mais il serait facilede déceler ici aussi un postulat contestable, à savoir que la conscience est coextensive à la vie.
La thèse deBergson, admissible peut-être pour certains automatismes primaires tels que l'instinct, est bien discutable pour lesautomatismes acquis tels que l'habitude.
L'acquisition de l'habitude exige le plus souvent conscience et intelligence.Une fois l'habitude formée, la conscience disparaît.
Mais c'est qu'alors l'adaptation est réalisée; un automatismephysiologique, un ajustement des mouvements et des gestes suffit, et il ne paraît pas nécessaire de supposer ici uninconscient psychique, à moins de retomber dans le principe de continuité de Leibniz.
II.
Arguments valables.
Mais, si les arguments précédents sont discutables, d'autres paraissent recevables, qui nous conduiront d'ailleurs àune conception plus juste de l'inconscient psychique.
A.
— LE CAS DU RÊVE.
Il existe au moins un cas qui nous met en présence d'une activité incontestablementpsychique, se déroulant cependant en dehors de la conscience normale : c'est le cas du rêve.
Que le rêve soit denature psychique, personne ne le conteste plus aujourd'hui : il est même capable, dans une certaine mesure,d'invention et d'organisation.
Il n'en est pas moins vrai que le rêve par son indifférence aux formes de la consciencenormale : sens du réel, distinction du subjectif et de l'objectif, souci de logique, etc., représente une forme deconscience inférieure.
Que de fois nous arrive-t-il d'ailleurs de nous éveiller avec le sentiment que nous avons rêvéquelque chose, d'en conserver même une sorte de résonance affective, mais sans pouvoir nous rappeler quel était lecontenu de notre rêve! Nous avons alors l'impression d'un autre monde psychique qui existe en nous, en dehors denotre conscience claire.
On sait que la Psychanalyse a mis — peut-être exagérément — l'accent sur ce fait et queFreud a déclaré que le rêve est « la voie royale qui conduit à la connaissance de l'inconscient dans la vie mentale »..
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